ARCHITECTURE. A deux jours de la clôture de l'enquête publique sur ce projet à 600 millions d'euros, imaginé par les architectes Valode et Pistre, la ville de Paris a publié, ce lundi 6 janvier 2020, deux rapports d'experts particulièrement critiques. La municipalité appelle la SNCF et Stationord au dialogue.

Voilà de quoi raviver les tensions dans le dossier polémique du projet de transformation de la gare du Nord, à Paris. A deux jours de la clôture de l'enquête publique sur ce projet à 600 millions d'euros, imaginé par les architectes Valode et Pistre, la ville de Paris a publié, ce lundi 6 janvier 2020, deux rapports d'experts particulièrement critiques. Selon ces textes, élaborés, d'une part, par les urbanistes Anne Mie Depuydt, Caroline Poulin, Jean-Louis Subileau et Pierre Veltz, et, d'autre part, par des experts ferroviaires du groupe SMA, "le projet tel qu'il est envisagé par Stationord [la société commune entre SNCF Gares & Connexions et Ceetrus, la foncière du groupe Auchan ; Ndlr] pose des problèmes majeurs", souligne la ville de Paris dans un communiqué.

 

 

Et ce, "en matière de congestion à l'intérieur et à l'extérieur de la gare, de sécurité des voyageurs, de sur-densification du quartier, de programmation commerciale inadaptée, de détérioration des conditions pour les voyageurs du quotidien", poursuit le communiqué. Et la Ville d'enfoncer le clou : "Le projet tel qu'il est prévu est d'ores et déjà compromis pour l'échéance des Jeux Olympiques et Paralympiques (de 2024)." Paris lance donc un appel "urgent" au dialogue à Stationord et à la SNCF, afin de travailler sur un projet qui "améliore le quotidien des voyageurs avant 2024 et qui ne détériore pas la situation de ce quartier déjà très dense et engorgé." La SA Gare du Nord 2024 a répondu "s'inscri(re) dans le processus de l'enquête publique et poursui(vre) donc sereinement le projet Stationord."

 

La commission d'enquête dispose d'un à deux mois pour remettre un rapport

 

 

Le volet "commerces" du projet de transformation de la gare du Nord avait pris une tournure polémique ces derniers mois. La Ville de Paris, dont le Conseil du 10 juillet avait rendu un avis favorable sur le projet, avait ensuite fait volte-face. Notamment par la voix de l'adjoint à la maire de Paris en charge de l'urbanisme, Jean-Louis Missika, et par celle d'Alexandra Cordebard, la maire socialiste du Xème arrondissement, où se trouve la gare. Ce projet d'extension des surfaces commerciales au sein de la gare avait également suscité l'ire d'un collectif d'architectes et d'urbanistes de renom, qui s'étaient fendus d'une tribune dans le journal Le Monde le 3 septembre, fustigeant un projet "indécent, absurde et inacceptable."

 

A l'opposé, ses partisans comptent dans leurs rangs le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebarri, et la présidente de la région Ile-de-France et d'Ile-de-France Mobilités, Valérie Pécresse. C'est à eux que la Commission nationale d'aménagement commercial (CNAC) avait rendu raison en validant, le 10 octobre, le projet de transformation de la gare du Nord. Le 18 octobre, à l'issue d'une réunion organisée à l'initiative du préfet de région Michel Cadot, il était notamment convenu qu'un collectif d'experts, composé d'architectes et d'urbanistes, soit désigné par la Mairie de Paris, dans le but de dresser des pistes d'amélioration du projet polémique "attendues pour le 19 décembre 2019".Au terme de l'enquête publique, mercredi 8 janvier, la commission d'enquête disposera d'un à deux mois pour remettre un rapport accompagné de son avis motivé sur le projet. Il reviendra alors au préfet de statuer sur la demande de permis de construire.

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