Une PME française vient de livrer la plus grande centrale photovoltaïque flottante du monde, d'une puissance de plus de 1 MW. Elle a été installée sur un bassin d'irrigation de trois hectares de la banlieue de Tokyo.

Et si l'avenir du photovoltaïque terrestre se trouvait… sur l'eau ? Le cruel manque de place sur le territoire japonais et la catastrophe de Fukushima qui a entraîné une forte demande en électricité solaire, sont les deux éléments déclencheurs d'un projet original : la création d'une centrale photovoltaïque flottante, sur un bassin d'irrigation de 3 hectares situé dans la banlieue de Tokyo. D'une puissance de 1,16 MW, elle est composée de 4.600 modules poly-cristallins installés sur des flotteurs en PEHD (Polyéthylène haute densité) ancrés au fond grâce à des plaques insérées dans le sol reliées à des câbles. "Elle est organisée en deux gros îlots", nous explique Marie Bonte, chef de projet pour l'entreprise française Ciel & Terre qui a conçu le projet. "Comme le lac est coupé en deux, pour nous adapter aux contraintes du lieu, nous avons côté ouest un îlot de 7.000 m², et côté est un îlot de 5.200 m²".

 

Vers un déploiement plus large ?
Annuellement, la centrale devrait produire environ 1.540 MWh de courant, soit de quoi alimenter environ 550 foyers. La mise sur flotteur des capteurs solaires ne présenterait pas d'inconvénient en termes de stabilité lors de la formation de vaguelettes qui entraînerait une baisse significative de leurs capacités. "Au contraire, être sur une surface froide amène un effet de température qui est plus avantageux que sur une toiture s'échauffant et faisant chuter le rendement", explique Marie Bonte. "Nous avons installé un prototype à Piolenc, sur le lac d'une carrière de granulats du Rhône voilà un an. D'une puissance de 15 kWc, il utilisait déjà notre technologie Hydrelio qui n'a pas bougé depuis", poursuit la chef de projet. Car dans un pays comme la France, s'il n'existe pas les mêmes contraintes qu'au Japon en termes d'utilisation des sols, les porteurs de projets rencontrent cependant de fréquents conflits d'usage, notamment des terres agricoles. "Voilà pourquoi nos projets concernent surtout les lacs de carrière", assure-t-on chez Ciel & Terre.

 

La centrale japonaise, testée et bientôt reliée au réseau de distribution local, serait-elle la première d'une nouvelle vague de centrales photovoltaïques ? C'est envisageable puisque la filiale japonaise de la PME lilloise développe déjà d'autres projets de centrales flottantes avec pour objectif d'atteindre les 1.000 MW en 5 ans. La société estime par ailleurs que dans l'Hexagone, qui compte de nombreux plans d'eau douce adaptés, "2.000 MW au moins pourraient être installés". Une solution pour toutes les communes qui cherchent à valoriser les lacs de carrière dont elles héritent une fois l'exploitation du site terminée. En revanche, cette technologie restera cantonnée aux plans d'eau douce relativement calmes : elle n'est pas adaptée au beaucoup plus rude environnement marin, à la fois agité et corrosif.

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