CHRONIQUE. Amour et amitié n'est-ce pas ce que tout le monde se souhaite en cette fin d'année à l'approche des fêtes de Noël et de la nouvelle année ? Alors parions sur les paillettes et gardons espoir.
Plus l'on s'approche des congés de la fin d'année, plus l'envie de mettre des paillettes dans sa vie se fait plus forte, comme de croire aux contes de fées...
Mais il est vrai que la semaine ne termine pas sous les meilleurs auspices et le désamour semble tenir la corde de l'ambiance. À la question "aurons-nous enfin un budget à Noël ?", les députés et les sénateurs réunis en commission mixte paritaire ce vendredi matin y ont répondu. Et sans surprise la réponse est : "non."
"Come on, you little fighter/And get back up again", It's raining again, Supertramp
Pas le choix, c'est donc rebelotte : il y aura une loi spéciale comme l'année dernière, afin d'assurer la continuité de l'État et les discussions reprendront en janvier. Pour les acteurs du secteur, à quelques mois des municipales, une échéance électorale importante, la pression reste maintenue. D'autant plus que les sujets de manquent pas.
Il y a d'abord eu la mise en consultation de la troisième mouture de la stratégie nationale bas carbone (SNBC3). Ce texte définit la feuille de route étatique. Particulièrement attendu, il a révélé de nombreuses surprises, en effectuant un virage important de la politique de rénovation énergétique. Beaucoup d'acteurs du sujet n'ont d'ailleurs pas vraiment apprécié ce "cadeau" de fin d'année : "aveu d'échec", "renoncement majeur", "mise à l'arrêt de la rénovation" pour certains, c'est une véritable douche froide !
L'objet de leur courroux ? Des objectifs de chantier de rénovation revus fortement à la baisse : 700.000 par an d'ici 2030, dont 250.000 opérations d'ampleurs et 450.000 par mono-geste - avec priorité donnée à l'installation de pompes à chaleur (Pac). En 2020, la SNBC 2 visait elle, 700.000 rénovations complètes par an à partir de 2030. L'abandon de l'objectif d'un parc de logements au niveau BBC est acté et le principe de sobriété relégué au second plan.
Mais pour d'autres et notamment le gouvernement, ce texte est plus "réaliste" tout en conservant une forte ambition et permettra de mettre fin au "stop and go." Le débat est donc lancé, rendez-vous dans trois mois.
En attendant, et même si l'ouverture du guichet dépend, comme l'a rappelé le ministre Jeanbrun, du vote du budget, l'Anah a annoncé ses objectifs 2026. Malgré un contexte difficile et chahuté, ses équipes restent investies pour accompagner aux mieux les Français. Et pour se saisir des aides au logement et éviter des fraudes, un seul ami à qui faire appel : FranceRénov.
L'accès au marché de la rénovation énergétique était aussi au centre de la manifestation menée par la CAPEB ce 17 décembre sous la bannière "Y'en a marre !". Depuis Lille, où notre envoyé spécial a recueilli de nombreux témoignages, le président de la confédération, Jean-Christophe Repon a déclaré : "Nous attendons de plusieurs ministres des arbitrages qui puissent relancer l'activité et redonner de la confiance aux marchés." Parmi elles, flécher une partie de cette activité vers les artisans et les TPE, et faciliter l'accès au RGE. Le président de la CAPEB a été reçu par le ministre à l'issue de la journée qui aurait répondu aux principales demandes.
Parmi les bonnes nouvelles dans ce secteur, on notera néanmoins le bilan très positif du programme Feebat, qui a formé des dizaines de milliers de personne à la rénovation énergétique, et l'investissement d'EDF dans l'école de formation qui monte, la Solive. Ce partenariat devrait permettre d'aider les filiales d'EDF à recruter dans les territoires, faire monter en compétences les salariés et développer de nouvelles formations en lien avec la direction des territoires et de l'action régionale d'EDF.
*cherche la lueur d'espoir
Parlons logement justement. L'absence de vote de budget prolonge l'incertitude quant à une relance prochaine, ce que dénonce l'Alliance pour le logement, représentant les principaux acteurs du secteur. Elle parle désormais de "perte de confiance dans la parole des politiques" et rappelle le danger de "Pas de budget, pas de logement, une crise sociale à venir."
"L'incapacité des parlementaires à se mettre d'accord sur un budget pour 2026 prive toute la filière construction d'un dispositif de relance du logement neuf et fragilise l'ambition pour la rénovation énergétique. Au moment où la crise du logement s'aggrave partout en France et provoque un puissant sentiment de relégation sociale, cet échec du Parlement sur un texte de consensus s'avère irresponsable." Communiqué de presse de l'Alliance pour le logement, 19 décembre 2025
Alors que la crise touche de nombreux pays, l'Union européenne a présenté son plan de relance avec notamment, la mise en place d'une plateforme paneuropéenne d'investissement pour le logement abordable. Mais, pour la représentante des bailleurs sociaux français, la présidente de l'USH Emmanuelle Cosse, attention et vigilance doivent être de mise : le modèle français de logement social, efficace et de compétence nationale, ne doit pas être remis en cause.
"Aux niveaux européen et local, toutes les pirateries pour trouver des mots qui noient le logement social parmi d'autres activités : logement abordable, accessible, etc. - ne sont pas de simples abus de langage. Derrière la bataille des mots, il y a la bataille d'un modèle. Il y a des intérêts : fragiliser un édifice républicain et capter les quelques ressources dont il bénéficie encore". Emmanuelle Cosse, présidente de l'USH, le 18 décembre 2025.
Le logement, "le mal-aimé de la République" ? Pour Olivier Salleron, l'occasion était trop belle : alors qu'une grande enseigne surfe sur le célèbre titre de Claude François, le président de la FFB n'a pas manqué de rappeler que s'il y a bien un sujet sur lequel il devient urgent d'avancer c'est bien celui-ci. À l'issue de sa conférence de presse de fin d'année, le message est clair : pour la FFB, "pas de franche reprise en 2026 sans un statut du bailleur privé incitatif."
Une autre tribune fait du bruit, portée par l'USH ou encore l'UNSFA, celle du "camp du oui", le mouvement Yimby (pour "yes in my backyard") France. Cette initiative est née à San Francisco il y a dix ans pour contrer le "not in my backyard" ("pas dans mon jardin"), soit la propension au "pas chez nous" dès qu'un nouveau projet de logements à proximité est annoncé... À l'approche des élections municipales, ces acteurs entendent rappeler aux élus et aux citoyens français que choisir son camp en matière d'urbanisme a des conséquences.
"Être Yimby, c'est choisir le progrès. (...) C'est une vision d'abondance pour des quartiers vivants, qui changent, qui s'adaptent, qui grandissent. (...) Il ne s'agit pas de dire oui à n'importe quoi. Il s'agit d'exiger des projets de qualité, de créer un nouveau rapport de force citoyen face aux conservatismes locaux, et de donner aux maires le courage politique de laisser leurs villes grandir. Maintenant. Partout. Et si vous assumez le camp du non, préparez-vous à faire face au camp du oui." Extrait de la Tribune collective Yimby France
Alors oui, dans ces temps agités, nous avons tous besoin d'amour !
Pour nous aider, rappelons que nous avons aussi de quoi être fiers. Deux entreprises françaises se sont encore distinguées ces derniers jours. Signe de belles réussites, Eiffage a ainsi fait son entrée en ce mois de décembre au CAC 40. Née en 1665 sous Louis XIV, pour équiper la Galerie des glaces, la Manufacture royale des glaces a bien grandi et s'appelle désormais le groupe Saint-Gobain. Pour fêter ses 360 ans, c'est à Versailles, là où tout a commencé que Benoit Bazin, son président, a rappelé l'esprit pionnier du groupe, les valeurs d'audace et d'innovation qui le portent, et son engagement pour un avenir plus durable et positif.
D'autres continuent aussi à investir, comme ETT, cette entreprise familiale qui lance une nouvelle ligne de production. De grands travaux s'annoncent sur le Canal Seine-Nord, dans le Centre-Val de Loire, un projet de serm (service express régional métropolitain) voit enfin le jour, et à Cachan, le campus de l'ESTP se transforme pour répondre aux nouveaux enjeux de la construction...
Admirons aussi les oeuvres de ces femmes architectes distinguées cette semaine lors des prix remis par l'Association pour la recherche sur la ville et l'habitat. Parmi elles, la jeune Anaïs Magnabal, qui a reçu le prix Oeuvre originale, pour son projet de maison au coeur de Toulouse que nous avions élevée au rang de Grand Prix lors de nos Trophées de la Construction 2025. La relève est assurée !
Et parce qu'il ne faut pas oublier de mettre de l'art dans nos vies, pourquoi ne pas faire un tour du côté de Bordeaux, où une association redonne des couleurs à la ville.
Sur Batiactu, nous rendons compte aussi chaque jour de réussites, de projets exemplaires et innovants. Esprit de Noël exige, continuons donc de voir le verre à moitié plein, gardons espoir en des jours meilleurs ! Et tels ces chanteurs de yodel, heureux que leur pratique ait été inscrite début décembre au patrimoine mondial de l'humanité, et parce qu'il faut aussi savoir sourire, plongeons-nous dans de bien meilleures partitions.
Rappelons-nous que notre filière n'est finalement aussi qu'une grande famille qui sait aussi se serrer les coudes. Alors, pour cette dernière chronique de l'année 2025, formons le voeu que 2026 soit synonyme de relance, de réussite et d'audace. Sachez que Batiactu, qui entamera là sa vingt-cinquième année à vos côtés, vous accompagnera quoi qu'il arrive sur ce chemin d'espoir. L'ensemble de la rédaction vous souhaite de très belles fêtes de fin d'année !
"And even if time ain't really on my side / It's one of those days for takin' a walk outside / I'm blowin the day to take a walk in the sun" (Et même si le temps n'est pas vraiment de mon côté / C'est un de ces jours pour aller marcher dehors / J'insuffle à ce jour une ballade au soleil), Day dream, Lovin'spoonful

Rénovation (énergétique) des bâtiments : vite, la saison 2 !
Storybook Love, Mark Knopfler & Willy DeVille, bande originale du film Princess Bride, hommage à son réalisateur Rob ReinerIt's raining again, Supertramp
Fail, Depeche mode
Reality, Lost Frequencies, janiek
I'll Stand by You, The Pretenders
La colère, Gaetan Roussel
Wake up, Rage against the machine
Un autre monde, Téléphone
Le mal aimé, Claude François
Unstoppable, Sia
Besoin d'amour, France Gall
Concerto pour deux pianos en ré mineur, II. Larguetto, Francis Poulenc
Alright, Supergrass
Femmes, je vous aime, Julien Clerc
True colors, Cindy Lauper
Day dream, Lovin' spoonful