INTERNATIONAL. Deux ans après l'effondrement du viaduc Morandi, un nouvel ouvrage conçu par Renzo Piano a été inauguré début août au-dessus du Val Polcevera. Retour sur ces deux années de reconstruction pour la ville de Gênes.

C'était il y a presque deux ans. Le 14 août 2018, au cœur de l'été, un tronçon du viaduc Morandi, ouvrage autoroutier surplombant la ville de Gênes, s'effondrait, entraînant la mort de 43 personnes. L'entretien et les problèmes structurels de ce pont en béton armé précontraint et béton armé ordinaire, inauguré en 1967 et géré par Aspi (groupe Atlantia), est rapidement mis en cause.

 

Le drame a suscité un vif émoi bien au-delà des frontières italiennes. En France, le débat sur l'entretien de nos propres ouvrages d'art, sujet sur lequel alertent depuis longtemps les professionnels, occupe alors de nombreuses discussions. L'Etat publie des données sur l'état des infrastructures du réseau national, le Sénat enquête et fait des propositions pour lancer un grand plan Marshall, etc. Mais malgré la prise de conscience qui semblait émerger, les actes peinent à se concrétiser.

 

Le choix d'un nouvel ouvrage conçu par Renzo Piano


En Italie, très vite après la catastrophe se pose la question de la reconstruction de l'infrastructure, sur un axe autoroutier stratégique pour la région, ou de la réalisation d'un nouvel ouvrage. C'est cette deuxième option qui est privilégiée. L'opération sera confiée à un établissement public, mais sera intégralement financée par le gestionnaire.

 

L'architecte Renzo Piano, originaire de la région, propose de concevoir gracieusement un nouveau pont pour remplacer le viaduc Morandi. Il dessine un ouvrage blanc, profilé, en forme de carène de bateau et surmonté de 43 antennes lumineuses, pour rendre hommage à l'histoire maritime de la ville et aux victimes de l'effondrement.

 

Démantèlement et reconstruction

 

Avant de reconstruire, il faut démanteler l'ancien ouvrage. L'opération, délicate, est réalisée au cours du premier semestre 2019.

 

Place ensuite à la reconstruction. C'est un groupement d'entreprises comprenant Salini-Impregilo (rebaptisé Webuild récemment), Fincantieri et ItalFerr qui est est choisi pour bâtir le nouvel ouvrage, dont le coût est estimé à 200M€. Si le maire de Gênes avait espéré une ouverture fin 2019, il a fallu plus de temps que prévu. Malgré la crise sanitaire, qui a durement touché l'Italie, le chantier s'est poursuivi. Le dernier tronçon a ainsi été posé le 28 avril. Fin juin, une première voiture a emprunté ce nouveau pont.

 

Il ne restait plus qu'a effectué les finitions et a terminé l'installation des panneaux photovoltaïques qui doivent assurer l'autonomie énergétique de l'ouvrage. Celui-ci, baptisé San Giorgio a été inauguré début août, en grande pompe. Moins de deux ans après le drame, Gênes se relève, sans oublier.

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