INNOVATION. Une startup française développe un outil de simulation numérique capable d'évaluer la qualité de l'air intérieur d'une construction avant même qu'elle ne soit bâtie. La solution pourrait, à terme, devenir un module intégré au BIM qui aiderait la maîtrise d'œuvre dans ses choix de matériaux et de systèmes de ventilation. Tous les détails avec Maxence Mendez, le jeune fondateur d'Octopus Lab.

A l'avenir, il sera possible d'anticiper les questions de qualité de l'air dans un bâtiment par le biais de simulations numériques. Une jeune pousse française, Octopus Lab, vient d'être récompensée par un coup de cœur du jury des Trophées Santé Bâtiment pour son logiciel INCA-Indoor de modélisation. Maxence Mendez, le fondateur de la startup, nous raconte : "Le projet est né de recherches fondamentales, menées par les universités de La Rochelle et de Strasbourg et financées par l'Ademe, ayant pour but une meilleure compréhension de la qualité de l'air dans les bâtiments basse consommation". Le programme, qui s'est étalé entre 2013 et 2016 s'articulait à l'époque sur des mesures de terrain dans des établissements recevant du public labellisés BBC. "Nous avons développé une simulation numérique pour comprendre ces mesures. Le logiciel permettait de déterminer l'origine des pollutions constatées et il marchait vraiment bien", poursuit le chercheur. De là est née l'idée de créer Octopus Lab, l'outil informatique capable d'anticiper la qualité de l'air intérieur avant même la construction d'un édifice.

 

"La société est en cours de création", nous confie le scientifique, qui travaille maintenant avec les acteurs de la construction afin de déterminer à quelle étape et à quels interlocuteurs s'adresser, dans un processus architectural. "Généralement, ce sera en phase APS ou APD (avant-projet sommaire ou avant-projet définitif), suivant les informations disponibles", nous dévoile-t-il. "Nous travaillons donc avec l'assistance à maîtrise d'ouvrage ou le bureau d'études de maîtrise d'œuvre en tant que prestataire de service". Car le logiciel reste, pour l'heure, une solution relativement complexe à mettre en œuvre si l'on n'a pas de compétences en qualité de l'air intérieur ou en chimie des polluants… "Nous participons aux réunions de pilotage du projet, puis nous testons virtuellement les matériaux et les systèmes de ventilation, suivant les souhaits du client, avant de formuler des préconisations", nous précise Maxence Mendez. Mais le but reste de développer une version commerciale de l'outil, munie d'une interface plus ergonomique. A partir de données de base telles que les dimensions de l'ouvrage, ses surfaces vitrées, la position de ses ventilations, les systèmes utilisés (avec leurs débits nominaux et requêtes de pilotage), la localisation du bâtiment (afin d'évaluer les sources de pollution extérieures) et les matériaux utilisés, les utilisateurs pourront, eux-mêmes, évaluer la qualité de son atmosphère.

 

Automatiser les recommandations à la MOE

 

 

"La simulation est réalisée sur une année entière, en prenant en compte les pics d'ozone de l'été et ceux de particules l'hiver", nous assure le spécialiste. "Il s'agit bien du premier outil de prévision de la qualité de l'air intérieur qui soit validé. Une équipe de recherche de l'université d'York travaille également sur le sujet mais elle ne détaille pas polluant par polluant et développe plutôt un outil de recherche fondamentale davantage tourné vers la réactivité chimique", fait-il valoir. L'étape ultime consistera, pour Octopus à interfacer son produit avec le BIM. Maxence Mendez annonce : "Nous avons une étude de marché en cours, pour savoir quel sera le format le plus adapté pour exporter les données : IFC ou plug in propriétaire ?". Le choix du logiciel cible - peut-être Revit - sera donc critique pour être adopté par le plus grand nombre de professionnels possible. "L'objectif sera de faire en sorte que la maîtrise d'œuvre soit autonome en matière de simulation de qualité de l'air intérieur. Les recommandations seront automatisées, en fonction des problèmes détectés", nous détaille le scientifique.

 

Cette transition vers la maquette numérique se fera rapidement après la sortie de la version commerciale d'INCA-Indoor, d'ici un an et demi à deux ans maximum. Octopus Lab prendra d'abord contact avec le Plan Transition Numérique dans le Bâtiment et sollicitera également des partenaires financiers afin de mettre en place, le moment venu, un force de vente à l'échelle du monde : "Notre produit est unique, autant le diffuser le plus largement possible !", conclut Maxence Mendez.

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