CONGRES. A la veille de l'ouverture de son 79e congrès annuel à Marseille, l'Union sociale pour l'habitat se prépare à (ré)envoyer quelques messages d'alerte au gouvernement, dans un contexte de ratification de la loi Elan et du début d'examen du projet de loi de Finances 2019.

Du 9 au 11 octobre, l'Union sociale pour l'habitat (USH) tiendra son 79e congrès annuel à Marseille, préfecture des Bouches-du-Rhône. Le secteur du logement social aura de quoi occuper ses journées de débats, d'échanges et de réflexions : la loi portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique (Elan) vient d'être adoptée à l'Assemblée nationale après avoir trouvé un accord en commission mixte paritaire, et ce sera prochainement au tour du projet de loi de Finances pour l'année 2019 (PLF 2019) d'être examiné par les parlementaires et, dans la foulée, vraisemblablement adopté. Dans ce contexte très particulier, où l'exécutif demande au monde HLM de se restructurer et de réduire ses coûts, nul doute que l'USH, qui agglomère 720 organismes, aura des messages à faire passer au gouvernement, voire à lui répéter.

 

"Hélas, comme nous le craignions, les mesures budgétaires impactent directement la production de logements sociaux, qui devrait encore perdre au moins 5% en 2018, après une baisse de 8% en 2017", détaille Marianne Louis, directrice générale de l'USH, à Batiactu. Des chiffres en contradiction avec le "choc de l'offre" voulu par le président de la République : "Il y a un sentiment d'énervement, de colère. Mais on ne peut pas se contenter de dénoncer, il faut aussi pouvoir se projeter dans l'avenir. Ce sera le cas durant le congrès, avec un grand nombre de sujets très concrets qui vont être abordés : au-delà des questions budgétaires, nous allons aussi parler du renouvellement des quartiers, des loyers et des charges, du vieillissement de la population, des locataires étudiants…".

 

"Le problème, c'est que la politique du logement est dictée par Bercy"

 

Autant de thématiques qui concernent le quotidien des bailleurs sociaux et de leurs locataires. Rappelant que plus de deux millions de demandes ont été enregistrées en 2018 à l'échelle nationale, Marianne Louis espère que l'exécutif reverra sa copie du PLF 2019 : "Le problème, c'est que la politique du logement est dictée par Bercy [ministère de l'Economie et des Finances, NDLR]. Le message que l'on veut adresser au gouvernement, c'est qu'il faut savoir quand une décision budgétaire est contre-performante, et il faut savoir revenir dessus". Une prise de position que l'USH pourra transmettre aux différents représentants du gouvernement qui se rendront sur son congrès, notamment Julien Denormandie (secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires) et Jacques Mézard (ministre de la Cohésion des territoires), qui interviendront respectivement jeudi matin et jeudi après-midi. "Il faut s'adapter au réel", ajoute Marianne Louis. "Le budget actuel n'est pas adapté à la réalité sociale du pays."

 

Procivis veut suivre le mouvement post-Elan

 

 

En dépit de certains désaccords persistants, d'autres se montrent décidés à suivre le rythme impulsé par la politique gouvernementale, à l'image du réseau immobilier Procivis. Dans un communiqué, l'organisation explique avoir "anticipé le vote du projet de loi Elan en annonçant la création d'un groupe HLM [intitulé] "Procivis logement social", réunissant des organismes contrôlés directement par le réseau dans une logique de mutualisation et de respect des territoires". Le réseau immobilier reconnaît que la loi logement récemment adoptée par les députés "facilite indéniablement l'acte de construction ; toutefois, l'essoufflement de l'immobilier neuf nécessiterait une réaction forte dans le PLF 2019", rejoignant par là une demande de l'USH. "Bien que cette question ne soit pas nouvelle, il nous apparaît cette année, peut-être plus encore, que la promotion du parcours résidentiel de nos concitoyens et la prise en compte de cette dimension dans les politiques du logement soient placées au cœur des réflexions sur l'avenir du logement social", souligne le président de Procivis UES-AP, Yannick Borde. "Nous réitèrerons notre demande de rétablissement de l'APL accession lors du congrès, notamment pour permettre à des milliers de familles de sortir du parc HLM, et ainsi permettre à de nouvelles familles d'y avoir accès."

 

Dans les faits, le réseau ambitionne de consolider son offre à destination des primo-accédants sociaux, et annonce sa volonté d'investir dans le logement intermédiaire, ce qui se traduira entre autres par la création d'une foncière consacrée à ce segment du marché immobilier. En outre, Procivis mise sur ses filiales de services pour faciliter la vente HLM et accompagner le passage su statut de locataire à celui de copropriétaire. Enfin, le réseau mettra à profit le congrès de l'USH pour y signer un accord tripartite avec Jacques Mézard, Julien Denormandie et Valérie Mancret-Taylor (directrice générale de l'Agence nationale de l'habitat) : via cette convention, Procivis s'engagera à doubler ses "missions sociales" et à les consacrer en priorité à la gestion et au financement de copropriétés fragiles et en difficulté.

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