En reconnaissance du travail de l'égyptologue français Jean-François Champollion dans le déchiffrement des hiéroglyphes, les deux obélisques érigés devant le temple de Louxor ont été offerts en 1830 au souverain français Charles X par le vice-roi d'Égypte Méhémet Ali. Mais seul l'un des deux monolithes de granite sculpté a été abattu et transporté vers l'Hexagone. Ce n'est qu'en 1981 que le président François Mitterrand a officiellement annoncé que la France renonçait de manière définitive à prendre possession du second obélisque, demeuré sur place, restituant de fait sa propriété à l'Égypte.

 

 

L'unique monolithe parvenu jusque sous nos latitudes a été érigé au centre de la place de la Concorde en 1836, remplaçant un monument en l'honneur de Louis XVI, décapité en ce même endroit lors de la Révolution Française. Édifice étranger à l'histoire nationale, l'obélisque avait alors aussi pour mission d'empêcher les querelles de mémoire et les tentatives d'appropriation par les différentes factions politiques. Le monument s'insère parfaitement dans l'axe historique de la capitale : du Louvre à l'Arche de La Défense en passant par le jardin des Tuileries, l'avenue des Champs-Élysées et l'Arc de Triomphe.

 

Granites égyptien et breton

 

 

Datant du XIIIe siècle avant notre ère, l'obélisque mesure 23 mètres de haut et pèse 222 tonnes, auxquelles il faut encore ajouter les 240 tonnes du piédestal. Ce dernier a été réalisé en cinq blocs de granite rose issus des carrières de l'Aber-Ildut, en Bretagne, et s'inscrit dans le cadre du réaménagement général de la place opéré au XIXe siècle. Deux de ses faces montrent le prélèvement, le transport et le remontage du monolithe, les deux autres portant une inscription rappelant le patronage du projet par Louis-Philippe et renvoyant à l'engagement égyptien de la France depuis Napoléon Ier.

 

L'obélisque, pour sa part, est constitué de granite rose pauvre en quartz provenant de Syène, l'actuelle Assouan, située à plus de 800 kilomètres au sud du Caire. Les quatre côtés du monolithe sont gravés de hiéroglyphes représentant des scènes d'offrandes à la gloire de Ramsès II, quand le sommet est surmonté d'un pointu et étincelant pyramidion de 3,60 mètres de haut.

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