INNOVATION. Après 5 ans de recherche et développement, Colas, en partenariat avec la start-up RB3D, a présenté ce 16 mars la dernière version de son exosquelette "ExoPush" qui sera déployé sur ses chantiers.

Depuis plus de 80 ans, le métier de tireur au râteau pour les enrobés de route a très peu évolué. Mais cela pourrait bientôt changer avec l'arrivée d'une nouvelle machine baptisée ExoPush. Depuis 2013, le groupe Colas s'est associé à la start-up RB3D, spécialisée dans la robotique collaborative, afin de concevoir un exosquelette d'assistance à l'effort pour ses compagnons. Ce projet "est né de l'idée de porter l'innovation vers nos compagnons", nous explique Bernard Sala, Directeur général adjoint de la Prospective, développement et decherche de Colas, ce vendredi 16 mars 2018 lors d'une première présentation sur leur campus scientifique et technique du groupe.

 

 

Avant d'arriver à cette version (ExoPush 4.2) plusieurs prototypes ont été conçus. Grâce à un travail collaboratif avec les collaborateurs de Colas et RB3D, l'exosquelette a considérablement évolué, insistent les porteurs du projet. De 42 kilogrammes pour la première version, il est passé à seulement 8,4 kilogrammes. Sa taille a également diminué, afin de permettre à la machine d'être facilement transporté dans un véhicule de type Kangoo. Et sa technologie a aussi progressé.

 

Préserver la santé des compagnons avant tout

 

Alors, concrètement comment ça marche ? Et à quoi ça sert ? ExoPush est un râteau "cobotisée", c'est-à-dire qu'il s'agit d'une robotique collaborative, nous explique Serge Grygorowicz, président de la start-up RB3D. La machine permet au salarié de tirer et pousser des poids importants (jusqu'à 50 kgs), tel que le bitume, et ce sans effort. Pour se rendre compte de cela, nous avons pu tester la méthode classique au râteau et celle avec l'exosquelette. Le résultat est impressionnant. Alors que je n'ai pas réussi à pousser un tas de gravier avec le râteau dans un premier temps, j'y suis parvenue sans difficulté à l'aide de la machine.

 

 

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous (L'exoPush comment ça marche ?), le compagnon est équipé d'un harnais et d'un télescope accroché à un de ses pieds. La machine est ensuite attachée au télescope. L'effort passe par le pied et non par son dos. "L'objectif est de préserver la santé de nos compagnons, d'améliorer leur posture et de réduire les efforts", insiste d'ailleurs Philippe Simarik, directeur Prévention, Santé et Sécurité au travail de Colas. L'entreprise de travaux publics a mené des tests afin de comparer les deux méthodes et leurs impacts sur la santé des collaborateurs. Pour un chantier identique, les résultats montrent en effet que l'exosquelette permet un redressement de la posture. Alors qu'avec un râteau classique le compagnon se penche à 50° (jusqu'à 65° en fin de parcours), avec la machine l'inclinaison n'est que de 23° (voire 15°). De même, le rythme cardiaque augmente davantage avec un râteau classique. L'effort fournit avec la machine est bien moindre, le compagnon est moins fatigué en fin de journée.

 

 

Une trentaine de machine bientôt déployées


Les compagnons de Colas qui ont pu tester les premiers prototypes témoignent de la simplicité d'utilisation de la machine. Si tous reconnaissent que c'est "bien pour l'avenir", plusieurs évoquent un temps d'adaptation. "Le plus dure c'est de se redresser, les mauvaises postures se prennent vite", explique l'un d'eux.

 

 

La machine, après avoir été testée pendant 8 mois dans dix agences de Colas en France, en Suisse, au Danemark et en Belgique, va être déployée dans l'année. Au total, une trentaine d'ExoPush est prévue.

 


Quelques chiffres sur ExoPush

Poids : 8,4 kg
Longueur une fois démonté : 1,50 m
Investissement de Colas dans cette innovation : 500.000 €
Prix d'une machine : 25.000 euros

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