INFRASTRUCTURES. En cette fin d'année 2020, l'Etat multiplie les annonces pour impulser ou renforcer des travaux sur les ponts et les voies fluviales. Entre Programme national Ponts en deux volets, et mobilisation d'une enveloppe de 175 millions d'euros pour le fluvial, Batiactu fait le point.

Les ouvrages d'art ont longtemps été comme un peu oubliés dans les politiques d'infrastructure. Les voies fluviales, de leur côté, sont moins mises en avant, et le trafic y est bien moins développé que chez certains de nos voisins européens.

 

Pourtant, les uns comme les autres nécessitent aussi une attention particulière dans les politiques de surveillance, d'entretien, de rénovation et de modernisation. Le plan de relance de l'économie leur donne en tout cas un coup de projecteur bienvenu, et surtout un soutien pour développer des projets et des travaux.

 

Aide aux petites communes

 

L'effondrement du viaduc de Gênes, en Italie, en août 2018, a cruellement fait surgir ce besoin concernant les ponts. Et les constats qui s'en sont suivis, principalement celui effectué par le Sénat en juin 2019, étaient des plus alarmants : environ 25.000 ouvrages sur le territoire sont en très mauvais état, soit 10% du parc national. Dans les collectivités locales, où l'inventaire lui-même du nombre de ponts est difficile à faire, ce taux peut atteindre 18 à 20%.

 

Il a fallu attendre le 15 décembre 2020 pour que le Gouvernement annonce une première mesure, qui doit participer à renverser la situation. Une enveloppe de 40 millions d'euros d'aides en ingénierie, à destination des petites communes, sera mise en place dans le cadre du plan de relance en 2021, pour les aider tout d'abord à mieux connaître leur patrimoine et procéder à une première évaluation.

 

Passant par l'Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT), cette aide mobilisera les moyens du Cerema, qui a donné quelques informations complémentaires de ce programme de recensement et d'évaluation, qui constitue en réalité le premier volet d'un "programme national Ponts".

 

 

28.000 communes accompagnées et un carnet de santé

 

Dans cette première partie, l'ANCT et le Cerema accompagneront ainsi 28.000 petites communes, qui seront contactées par les préfets de département début 2021. Un carnet de santé des ouvrages sera élaboré, et remis aux collectivités pour assurer le suivi de leur patrimoine. Une idée que les professionnels, notamment le Strres - Syndicat national des entrepreneurs spécialistes de travaux de réparation et de renforcement des structures - et son président, Christian Tridon, appellent de leurs vœux depuis plusieurs années maintenant.

 

Deuxième acte de ce programme national : le recensement et l'évaluation approfondie des ouvrages les plus sensibles. Ce qui permettra également d'avoir une vision nationale du patrimoine, mal connu, des petites communes. Des bureaux d'études privés seront sollicités par le Cerema afin de réaliser les visites nécessaires.

 

90 projets fluviaux financés en 2021

 

Le plan de relance va aussi soutenir le développement de projets sur les voies fluviales. Pour cela, une enveloppe de 175 millions d'euros sur deux ans sera mobilisée. Dont environ 40 millions d'euros pour le développement du transport et de la logistique, autant pour les actions menées en faveur e la gestion hydrauliques, de la sécurité des ouvrages et la préservation de la biodiversité, ou encore près de 60 millions d'euros pour l'aménagement et le développement des territoires.

 

Avec le plan de relance, en plus des moyens supplémentaires accordés à ces infrastructures dans le cadre de la loi d'orientation des mobilités, près de 300 millions d'euros en 2021, puis en 2022, pourront ainsi être consacrés à la régénération et à la modernisation du réseau fluvial. Pour 2021, le conseil d'administration de Voies navigables de France (VNF) a décidé d'engager, le 16 décembre 2020, 80 millions d'euros supplémentaires.

 

Environ 90 opérations seront ainsi financées en 2021. Parmi elles, le confortement de l'écluse secondaire d'Ablon (Ile-de-France), la réhabilitation de l'écluse d'Amfreville (Normandie), la restauration des digues à Chagny (Bourgogne-Franche-Comté) ou celles de Saint-Satur (Centre-Val-de-Loire), ou encore la restauration du barrage réservoir de Bouzey (Grand Est) et le confortement des berges sur les canaux de la Deûle et de Neufossé (Hauts-de-France). Des opérations très diverses donc.

 

Développer l'innovation avec un appel à projets

 

Dernière partie de ce programme : un appel à projets baptisé Ponts connectés, toujours piloté par le Cerema, lancé le 16 décembre 2020. "Le vieillissement de ce patrimoine, soumis à des environnements agressifs et des évolutions d'usages, engage à penser autrement son entretien et sa gestion pour assurer la sécurité des personnes et maintenir l'état fonctionnel de chaque ouvrage", fait valoir l'établissement public.

 

Aussi est-il nécessaire, pour s'adapter à ces évolutions, de "développer l'innovation et accompagner la transformation numérique du patrimoine". L'appel à projets vise ainsi à soutenir les centres de recherches et entreprises qui travaillent sur des nouvelles solutions, alors que "les dernières innovations en matière d'instrumentation, télécommunication, traitement de données et intelligence artificielles" offrent de nouvelles perspectives pour compléter les inspections visuelles classiques.

 

 

Expérimentations jusqu'à fin novembre 2023 maximum

 

Le but est de proposer aux gestionnaires d'infrastructure des solutions certes innovantes, mais surtout pratiques, performantes, et peu onéreuses pour la surveillance et la gestion de leurs ouvrages, pour faciliter leur diffusion. Les systèmes ou méthodes peu vulnérables aux intempéries ou au vieillissement, économes en énergie, certifiables, permettant des détections d'anomalie largement automatisées ou instrumentation permettant un suivi de long terme des ouvrages seront l'objet d'une attention particulière.

 

L'appel à projets permettra aux lauréats d'expérimenter leurs solutions sur des ouvrages de l'Etat ou de collectivités locales. Les candidats ont, pour cela, jusqu'au 14 février 2021, 12h, pour déposer leur dossier. Les porteurs de projets présélectionnés seront ensuite auditionnés les 15 et 16 mars 2021. Les projets retenus seront connus un mois plus tard. Ils se déploieront ensuite jusqu'au 30 novembre 2023 au plus tard, date de réception de l'ensemble des livrables.

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