CHANTIER. Encore un revers pour EDF dans le dossier Hinkley Point : les futurs réacteurs nucléaires EPR qui doivent être construits en Angleterre accusent un nouveau retard, lequel engendre par ricochet des coûts supplémentaires. La facture finale est dorénavant estimée à pas moins de 25 milliards d'euros.

Et un de plus. Ce 27 janvier 2021, EDF a annoncé par voie de communiqué un nouveau retard pour son projet Hinkley Point C (HPC) : les deux EPR (réacteurs nucléaires à eau pressurisée de nouvelle génération) qui doivent sortir de terre à proximité de la ville de Bridgwater, en Angleterre, voient donc une nouvelle fois leurs délais, et par ricochet leurs coûts, s'envoler. Certes, l'énergéticien national souligne que le chantier "a progressé de façon significative en 2020", aussi bien au niveau des opérations sur site qu'au niveau des "plans d'exécution du design" et de la "fabrication des équipements". Mais, comme ailleurs, la crise sanitaire et économique du Covid-19 est passée par là, et la dernière évaluation menée par le groupe conclut que des nouveaux retard et surcoût sont inévitables : "Le début de production d'électricité par l'unité 1 est à présent prévu en juin 2026 au lieu de fin 2025, comme annoncé initialement en 2016 [lors de la validation du projet, ndlr]. Les coûts à terminaison du projet sont désormais estimés entre 22 et 23 milliards de livres sterling 2015 (soit environ 25,5 milliards d'euros)."

 

 

Des discussions entre le gouvernement britannique et EDF sur une nouvelle centrale

 

Étant entendu que les informations communiquées ce jour par EDF sont a fortiori basées "sur l'hypothèse d'un retour progressif à des conditions normales de chantier à compter du deuxième trimestre 2021", ce qui n'est pas encore gagné au vu de l'évolution de la pandémie, notamment outre-Manche. Cette énième mauvaise nouvelle vient encore plomber le taux de rentabilité prévisionnel (TRI) de l'électricien national : alors que la précédente évaluation avait tablé sur un taux compris entre 7,6 et 7,8%, la ré-estimation de ce mois de janvier 2021 le fait reculer à 7,1/7,2%. "Le risque de report de la livraison des unités 1 et 2 est maintenu à respectivement 15 et 9 mois. La réalisation de ce risque induirait un coût supplémentaire potentiel de l'ordre de 0,7 milliard de livres sterling 2015 (environ 800 millions d'euros). Dans cette hypothèse, le TRI pour EDF serait diminué de 0,3%", explique le groupe à ce sujet. Pour l'heure, ses équipes sont mobilisées pour effectuer la pose du dôme du premier réacteur "fin 2022".

 

 

En novembre 2020, EDF avait déjà annoncé l'arrêt prochain de son site Hinkley Point B, situé dans le comté de Somerset, dans le sud-ouest de l'Angleterre, et qui compte également deux réacteurs, en service depuis 1976. Cette fermeture se fera "de manière anticipée, d'ici à juillet 2022", selon BFM Business et l'AFP. Le projet de HPC est donc censé prendre en quelque sorte le relais, mais le chantier ne cesse de cumuler les mauvaises nouvelles depuis son lancement. Pour rappel, la maîtrise d'ouvrage du projet est donc assurée par EDF, tandis que son partenaire chinois CGN "détient un tiers du projet". Les difficultés rencontrées par l'énergéticien français ne semblent toutefois pas avoir refroidi le gouvernement britannique, qui a indiqué en décembre dernier discuter avec le groupe de "la construction d'une nouvelle centrale nucléaire dans le Suffolk, sur la côte est de l'Angleterre".

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