Dans l'immense majorité des cas, les clients sont assez voire très satisfaits du résultat final (91 %) et du travail des entreprises (83 %). Des marges de progrès sur les prestations demeurent possibles, comme l'analysent les sociologues : "La non satisfaction varie entre 11 % et 22 % sur l'ensemble des critères. Le respect des délais des travaux est la source la plus importante". D'autres clients regrettent de ne pas avoir bénéficié d'un accompagnement plus complet de leur chantier par le maître d'œuvre, tout en soulignant l'implication des experts énergie (EDF/Electricité de Strasbourg) qui prenaient alors la relève. Les questions de coût total des prestations ou d'adéquation devis-facture ne semblent pas avoir été problématiques, avec moins de 15 % d'insatisfaits.

 

 

Quant à l'évolution des comportements une fois le logis réhabilité, elle apparaît peu évidente. Les occupants se déclarent toujours aussi attentifs aux problèmes écologiques et environnementaux, et ils sont 43 % à dire qu'ils portent même davantage d'attention à leur consommation d'énergie. Attention toutefois à l'effet rebond et l'adoption de tendances "expansives" : 44 % des répondants admettent être moins soucieux face à l'ouverture des fenêtres qu'auparavant…

 

Et du côté des pratiques professionnelles, quelles évolutions ?

 

Si les ménages considèrent leur participation au programme JRBBC comme une réussite dans l'ensemble, quelle est l'opinion des professionnels ? Retirent-ils des bénéfices de cette expérience ? Une étude a été menée cette fois auprès de 15 d'entre eux (maîtres d'œuvre, bureaux d'études, artisans et entrepreneurs) afin de connaître leurs motivations et les éventuelles critiques du dispositif. Les acteurs interrogés ont tout d'abord mentionné quatre principaux point d'entrée à JRBBC : leur sensibilité à la thématique de la rénovation énergétique, les conseils et le soutien de la filière, les demandes répétées de clients et enfin, l'opportunisme commercial pur.

 

Sur leur activité, les professionnels ne partagent pas la même vision de JRBBC. Certains estiment avoir développé des savoir-faire nouveaux quand d'autres pensent avoir mis en pratique des connaissances qu'ils possédaient déjà. Le rapport détaille : "Pour les artisans et les entreprises générales, le programme est perçu avant tout comme un outil les amenant à monter en compétences et à s'engager dans un processus d'amélioration de leurs pratiques". Chez les architectes, les retours d'expériences sont plus nuancés : certaines agences pointent un rôle positif du programme quand d'autres jugent superflus certains dispositifs comme le contrôle de leur travail via le test d'étanchéité à l'air. Pour les maîtres d'œuvre et bureaux d'études enfin, l'opinion est unanimement positive. "Cela tient au fait que le programme permet à ces acteurs d'accéder, dans les relations avec les différentes professions du bâtiment, à une position plus centrale et plus valorisée qu'à l'accoutumée", notent les sociologues.

 

Meilleure coordination entre tous les intervenants sur le chantier

 

 

Sur le fond du programme, une majorité d'acteurs s'accordent à dire qu'une rénovation BBC réussie demande un surcroît de travail. Selon le gérant d'un BE, un tel chantier prendrait "1,5 à 2 fois plus de temps de conception qu'un chantier classique". Il exige davantage d'implication de la part des artisans et des entreprises générales qui doivent mieux organiser leurs interventions en amont du chantier, "certains allant jusqu'à rédiger des modes d'emploi et des guides de pose de matériaux pour leurs équipes". Il ressort ainsi que JRBBC est un outil permettant de découvrir, concrétiser et affiner des potentialités pour la rénovation énergétique. De même, pour les maîtres d'œuvre et architectes, une rénovation basse consommation impose de plus fréquentes visites de chantier ainsi qu'une évaluation plus stricte des interventions, au risque de se froisser avec d'autres intervenants. Le juge de paix que constitue le passage du test d'étanchéité à l'air est perçu comme une contrainte nécessaire : "C'est là l'un des apports majeurs de JRBBC : celui de convaincre les acteurs de la rénovation de la pertinence des évaluations de résultats et pas simplement de moyens".

 

D'après les sociologues, cette obligation de résultat et le test imposé d'étanchéité à l'air ont créé un climat de coopération entre tous les acteurs, permettant de bénéficier des compétences des uns et des autres dans un but commun. L'approche globale ne serait donc pas un vain mot. Selon les professionnels interviewés, JRBBC soutiendrait "un processus de réorganisation de la filière sans laquelle hausser les performances de rénovation est difficile". Des participants qui regrettent tous la fin de ce programme.

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