FEUILLE DE ROUTE. Dans un entretien au Parisien, le nouveau président de la Société du Grand Paris (SGP) a fait le point sur la situation du Grand Paris Express, le futur métro francilien d'un montant de 35 Mds €. Un mot d'ordre : la transparence.

La société du Grand Paris a fait sa rentrée ce mardi 25 septembre 2018. Son nouveau président, Thierry Dallard, a accordé une entrevue au Parisien avant de se rendre sur le chantier de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis, ligne 16). Élu en juin 2018, Thierry Dallard met un point d'honneur à faire preuve de transparence sur les actions de la SGP. Il a profité de cette occasion pour faire un point sur le calendrier, les chantiers, les financements, les emplois et sur l'avancée des projets ligne par ligne. Détails.

 

 

Être transparent sur d'éventuels aléas

 

Concernant le calendrier des chantiers, Thierry Dallard a annoncé vouloir attendre le printemps 2019 pour effectuer d'éventuelles modifications. "Personne ne peut garantir les délais", précise-t-il. Ce dernier s'est également montré favorable à un audit extérieur qui "ne portera pas seulement sur les lignes en travaux, mais aussi sur ce qu'il reste à bâtir, c'est-à-dire la méthode et le calendrier d'ensemble sur les lignes 15 Est, 15 Ouest, sur l'achèvement de la 17, et de la 18." Sur l'état actuel des chantiers, "100 chantiers environ sont en cours, sur 300 à terme". Actuellement, deux tunneliers sont en cours de creusage, "il y en aura une dizaine en 2019".

 

"La règle absolue sera celle de la transparence. Personne ne nous reprochera d'avoir des difficultés techniques parce que les travaux souterrains sont compliqués. Par contre, on nous reprochera toujours de na pas annoncer les choses quand on est suffisamment sûrs de nous", indique Thierry Dallard. Il fait notamment référence, à l'incident sur le prolongement du RER E à porte maillot qui a causé une inondation des voies du RER A, stoppant le trafic durant 36 heures. Le président de la SGP décrit également la complexité des travaux publics, notamment "dans une géologie compliquée en milieu urbain, et en plus, il y a du volume". Il ajoute que la SGP "a redonné au projet les marges d'aléas dont il avait besoin", rappelant également que le projet initial prévoyait la réalisation de la ligne 15 Sud en 2020 et la 15 Ouest en 2022-2023. "On peut faire semblant et dire qu'on finira en 2025 mais à un moment ou un autre, il faut dire la vérité et ma responsabilité sera de la dire régulièrement et pas seulement tous les trois ans", précise le président de la SGP.

 

La situation ligne par ligne

 

Le 23 mars 2018, la Société du Grand Paris a adopté un budget rectificatif visant à réduire de 10 % les coûts du projet, objectif fixé par le gouvernement. "Il y a 1.500 pistes identifiées, puis 1.200 sur lesquelles on travaille, et j'ai bon espoir qu'on termine avec 800. Mais c'est du travail besogneux. Ici, c'est remplacer les alimentations en fil de cuivre, par du fil d'aluminium. Là, c'est mettre du zinc plutôt que du verre fumé, etc", explique Thierry Dallard. Il ajoute que "le recalage permet d'envisager que les lignes réalisées en 2030 puissent utiliser les tunneliers utilisés avant. Cela nous fait moins de tunneliers à acheter". Concernant le recrutement, le président de la SGP, s'étonnent du "mercato pour trouver le personnel" lorsque des entreprises remportent un appel d'offres, alors que ces dernières lui ont affirmé disposer de suffisamment de personnels qualifiés. Du côté de la SGP, Thierry Dallard affirme que 400 personnes seront recrutées.

 

Durant l'entretien, le président de la SGP a fait un point sur chaque ligne du projet :

 

Ligne 14 : "Pas d'alerte rouge". Le président de la SGP explique que la maîtrise d'ouvrage est déléguée à la RATP et que les informations transmises sont compatibles avec la mise en service en 2024, pour les Jeux Olympiques de Paris.

 

Ligne 15 : à l'Ouest, le bouclement de la Défense est prévu pour 2030. Thierry Dallard explique qu'il s'agit de la ligne comprenant le plus de difficultés techniques. La gare Eole de la SNCF située sous le Centre des nouvelles industries et technologies (CNIT) nécessite de revoir toutes les fondations du centre. La gare du GPE sera sous les Quatres Temps, ce qui rend l'évacuation des matériaux compliquée. Concernant les autres gares de la ligne, "à Bois-Colombes et Saint-Cloud, les sites prévus sont très petits. Et entre Saint-Cloud et Pont de Sèvres, vous avez une géologie absolument catastrophique. On est en train de se poser la question de changer le tracé, sauf les gares".

 

Au Sud, au vu des aléas, la mise en service a été décalée à l'année 2025. Certains creusements ont été plus longs que prévus, des engins très spécifiques ont dû être utilisés pour réaliser des parois et certains soucis de sécurité ont été découverts. Parmi eux, à Saint-Maur, la gare devant être construite au pied du RER A a nécessité la démolition d'un parking qui jouait un rôle dans la stabilité du RER. "Il était hors de question d'avancer sans sécuriser la ligne", explique Thierry Dallard. De plus, parmi les 300 ouvrages annexes à installer tous les 800 mètres, qui permettent aux secours de descendre dans le tunnel, certains vont se trouver dans des zones urbaines, avec des habitations. "Il faut trouver une solution qui convienne aux habitants pour éviter les blocages", indique le président de la SGP.

 

Ligne 16 : le planning initial de mise en service à l'été 2024 est toujours d'actualité. Les travaux des gares ont commencé, notamment à Saint-Denis Pleyel (Seine-Saint-Denis), où la consolidation de la paroi en lien avec la voie ferrée est en cours. Les six tunneliers doivent arriver en 2019, "ce sera une année importante", déclare Thierry Dallard. Face aux retards de la ligne 12 à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le président de la SGP est "conscient" des éventuels aléas liés aux travaux souterrains, qui peuvent amener des retards.

 

 

Ligne 17 : la question d'une gare GPE à l'aéroport du Bourget, site olympique, se pose encore. "C'est extrêmement compliqué techniquement, il faudrait un alignement, que tout se passe bien tout le temps, ce qui est quand même assez rare, pour que nous puissions y arriver".

 

Ligne 18 : "Nous travaillons pour aller au plus vite. Et trouver les solutions qui minimisent les impacts. Nous n'aurons pas de vision d'ensemble avant le printemps 2019."

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