DISPARITION. L'architecte, écrivain et journaliste français François Chaslin est décédé cet été. Il avait marqué la critique architecturale en France.
Il était une figure majeure de la critique architecturale française. François Chaslin s'est éteint à l'âge de 76 ans. L'architecte, rédacteur en chef de la revue L'architecture d'aujourd'hui entre 1987 et 1994, animateur de "Métropolitains" sur France Culture (1999-2012), et enseignant dans les écoles d'architecture de Lille et de Paris-Malaquais (1996-2011), est décédé le 7 août 2025 sur une plage de Lanildut (Finistère), après un malaise. Ses obsèques se sont tenues le 12 août dernier, dans la commune de l'accident. C'est là-bas qu'il avait pris sa retraite avec sa femme une dizaine d'années plus tôt, rappelle Ouest-France.
Une carrière brillante
François Chaslin a marqué le paysage architectural français. Il était correspondant à l'Institut de France de l'Académie des beaux-arts à Paris, membre de l'Académie d'architecture et membre du comité d'histoire du ministère de la Culture. De 1980 à 1987, il avait dirigé le département "actualité et diffusion" de l'Institut français d'architecture. Il avait été rédacteur en chef des Cahiers de la recherche architecturale (1979-1980) et de Macadam (1977-1981), ainsi que rédacteur en chef adjoint de Techniques et Architecture (1973-1977).
Auteur ou co-auteur d'une cinquantaine de livres dont La Grande Arche (1989), il avait été sélectionné en 2015 pour le prix Goncourt de la biographie, avec Le Corbusier, et avait obtenu le prix du livre de l'Académie d'architecture pour Rococo, ou drôles d'oiseaux (éditions Non Standard) en 2019.
Démocratiser l'architecture
"Au-delà de sa plume, c'est également sa voix que le public connaissait à travers Métropolitains. Ce programme reste aujourd'hui encore l'émission radiophonique hebdomadaire de référence sur l'architecture et l'urbanisme", souligne la Cité de l'architecture et du patrimoine, dans un communiqué. À travers cette émission, François Chaslin avait su démocratiser l'architecture et la rendre accessible au grand public. Par ailleurs, il avait animé, pour le centre Pompidou, la revue parlée L'Équerre et le Compas (1995-2008), radiodiffusée à partir de 2000.
"Son regard affûté sur la création architecturale, ses éclairages sur Le Corbusier ou ses articles publiés dans Le Monde, Libération ou Le Nouvel Observateur ont nourri un dialogue exigeant entre professionnels et grand public, déclare le Conseil national de l'Ordre des architectes. Il a su conjuguer rigueur et sensibilité, et il incarnait cette figure rare et précieuse : celle du critique-passeur, qui s'attache à faire résonner la pensée architecturale, en prise avec le monde, la société et la culture."
"Avoir la culture de l'architecture comme outil pour comprendre le monde et avoir l'énergie d'en parler et d'en écrire, d'en dessiner les formes et les enjeux politiques et sociaux, c'était Chaslin", ajoute Hélène Fernandez, directrice de l'architecture au ministère de la Culture. "Il avait eu cette capacité de se saisir de tous les outils médiatiques permettant de faire vivre et de promouvoir un débat intellectuel ouvert, exigeant, mais sans élitisme, sur l'architecture, la ville et la société d'après les années 80", complète la ministre de la Culture, Rachida Dati.