RÉACTIONS. Plusieurs acteurs du secteur ont fait part de leur satisfaction après les annonces de Nicolas Hulot sur le plan de rénovation énergétique des bâtiments. Mais ils sont toujours en attente de davantage de détails de mise en œuvre, de calendrier et demandent un "plan d'accompagnement" à la hauteur.

"Des ambitions confirmées, des moyens encore à préciser." C'est ainsi que la Fédération française du bâtiment (FFB) a réagi aux annonces de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, sur le plan de rénovation énergétique des bâtiments. Et cette formule résume globalement le ressenti de nombreux acteurs.

 

Car l'inquiétude règne, chez les entreprises de construction, sur le niveau à venir d'investissement de l'État en matière de soutien financier. "L'évolution de l'enveloppe budgétaire de la future prime [qui viendra remplacer le Crédit d'impôt pour la transition énergétique en 2019, NDLR], qui pourrait être réduite de moitié et exclurait les fenêtres et les chaudières performantes au fioul, conjuguée à l'alignement de l'éco-prêt à taux zéro sur ce champ réduit conduiraient à revoir très fortement à la baisse les ambitions en matière de rénovation énergétique, particulièrement pour les copropriétés, peut-on ainsi lire dans un communiqué de presse du 26 avril 2018 de la fédération.

 

Des moyens en baisse en 2018

 

Même son de cloche du côté de la Capeb. "Nous saluons l'annonce de ce plan. [...] Nous serons toutefois vigilants à ce que les mesures ne se révèlent pas encore plus restrictives pour parvenir à l'objectif ambitieux de 500.000 logements rénovés par an, car, rappelons-le, les moyens consacrés en 2018 ont diminué globalement de près d'un milliard d'euros", affirme ainsi Patrick Liébus, président de la confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment. Les artisans apprécient toutefois "l'investissement annoncé de 30 millions d'euros pour la formation initiale et continue de 65.000 professionnels du bâtiment".

 

 

Joël Vormus, directeur du Réseau pour la transition énergétique (Cler), se montre davantage critique à l'égard de la présentation du ministère. "Nous voyons des sujets importants émerger dans ce plan, comme le suivi des données sur la rénovation, l'outre-mer, le rôle des territoires et des copropriétés, ou encore la rénovation globale. Mais est-ce que les moyens mis en face sont à la hauteur de l'ambition ? Non", explique-t-il à Batiactu. Le Cler déplore notamment l'absence de calendrier, le manque de détails sur les actions concrètes qui pourraient être menées sur ces sujets, et même la baisse d'exigence sur certains points, comme la performance des bâtiments publics ("C'est le cas lorsque l'État se fixe l'objectif de réduire la consommation énergétique de son parc de 15% à l'horizon 2022, par rapport à 2010", affirme Joël Vormus).

 

Trop d'opérateurs sur le sujet de la rénovation

 

Le Cler préconise pour sa part deux réformes urgentes : interdire, par exemple à l'horizon 2025, la location de bâtiment ayant un DPE classé G ; et créer une agence de financement réunissant les (trop) nombreux opérateurs actuellement impliqués sur ce sujet. En l'absence de ces mesures, l'organisme estime que ce plan n'est pas assez "structurant pour les années à venir". "Le secteur de la construction a plusieurs révolutions à mener", estime le Cler. "Les cas de fraudes au RGE dans le secteur, par exemple, minent la confiance des gens envers les professionnels. Et cela nuit beaucoup à l'image de la rénovation énergétique." Sur ce sujet, FFB comme Capeb s'entendent pour dire que la réforme du label RGE est un passage obligé pour plus de confiance et davantage de lisibilité du dispositif.

 

"Un tournant dans la manière d'aborder la rénovation énergétique" pour Effy
"Le plan présenté par Nicolas Hulot représente pour nous un tournant dans la manière d'aborder la rénovation énergétique", affirme Audrey Zermati, directrice stratégie du groupe Effy, contactée par Batiactu. "L'approche choisie ici est plus moderne, avec l'idée de numériser la transmission de données entre les différents acteurs. Ce plan incite également à davantage de transversalité et de partenariat entre la sphère publique et la sphère privée. L'autre chose qui nous satisfait est le pragmatisme des pouvoirs publics, lorsqu'ils cherchent notamment à simplifier les aides (le CITE remplacé par une prime forfaitaire) et à envisager une rénovation énergétique étape par étape. Nous venons de signer notre 50.000ème chantier de rénovation des combles, et quand une opération de ce type réussit chez un particulier, nous proposons d'autres gestes. Ce qui construit une sorte de parcours pour le particulier. Enfin, la fiabilisation des DPE et l'idée de les rendre opposables sont deux axes extrêmement importants. A présent, nous espérons que les textes sortent au plus vite afin que le calendrier présenté (prime en 2019, réforme du DPE à l'horizon mi-2019) soit respecté."

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