NUCLÉAIRE. Dans un rapport consacré à la filière des réacteurs européens à eau pressurisée (EPR), la Cour des comptes épingle les "dérives de coûts et de délais considérables" du projet de Flamanville, dans la Manche. Et recommande à EDF, Framatome et aux pouvoirs publics de revoir la conduite des chantiers et de mieux préparer les futures décisions en la matière.


On le savait, la Cour des comptes le confirme : le projet de réacteur nucléaire européen à eau pressurisée (EPR) de Flamanville, dans la Manche, est un véritable fiasco. L'institution napoléonienne de la rue Cambon a en effet consacré un rapport à la filière de ces réacteurs atomiques, résultante d'une coopération franco-allemande amorcée en 1989. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la situation s'est progressivement dégradée : après que l'Allemagne se soit retirée du projet en 1998, c'est le groupe Areva qui, deux ans plus tard, a souhaité proposer des commercialisations d'EPR "clé en main", s'opposant de fait à EDF qui, en tant qu'énergéticien national, voulait piloter cette filière du "nouveau nucléaire", aussi bien en France qu'à l'international.

 

 

"Les rivalités entre ces deux groupes publics, non arbitrées à l'époque, se sont traduites par le lancement précipité des chantiers des deux premiers EPR, en Finlande et à Flamanville", rappelle la Cour des comptes. "Cette préparation insuffisante a conduit à sous-estimer les difficultés et les coûts de construction, qui ont dérivé, et à surestimer la capacité de la filière nucléaire française à y faire face, au prix de risques financiers pour les entreprises du secteur", ajoute-t-elle.

 

Car le coût de construction a tout de même été multiplié par 3,3, pour finalement atteindre, d'après une estimation d'EDF, les 12,4 milliards d'euros. De son côté, le délai de mise en service de la centrale a été multiplié par 3,5. Des chiffres qui constituent "une dérive considérable" aux yeux des Sages, qui n'y vont pas avec le dos de la cuillère : pour eux, l'aggravation de la situation "résulte d'estimations de départ irréalistes, d'une mauvaise organisation de la réalisation du projet par EDF, d'un manque de vigilance des autorités de tutelle et d'une méconnaissance de la perte de compétence technique des industriels de la filière". Et de préciser que Framatome, anciennement Areva-NP, et les autres fournisseurs d'EDF ne sont généralement pas parvenus à honorer la qualité technique qui était exigée par l'électricien national, provoquant de fait des problèmes techniques et organisationnels sur ces chantiers colossaux.
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