GRAND TÉMOIN. En 2018, Olivier Sichel s'est vu confier la création et la direction de la Banque des territoires, entité de la Caisse des dépôts au service des collectivités locales. Logement social, transitions et adaptation des territoires : le directeur général par intérim du groupe public, depuis la nomination d'Éric Lombard à Bercy, partage sa vision des enjeux actuels, son analyse des crises, leurs impacts et les solutions qu'il faut encourager.


Le pari est audacieux, mais le concept bon. Sur le papier, il s'agit de créer une "banque au service de l'intérêt général". La réalité : réorganiser totalement quatre directions et deux filiales de la Caisse des dépôts, soit près de 15.000 employés, travaillant jusque-là en silos, et les regrouper sous une marque commune, pour être "plus efficace, plus lisible et plus fluide" sur le terrain. C'est ainsi en 2018 que naît la Banque des territoires, Éric Lombard, alors à la tête de de la Caisse des dépôts, confiant cette mission pas comme les autres à Olivier Sichel. Sept ans plus tard, cette "construction managériale", un "projet original et innovant en mode start-up" tel qu'il le présentait à son lancement, est une réussite. Les bailleurs sociaux et les collectivités locales ont désormais leur "banque" pour des solutions de financement et d'accompagnement sur-mesure.

 

Soutien au développement de projets

 

Olivier Sichel est un homme de réseaux, dans tous les sens du terme. Il compte parmi les pionniers du numérique, qu'il a appréhendé avec succès chez France Telecom (devenu depuis Orange) au sein de Wanadoo puis de la maison-mère, qu'il a quittée en 2006 après y avoir lancé la Livebox et l'avoir érigée au rang de deuxième fournisseur mondial en ADSL. Diplômé de l'Essec, de l'Institut d'études politiques de Paris et ancien élève de l'ÉNA, il est aussi officier de cavalerie : de quoi ne pas avoir peur des obstacles qui pourraient se dresser sur son chemin ? Passionné d'histoire, un ouvrage sur les compagnons de la Libération, en bonne place face à son bureau, lui permet de relativiser les vicissitudes de notre temps. Ce qui nous fait comprendre aussi que pour lui "servir" et "service" ne sont pas de vains mots.

 

Forte de ses 37 implantations territoriales, la Banque des territoires permet le développement de projets dans des domaines aussi variés que l'aménagement, l'économie, l'énergie, l'habitat, l'environnement, la mobilité, la santé ou les loisirs. En 2024, elle a distribué un montant record de prêts sur fonds d'épargne au bénéfice du logement social et des collectivités locales, et investit chaque année en actions près de 2 milliards d'euros pour le financement d'infrastructures.

 

Olivier Sichel, novembre 2024
Olivier Sichel, en novembre 2024. © Grégory Brandel pour Batiactu

 

C'est donc un dirigeant fier de ses équipes et de ce qui a été accompli que nous rencontrons, en cette fin novembre 2024. Conscient des crises actuelles, celui qui endossera quelques semaines plus tard le rôle de directeur général par intérim de la Caisse des dépôts estime qu'une des clés doit venir de la confiance portée aux territoires et de la liberté, notamment financière, dont ils doivent se saisir.

 

 

RELANCER LE LOGEMENT : LA PRIORITÉ

Quels événements ont eu l'impact le plus significatif sur le secteur ces derniers mois, selon vous ? Quelle vision vous permettent-ils de nourrir ?

Il est difficile de ne pas commencer par la crise du logement, qui est aujourd'hui une préoccupation majeure pour les Français. Une crise systémique désormais durablement installée. En tant que directeur de la Banque des territoires, et à ce titre acteur responsable du financement du logement social, je constate l'allongement des listes d'attente et les difficultés grandissantes.

 

Nous ne pouvons pas nier cette phase difficile. Elle nous préoccupe et agir pour résoudre cette crise est l'une de nos priorités. La gravité de la situation ne doit cependant pas effacer les progrès majeurs que notre secteur, l'un des principaux contributeurs d'émissions de gaz à effet de serre, a accomplis dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ils concernent tant la construction neuve, avec des normes environnementales désormais bien intégrées, que la rénovation des bâtiments existants, et transforment non seulement notre manière de concevoir les bâtiments mais aussi la façon dont nous construisons les villes.
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