PAROLES D'ARCHITECTES. Entre érosion des honoraires, complexification des marchés publics et perte d'influence dans la commande, les architectes font face à de nombreux enjeux. Denis Dessus, qui a dirigé l'Ordre national de 2017 à 2021, décrypte pour Batiactu les ressorts de cette fragilisation.
Architecte DPLG installé à Privas (Ardèche), fondateur d'une agence à son nom et ancien président du Conseil national de l'Ordre des architectes (2017-2021), Denis Dessus n'a de cesse de défendre la place de sa profession dans la société. À l'été 2025, il publie une tribune, adressée à Batiactu, dénonçant la dégradation continue des conditions d'exercice des architectes en France. Nous revenons, avec lui, sur les principaux enjeux soulevés par ce texte.
Dans votre tribune, vous dénoncez "l'apparente 'stabilité'" du revenu annuel des architectes depuis près de 20 ans et parlait d'une "érosion vertigineuse de 30% en euros constants". Appelez-vous à revoir la rémunération des architectes ?
Denis Dessus : On s'aperçoit qu'il y a un effritement très important des revenus en euros constants au sein de la profession. Le phénomène est inversé à l'échelle européenne, nous sommes donc en présence d'un problème français. La situation économique et les conditions de la production architecturale se sont dégradées. J'ai pu lire que la baisse des revenus s'expliquerait par une plus grande féminisation de la profession. Or, la répartition socio-démographique de la profession est un autre sujet, qui n'a aucun lien avec la masse de la commande et le montant global d'honoraires engendré par les missions effectuées par la profession. J'ai donc essayé d'analyser pourquoi, en France, la profession, dans son ensemble, voit ses revenus et ses conditions d'exercice se dégrader. Les causes sont plurielles.Quelles sont-elles ?
Le revenu annuel moyen des architectes repose sur les marchés passés par la maîtrise d'œuvre, les missions et rémunérations correspondantes. Ces contrats sont de plus en plus déséquilibrés au profit de la maîtrise d'ouvrage, notamment à cause de l'évolution légale et réglementaire.La loi Elan a, par exemple, démantelé une partie de la loi Mop (relative à la maîtrise d'ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d'œuvre privée) en exemptant la production du logement social de l'obligation de concours. Les procédures de passation de marchés sont de plus en plus borderline, beaucoup sont
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