ANALYSE. La dégringolade des constructions de logements inquiète au plus haut point la Fédération française du bâtiment, qui redoute de graves répercussions sur l'emploi du secteur. Les professionnels formulent une nouvelle fois des propositions pour tenter de redresser la situation.


Le Bâtiment est-il sur une pente dangereuse ? La dégringolade des constructions de logements inquiète au plus haut point les professionnels, alertés par le cumul des crises et redoutant de graves répercussions sur l'emploi du secteur. "On entre dans une nouvelle crise, une crise supplémentaire", prévient Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB). "Le ressort du logement neuf est cassé", menaçant ainsi l'emploi en 2024. "100.000 salariés sont en danger", ajoute-t-il.

 

 

Il faut dire que les chiffres ne sont en effet pas bons. À fin février 2023, les mises en chantiers se rétractent de 1,1% en glissement annuel sur trois mois, dont -8,6% dans l'individuel et +4,4% pour le collectif. Les choses ne risquent pas de s'arranger avec la chute de 26,7% des permis de construire aussi bien pour l'individuel que pour le collectif.

 

"Les chiffres s'effondrent", se lamente Olivier Salleron, en citant aussi l'écroulement de 30,9% des ventes des constructeurs de maisons individuelles en 2022, et qui ressortent encore à -26,6% à fin février 2023, en glissement annuel sur deux mois. Les promoteurs ne font guère mieux, leurs transactions accusant -24,3% en glissement annuel au 4e trimestre 2022 et étant toujours mal orientées début 2023. La FFB constate par ailleurs une progression importante des annulations de ventes, qu'elle impute à la contraction du marché du crédit.

 

L'amélioration-entretien porte l'activité

 

"Sans changement tendanciel, si rien n'est fait, les mises en chantiers continueront à s'effondrer", s'alarme Olivier Salleron. La chute des ventes de logements neufs continuerait en 2023, avec -20% anticipés. La situation pourrait se stabiliser à un bas niveau en 2024, avant un nouvel effondrement de 25% des mises en chantiers entre 2022 et 2025, qui tomberaient à 274.000 unités. "Le recul à terme de l'activité dans le neuf serait de la même ampleur, soit -25% hors effet prix", complète le patron de la FFB.

 

Le non résidentiel neuf pourrait également connaître une crise, même si pour l'heure il souffle le chaud et le froid. Les surfaces commencées reculent de 14,5% en glissement annuel sur trois mois à fin février 2023. A contrario, les surfaces autorisées augmentent de 7,9%, avec dans le détail des commerces à la peine mais une excellente forme des immeubles tertiaires et locaux administratifs. Avec un Zan (zéro artificialisation nette) plutôt conciliant, la filière table d'ici 2025 sur un maintien de l'activité à son niveau de 2022. Le ralentissement des bureaux et commerces serait compensé par le redressement des sites industriels, bâtiments de stockage et locaux administratifs.

 

L'amélioration-entretien a pour sa part encore progressé. "Elle continue à porter l'activité, mais avec un score un peu décevant de la rénovation énergétique", analyse Olivier Salleron. Malgré cela, "530.000 salariés du Bâtiment travaillent dans une entreprise RGE, ce qui va à l'encontre d'une idée reçue selon laquelle nous ne serions pas assez nombreux pour assumer les chantiers de rénovation énergétique".

 

Au 4e trimestre 2022, son volume a légèrement progressé de 1,8% en glissement annuel, dont 1,4% pour la rénovation énergétique, contre respectivement +2,1% et +1,8% sur toute l'année dernière. Les perspectives du début 2023 augurent d'une activité inférieure à sa moyenne de long terme. Sans majoration des dispositifs d'aides et sans amélioration du marché du crédit, l'amélioration-entretien ne gagnerait plus que 2% en moyenne et en volume chaque année d'ici 2025.

 

Les prix des matériaux toujours sous tension

 

"La rénovation constitue 55% de notre chiffre d'affaires contre 45% pour le neuf", résume Olivier Salleron. D'une manière générale, la production du Bâtiment baisserait de
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