URBANISME. Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires demande aux préfets de travailler avec les élus locaux sur des adaptations locales des réglementations en matière d'urbanisme afin de prévenir les feux de forêts. La France entière est concernée par cette décision alors que canicules et sécheresses se multiplient, favorisant les départs de flammes.

Prendre en compte le risque de feux de forêts dans les nouvelles règles d'urbanisme : c'est ce qu'a demandé le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, aux préfets ainsi qu'aux élus locaux. Cette concertation doit permettre de prévenir les feux de végétation alors que canicules et sécheresses se multiplient et favorisent les départs de flammes.

 

 

"Les feux qui ont frappé le territoire national au cours de l'été 2022 ont été d'une ampleur exceptionnelle en comparaison avec les années précédentes, avec de nombreux feux simultanés et 72.000 hectares brûlés, dont 10.000 hectares de végétation", explique-t-on à l'hôtel de Roquelaure. "Ces feux sont amplifiés par le réchauffement climatique mais ils restent pour l'essentiel (9 feux sur 10) d'origine humaine. Et ils naissent dans 80% des cas à l'interface entre la ville et la nature, là où se déroulent les activités humaines."

 

80% des feux partent à l'interface entre ville et nature

 

Un triste constat qui motive donc des réglementations urbanistiques localement adaptées pour répondre au mieux aux besoins de chaque territoire. Car les feux représentent un danger aussi bien pour les habitations que pour les infrastructures, les biens privés et les équipements publics.

 

Le 28 octobre 2022, Emmanuel Macron avait annoncé la mise en place d'une "carte nationale (incluant la Corse) de sensibilité aux feux de forêt et de végétation" recensant les zones particulièrement exposées au risque d'incendie. Celle-ci doit désormais être portée à la connaissance des élus locaux, agrémentée de recommandations pour les aider à intégrer ces informations dans leurs décisions d'aménagement du territoire et d'urbanisme.

 

Une carte, des recommandations et des "dispositions-types"

 

La carte a été "établie à partir d'une méthode mathématique et probabiliste et d'outils d'intelligence artificielle" et "intègre les informations d'images satellitaires décrivant la végétation (type et état de la végétation), l'occupation des sols par des équipements susceptibles d'être à l'origine d'un feu par une probabilité plus forte (infrastructures de transport, lignes électriques aériennes, bâti) ainsi que de données décrivant le climat et le relief", détaille le ministère.

 

L'exécutif ajoute que "la carte est représentative d'une saison de feux en situation actuelle et de court terme, et peut être lue et utilisée jusqu'à l'échelle des mailles de 50 mètres". Au final, elle fournit une probabilité que les territoires soient impactés par un incendie de plus de 20 hectares, basée sur "un maillage régulier comportant plus de 221 millions de mailles de 50 mètres de côté".

 

En cette fin juillet, Christophe Béchu a signé une circulaire demandant aux préfets de mettre tous ces éléments à la disposition des élus compétents en matière d'urbanisme, ainsi que "des dispositions-types" à insérer dans les règlements d'urbanisme. "J'ai souhaité que dans les prochaines semaines, les préfets puissent proposer un temps d'échange aux maires sur l'usage qui peut être fait de la carte en fonction de l'exposition, des enjeux et des spécificités de chaque territoire", a assuré le ministre.

 

Nombreuses actions

 

 

En amont de la période estivale, et alors que les feux consument de nombreuses terres sur le pourtour méditerranéen, les pouvoirs publics ont clairement mis l'accent sur le risque incendie. Une campagne d'information sur les obligations légales de débroussaillement a été lancée en mars auprès de 2,3 millions de riverains d'espaces forestiers, tandis qu'une autre a été initiée pour sensibiliser sur les bons réflexes à adopter pour éviter un feu ou y faire face s'il est déjà déclenché.

 

Une "météo des forêts" a par ailleurs été mise en place depuis le 1er juin dernier et une proposition de loi visant à renforcer la prévention et la lutte contre l'intensification et l'extension du risque incendie a été adoptée par le Parlement et publiée le 11 juillet dernier. "Elle complète l'ensemble des outils existants, en particulier les plans de prévention des risques naturels prévisibles d'incendies de forêts qu'élaborent les préfets", abonde Christophe Béchu.

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