JUSTICE. Poursuivi après la mort d'un chauffeur de camion sur un chantier du Blanc-Mesnil en mars 2023, la major vient d'être condamnée pour homicide involontaire.
Le procès s'est tenu le 5 juin 2025. Ce jour-là, le tribunal de Bobigny se penchait sur un dossier lourd. Celui d'un accident sur le chantier de la gare du Blanc-Mesnil, sur la ligne 16 du Grand Paris express, le 7 mars 2023, ayant entraîné la mort d'un transporteur venu livrer des mannequins de coffrage sur ce chantier piloté par Eiffage Génie civil.
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La major et le conducteur de travaux, absent sur les lieux au moment de l'accident, étaient poursuivis pour homicide involontaire. Le parquet avait requis une peine d'amende de 300.000 euros contre l'entreprise, et de neuf mois de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende contre le conducteur des travaux.
Verdict rendu
Le 3 juillet 2025, le verdict a été rendu par les juges : le conducteur de travaux est relaxé. Le tribunal a estimé qu'il n'avait pas commis de faute "caractérisée ou délibérée".
En revanche, les juges ont mis en avant qu'en commettant une "faute simple", en ne transmettant pas le protocole de sécurité, il avait engagé "la responsabilité de la personne morale", son employeur. Le groupe Eiffage est ainsi condamné par la justice : en situation de récidive pour un autre homicide involontaire, il devra s'acquitter d'une amende de 200.000 euros.
"Par vos manquements à la sécurité, vous l'avez quand même tué"
Lors de l'audience, la défense d'Eiffage Génie civil avait directement reporté la faute sur le chef de chantier, absent lors du procès, le désignant comme "l'auteur direct de l'accident". Plutôt que d'utiliser une grue pour décharger le camion, ce chef de chantier avait pris les commandes d'un chariot élévateur pour le faire, sans être formé pour cela. L'engin était inadapté pour cela, un colis de plus d'une tonne en est tombé, heurtant la tête de la victime et la blessant mortellement.
"Je sais que vous ne vous êtes pas levés le matin en vous disant 'on va tuer quelqu'un' (...) mais par vos manquements à la sécurité, vous l'avez quand même tué", avait lancé la sœur de la victime à l'intention des représentants de la major, lors de l'audience. Pour elle, un groupe de BTP qui "brasse des milliards" devrait être "nickel" sur la sécurité, avait-elle insisté.
Une politique autour de la sécurité renforcée
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Les chantiers du Grand Paris express ont été endeuillés à cinq reprises, ces accidents étant tous survenus entre 2020 et 2023. Pour éviter de nouveaux drames, la Société des grands projets, maître d'ouvrage, a renforcé sa politique autour de la sécurité depuis.
En avril 2025, elle exprimait un certain soulagement en constatant que de tels événements ne s'étaient par reproduits depuis. Mais reconnaissait tout de même une marge de progression encore importante d'un point de vue de la sécurité sur ses chantiers, malgré les efforts menés et une amélioration perceptible.