PROFESSION. Alors que la plateforme nationale du Grand débat ne reçoit plus de contributions depuis le 15 mars, le Conseil national de l'ordre des architectes - qui a répliqué la démarche auprès de ses membres - a rendu public ses 155 propositions, qui synthétisent les 1.500 contributions reçues.

Les contributions écrites au Grand débat se sont closes ce vendredi 15 mars 2019, tout comme celles des architectes, qui pouvaient s'exprimer sur la plateforme du Conseil national de l'Ordre des architectes depuis le 8 février. Des 1.500 contributions reçues, les principales demandes de la profession consistent « à faire du logement une priorité nationale », « lutter contre l'habitat insalubre », « garantir des marchés publics exemplaires » ou « réglementer plus efficacement le foncier public ».

 

« C'est dès le plus jeune âge que l'on doit réapprendre l'art d'habiter, ce qui permettra de mieux redéfinir notre projet social à la ville et à la campagne », « un isolant biosourcé doit être beaucoup moins cher qu'un isolant sale », « le concours, la meilleure solution pour choisir architecte et architecture »… voici, pêle-mêle, les doléances et réflexions des architectes par le biais de la plateforme du Cnoa.

 

Parmi plus d'un millier de réponses, remontent régulièrement les sujets de l'habitat, du financement de la transition écologique, d'un aménagement plus vertueux et d'une sensibilisation accrue des publics à la question du cadre de vie. Les maîtres d'œuvre avancent également certaines propositions pour faire évoluer leur profession, et gagner en reconnaissance.

 

Rôle central de l'architecte

 

Habiter, financer, aménager, participer : ces quatre thèmes ont orienté les quelques 150 propositions de l'Ordre. Ce dernier appelle en premier lieu, comme il l'a fait lors de l'élaboration de la loi Elan, à « faire du logement une priorité nationale ». Une focalisation des moyens qui se caractériserait par un soutien à la qualité, la densité, la mixité, l'évolutivité ou encore l'adaptabilité de l'habitat. Cette quête de qualité dans le logement s'accompagnerait d'une accélération des opérations de rénovation, où l'architecte jouerait un rôle plus important.

 

La question du rôle de l'architecte est régulièrement citée dans les propositions, comme de le rendre « incontournable dans les programmes d'amélioration de l'habitat », « redéfinir les missions de maîtrise d'œuvre, leurs contenus et les honoraires correspondants », « généraliser le concours d'architecture pour les constructions publiques ».

 

Alors que les démonstrations de colère des gilets jaunes démontrent l'importance de la fracture territoriale, les architectes se veulent également force de proposition sur la question de l'aménagement et du dialogue entre territoires. Le Cnoa appelle par exemple à « créer des mécanismes de solidarité entre métropoles et villes moyennes en attirant les investissements privés sur les territoires délaissés ».

 

Fin de l'artificialisation des sols

 

L'aménagement du territoire revêt également une dimension environnementale pour les architectes qui proposent la mise en place d'un « bonus-malus sur la taxe foncière » au détriment de l'étalement urbain, qui déboucherait à court terme sur « l'arrêt total de la construction neuve sur un terrain vierge ».

 

Pour éviter que la transition écologique ne soit un deux poids deux mesures qui exclurait les foyers modestes, le Cnoa appelle à déployer une large palette de financements par des aides nouvelles à la rénovation énergétique, un retour de l'action publique qui pourrait « geler le prix des sols » et « déconnecter le prix du terrain de celui du bâti ». Cela passe aussi par une fiscalité plus incitative, qui motiverait au recours à un architecte grâce à une TVA réduite à 5,5 %, mais plus contraignante à l'égard des plus-values ou niches immobilières.

 

Pour ouvrir le dialogue avec les citoyens, la corporation appelle à multiplier les initiatives qui permettent d'intégrer les habitants à des projets d'aménagement. Cela serait rendu possible par la création d'ateliers « de collectifs d'architectes et de citoyens », d'une plus grande sensibilisation à « la procédure de l'enquête publique », jusqu'à associer les habitants « aux commissions d'attribution des marchés de maîtrise d'œuvre ».

 

Pour les architectes, l'opportunité du Grand débat national peut aussi ouvrir la porte aux évolutions du métier d'architecte, qui ne serait plus cantonné qu'à une formation ad hoc mais à toute autre formation traitant du cadre de vie. Et qui serait enseignée avant le niveau d'enseignement supérieur.

 

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