Le juge du Tribunal de grande instance (TGI) a confirmé ce lundi après-midi l'expulsion réclamée par le groupe de BTP Vinci, de onze familles et quatre agriculteurs qui vivent sur la zone de 2.000 hectares dédiée au projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.

Le juge de l'expropriation du tribunal de grande instance de Nantes a rendu, ce lundi 25 janvier en début d'après-midi, une décision confirmant l'expulsion, réclamée par le groupe de BTP, des derniers occupants "historiques" des terrains prévus pour accueillir le futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, sans l'assortir d'astreinte financière.

 

Deux mois de délai pour les familles, aucun pour les agriculteurs

 

Au total, onze familles et quatre agriculteurs, opposants historiques au projet d'aéroport, sont concernés par ces expulsions. Huit des onze familles se sont vues accorder un délai de deux mois, courant jusqu'au 26 mars 2016, a ajouté Pierre Gramaize, le juge de l'expropriation en annonçant sa décision. En revanche, "l'évacuation peut commencer pour les exploitations agricoles" et pour "les familles non concernées par le délai", a indiqué le magistrat.

 

Rappelons que lors d'une audience en référé, le 13 janvier 2016, Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale du groupe Vinci et concessionnaire du site, avait demandé l'expulsion immédiate de ces personnes opposantes qui vivent sur la zone de 2.000 hectares dédiée au projet. Suspendus depuis 2012, les marchés publics relatifs au démarrage des travaux du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont en fait été relancés le vendredi 30 octobre dernier par la préfecture de la Loire-Atlantique. A ce jour, la préfecture reste droite dans ses bottes. D'autant plus que le Premier ministre avait affirmé le 20 octobre 2015 que les travaux allaient reprendre, après le rejet le 17 juillet des recours déposés contre les arrêtés autorisant les travaux. Et bien de marteler le même jour : "La décision du tribunal est donc d'application immédiate et le projet va donc pouvoir se poursuivre normalement."

 

De son côté, le Pdg de Vinci, Xavier Huillard, restait clair sur cet immense projet au cours d'une présentation de stratégie, le 21 janvier dernier : "Nous sommes aux ordres des autorités. Mais nous sommes prêts ! "

 

A noter également qu'un important dispositif de forces de l'ordre était présent ce lundi autour du palais de justice de Nantes devant lequel étaient rassemblés plusieurs centaines d'opposants à l'aéroport, venus en soutien aux familles et exploitants expulsés, qui ont accueilli le jugement aux cris de: "On ne lâche rien!"

"La Justice a parlé, c'est désormais à l'Etat d'agir"

S'exprimant au mégaphone devant les opposants, dont certains grimés en clown, Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, principale association d'opposants au projet d'aéroport, a supplié le président de la République : "(François) Hollande, parle enfin, avant que l'irréparable se fasse à Notre-Dame-des-Landes! C'est cette semaine que tu dois prendre la parole!" L'avocat des expulsables s'est néanmoins réjoui de la décision : "Ils ont gagné deux mois. Après, l'État fera face à ses responsabilités", a déclaré Me Erwan Le Moigne. "C'est uniquement sur des mesures d'appel à la force publique que ces expulsions pourront se faire et non par la pression financière."

 

Par ailleurs, le Parti de Gauche, par la voix de la secrétaire nationale à l'écologie Martine Billard, a dénoncé cette décision dans un communiqué. En revanche, Bruno Retailleau, président de la région Pays-de-La-Loire s'en est félicité : " La Justice a parlé, c'est désormais à l'Etat d'agir. C'est pourquoi je demande que l'Etat procède rapidement au lancement des travaux, avec un calendrier précis : désormais, plus rien ne s'y oppose ; à l'évacuation de la ZAD : il est illusoire de penser que des travaux éloignés de la ZAD, sur la desserte routière par exemple, ne rencontreront aucune opposition."

 

 

Avant de conclure: "Les zadistes sont absolument déterminés et aucune entreprise privée n'acceptera de travailler sur le chantier s'il reste des poches de contestation. C'est une vue de l'esprit que de penser pouvoir découpler les travaux de l'évacuation de la ZAD. Je demande donc à l'Etat de se dévoiler et de transformer cette opportunité judiciaire en décision politique."

 


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