JUSTICE. Après des années d'enquête, l'affaire financière autour de l'agence de l'architecte Jean Nouvel rebondit. Trois anciens proches de son cabinet seront jugés pour complicité d'abus de biens sociaux.
Nouveau rebondissement dans l'affaire qui concerne l'agence du plus célèbre architecte français. Trois personnes, dont deux anciens collaborateurs de Jean Nouvel, seront jugées au tribunal correctionnel de Paris notamment pour abus de confiance et complicité d'abus de biens sociaux, a indiqué le parquet à l'AFP le 30 juillet 2025. Ils sont soupçonnés d'avoir participé au détournement de fonds au préjudice de la société Ateliers Jean Nouvel (AJN).
Les faits commis se seraient produits entre 2007 et 2013. L'agence avait déposé plainte en 2014 contre l'ancien associé et ami d'enfance de Jean Nouvel, Michel Pelissié. Elle l'accuse d'avoir détourné des millions d'euros, à travers des montages financiers frauduleux et des complices dans la société. Michel Pelissié, longtemps président d'AJN, est décédé en 2022, ce qui a conduit à l'extinction de l'action publique le concernant.
Gérard Juteau, ancien directeur administratif et financier de la société AJN, et Maryline Brindejonc, ex-cheffe comptable d'AJN puis ex-directrice administrative et financière, ont, eux, été renvoyés en correctionnelle par le juge d'instruction par ordonnance du 16 juin. Sylvain Goulard, patron au moment des faits d'une société d'aménagement intérieur, devra également comparaître.
Que leur reproche-t-on ?
Ils seront tous trois jugés pour abus de confiance, complicité d'abus de biens sociaux et d'abus de confiance, recel d'abus de biens sociaux, faux et recel de faux. Gérard Juteau est accusé d'avoir détourné des fonds, valeurs ou biens à son profit ou à celui de Michel Pelissié, en "falsifiant ou en faisant falsifier non seulement la comptabilité mais également des factures afin de dissimuler l'ensemble de ces malversations", de 2009 à 2012.
Il est reproché à Maryline Brindejonc de s'être rendue complice, entre 2009 et 2013, des faits d'abus de biens sociaux commis par Michel Pelissié, et d'abus de confiance commis par Gérard Juteau, en "acceptant de tenir une comptabilité irrégulière voire en participant à la falsification de factures".
Quant à Sylvain Goulard, il est soupçonné d'avoir "sciemment recelé le produit des abus de biens sociaux commis par Michel Pelissié en encaissant notamment des fonds pour des travaux d'étude fictifs à Doha et à Abou Dhabi", entre 2007 et 2013.
Le fondateur de l'agence et célèbre architecte Jean Nouvel, prix Pritzker en 2008 et concepteur de l'Institut du monde arabe à Paris (1987), de la tour Agbar à Barcelone (2003), du musée du Quai Branly à Paris (2006), de la Philarmonie de Paris (2015) ou encore du Louvre Abou Dabi aux Émirats arabes unis (2017), a été entendu à plusieurs reprises dans cette affaire. Il a été placé sous le statut de témoin assisté, et a été dédouané par l'enquête.
En février, son cabinet avait affirmé à l'AFP qu'après la découverte des malversations, "Jean Nouvel, qui n'a jamais eu aucune responsabilité dans la gestion financière de la société, (avait) immédiatement déposé plainte du chef d'abus de confiance contre son ancien associé (Michel Pelissié) dont il était séparé depuis deux ans".