MOBILISATION. Le Conseil des architectes d'Europe (CAE) soutient unanimement le combat des architectes français dans le cadre de la loi Elan. Un soutien qui "sonne comme un désaveu" de la politique de la France en matière de logement, estime le CNOA.

L'union fait la force, les architectes l'ont bien compris et ils l'appliquent. Après avoir co-signé, avec plusieurs organismes professionnels du bâtiment, une lettre ouverte adressée au Premier ministre puis avoir lancé une pétition pour défendre la qualité du logement, la mobilisation prend de l'ampleur et dépasse désormais les frontières de la France. Réuni en Assemblée générale les 20 et 21 avril à Bruxelles, le Conseil des Architectes d'Europe (CAE) a apporté "à l'unanimité, son plein et entier soutien au combat que mènent les architectes français dans le cadre de la loi Elan", annonce le Conseil national de l'Ordre des Architectes (CNOA). "La motion signée à l'unanimité par le conseil des architectes européens n'est pas neutre, et rappelle au gouvernement français que 'le logement n'est pas un produit financier, c'est un enjeu citoyen, un projet de société' est un discrédit fort", commente Denis Dessus.

 

 

Pour l'Ordre français, cette "motion de soutien unanime du CAE sonne comme un désaveu de la politique que le gouvernement français souhaite mener en matière de logement". Denis Dessus, président du CNOA, développe : "Emmanuel Macron, par un projet de loi totalement régressif nous ramenant un demi-siècle en arrière, envoie un très mauvais message alors que la nécessité d'une politique architecturale et culturelle ambitieuse est aujourd'hui acquise en Europe". Il rappelle par ailleurs que "la totalité des ministres de la culture, à l'exception notable de la ministre française, ont signé fin janvier à Davos une longue déclaration et un engagement commun en ce sens".

 

Le CAE c'est 33 nations et plus de 600.000 architectes

 

Fort de ces soutiens, Denis Dessus, au nom de la délégation française composée du CNOA, de l'UNSFA et du Syndicat de l'architecture, en profite pour rappeler une nouvelle fois "la nécessité du concours d'architecture pour les grands projets, ainsi que les principes de l'indépendance de la maîtrise d'œuvre vis-à-vis de l'entreprise et du contrôle par l'architecte de la bonne exécution des ouvrages qu'il a conçus" et insiste ainsi sur le fait que ces principes sont "partagés par l'ensemble des organisations d'architectes présentes".

 

Le Président du CNOA espère aussi que ce soutien pèsera dans les discussions et souligne d'ailleurs le poids économique que représente la profession qui "conçoit et prescrit chaque année 60 milliards d'euros de travaux en France, dix fois plus en Europe". A titre indicatif, rappelons que le CAE "regroupe les organisations représentatives des pays de l'Union européenne, des pays candidats à l'Union et autres pays, soit au total 33 nations, et plus de 600.000 architectes".

 

 

"Tant que la loi n'est pas votée, nous comptons l'améliorer et nous portons des propositions en ce sens", Denis Dessus

 

Concernant les discussions sur la loi Elan, Denis Dessus nous a confié avoir "de bons contacts" expliquant que "les parlementaires sont de notre avis" mais qu'il se heurte "aux consignes gouvernementales auprès des parlementaires REM" qui ne veulent pas "toucher à la loi même si elle est totalement contreproductive, comme le sont certains articles de Elan". Le président du CNOA rappelle enfin qu'un collectif, regroupant les concepteurs, architectes et urbanistes, les associations du droit au logement et de l'accessibilité, les consommateurs, les PME et artisans, etc... est créé et qu'une journée nationale de débats, pour porter les propositions de la société civile, est organisée le 17 mai dans toutes les régions. "Tant que la loi n'est pas votée, nous comptons l'améliorer et nous portons des propositions en ce sens", conclut Denis Dessus.

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