CONJONCTURE. La commercialisation de logements neufs continue sa chute. Le secteur craint de graves conséquences économiques. Les récentes annonces gouvernementales sur le budget 2024 ne sont pas de nature à rassurer les acteurs.

Un quatrième trimestre de baisse d'affilée, et un niveau qui atteint un plancher même pas vu en plein confinement. La commercialisation des logements neufs atteint des niveaux "catastrophiques" au premier trimestre 2023, et le secteur craint des conséquences économiques et sociales imminentes.

 

 

Sur les trois premiers mois de l'année, 19.500 logements neufs commercialisés par les promoteurs immobiliers ont été réservés par des particuliers, indique le service des statistiques du gouvernement. Ce niveau de réservations diminue fortement par rapport au trimestre précédent (-13,3%), la baisse des réservations étant déjà importante les trois trimestres auparavant (-15,9% au quatrième trimestre 2022, -10% au troisième trimestre 2022 et -10,5% au deuxième trimestre 2022).

 

Sur un an, la baisse est très significative, puisqu'elle atteint 41,1%. Pire, le niveau atteint sur trois mois représente un plancher bas qui n'a même pas été atteint au plus fort du confinement, au deuxième trimestre 2020, où 21.750 logements avaient été réservés. Cette baisse des réservations au T1 concerne, dans les mêmes proportions, les logements neufs issus des nouvelles constructions et les logements neufs réhabilités ou rénovés.

 

 

"Il va y avoir de la casse"

 

Cet effondrement, entamé dans le courant de l'année dernière, a deux causes principales : la hausse des coûts de construction et les difficultés d'accès au crédit pour les acquéreurs.

 

"C'est une catastrophe", estime Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), auprès de l'AFP. "On fait -41% sur les chiffres 2022 qui étaient déjà mauvais", rappelle-t-il, craignant de graves conséquences pour les entreprises et l'emploi. "D'ici quelques semaines, vous allez avoir de la casse très rapidement. Je commence à avoir des entreprises qui m'appellent et me disent 'au secours'".

 

La chute des réservations est aussi marquée pour les appartements, coeur de métier des promoteurs, que pour les maisons. Elle concerne tous les types de territoires, mais est particulièrement vertigineuse (-48%) en zone B1, correspondant aux grandes agglomérations comme Bordeaux, Strasbourg, Rennes ou Nantes, et à la périphérie de villes très tendues comme Lyon et Lille.

 

 

Bercy entend baisser le budget du logement

 

Gabriel Attal, ministre du Budget, s'est exprimé, dans la presse, à plusieurs reprises ces dernier jours, pour indiquer que le secteur du logement, comme celui du travail, étaient ciblés en particulier pour des baisses dans le budget 2024, en préparation. "On sait qu'on dépense beaucoup plus que nos voisins européens sans qu'on puisse dire que nos résultats soient particulièrement meilleurs", a-t-il indiqué sur CNews, le 16 mai.

 

Les mises en ventes se replient également

 

S'agissant des mises en vente, le nombre de logements nouvellement commercialisés, de 24.700 logements, se replie également au premier trimestre 2023 (- 8,8% par rapport au trimestre précédent. Sur un an, le repli atteint 15%. Le nombre d'annulations atteint également des niveaux importants, puisqu'il représente l'équivalent de 22,6% des réservations au premier trimestre, soit 2,3 points de plus qu'au trimestre précédent.

 

Une fois tenu compte des nouveaux logements proposés à la vente, des ventes effectuées au cours du trimestre, des annulations de réservation et de l'actualisation du nombre de logements en vente (abandon de programmes, passage à de la vente en bloc, ...), le stock de logements disponibles à la vente est important.

 

Ainsi, l'encours de logements neufs proposés à la vente à la fin du premier trimestre 2023 progresse pour le quatrième trimestre consécutif et s'établit à 123.800 logements. Sur un an l'encours de logements neufs proposés à la vente progresse de 19,6%. "C'est complètement fou", commente Pascal Boulanger. "Ca veut dire qu'on est en panne. On a déjà peu d'offre, et le peu qu'on a en offre, on ne le vend pas...".

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