JUSTICE. Quelques semaines après leur procès, les dirigeants d'une entreprise sous-traitante qui intervenait sur le chantier de la gare de Saint-Denis - Pleyel ont été condamnés pour la mort d'un ouvrier le 5 janvier 2022, le tribunal suivant en partie les réquisitions.
Plus de trois ans après l'accident qui a coûté la vie à un ouvrier d'Eiffage [en charge du génie civil], sur le chantier de la gare de Saint-Denis Pleyel, le procès de deux dirigeants d'une société sous-traitante de Besix [en charge de l'aménagement de la gare] s'était déroulé le 9 avril 2025. A l'issue de la journée, le procureur avait requis jusqu'à deux ans de prison avec sursis, et des amendes allant jusqu'à 75.000 euros pour l'entreprise.
C'est le 20 mai 2025 que le tribunal a prononcé les condamnations. Et il a en partie suivi les réquisitions du ministère public.
Une plaque déboulonnée à la demande du prévenu, estime le tribunal
En effet, celui qui dirigeait la société au moment des faits, bien qu'absent sur les lieux le 5 janvier 2022, a été condamné à six mois de prison avec sursis et à 3.000 euros d'amende en tant que dirigeant de Sampieri Construction pour homicide involontaire. La peine est plus lourde pour son fils, alors ouvrier et désormais dirigeant de la société : deux ans de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende. La société, elle, écope d'une amende de 40.000 euros.
Les échanges lors du procès ont permis de mettre en avant de graves manquements à la sécurité. Le tribunal a estimé que la plaque d'acier de 300kg dont la chute a provoqué la mort de la victime a été déboulonnée à la demande de l'actuel président. C'est alors qu'il effectuait une manœuvre sur un monte-charge que la plaque est tombée.
Une "éventuelle faute"
A la barre, la défense s'était dédouanée sur l'entreprise donneuse d'ordre, chargée des protections collectives et de leur contrôle. Le prévenu avait évoqué une éventuelle faute dans la gestion du chariot élévateur, même si l'avocat des parties civiles avait regretté n'avoir entendu "à aucun moment 'je suis désolée pour vous de ce qui est arrivé'".
Sur les chantiers du Grand Paris express, 5 personnes ont été victimes d'accidents mortels. La Société des grands projets, qui assure que la sécurité est l'absolue priorité, a renforcé sa politique en la matière. S'il y reste encore des points d'amélioration, et qu'elle estime qu'il ne faut jamais baissé la garde en matière de sécurité, elle n'a plus connu d'accident mortel depuis deux ans, et le nombre d'accidents graves a baissé.