RENOVATION. Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuelle Wargon, Frédéric Utzmann, PDG d'Effy, demande au gouvernement la création "urgente" d'un groupe de travail sur le sujet de la fraude aux travaux de rénovation énergétique à un euro.

Patrick Liébus fait des émules. Moins d'une semaine après la publication d'un communiqué dans lequel le président de la Capeb, qui représente les artisans du bâtiment, dénonçait des "déclarations à l'emporte-pièce" d'Emmanuelle Wargon au sujet de la fraude aux offres de rénovation énergétique à un euro, c'est au tour de Frédéric Utzmann, PDG d'Effy, de demander la création d'un groupe de travail sur le sujet à la secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique. "Nous rejoignons les craintes de la Capeb sur la multiplication d'acteurs et de plateformes peu scrupuleux, voire frauduleux", écrit le dirigeant de la société spécialisée dans l'efficacité énergétique, dans une lettre ouverte adressée à Emmanuelle Wargon.

 

 

Des acteurs qui "harcèlent téléphoniquement les ménages les plus vulnérables et s'imposent chez eux pour y bricoler des "travaux" de piètre qualité", souligne Frédéric Utzmann. Des acteurs qui, ce faisant, "discréditent les bons professionnels", s'alarme-t-il, rappelant que les 170 entreprises partenaires du Pacte Energie Solidarité dans les territoires représentent "plusieurs milliers d'emplois."

 

Un groupe de travail constitué de services de l'Etat et d'associations professionnelles et de consommateurs

 

Or le patron d'Effy observe que la loi énergie-climat, définitivement adoptée par le Parlement la semaine dernière, donne au gouvernement "des armes et leviers d'actions nouveaux et puissants" pour lutter contre la fraude aux travaux de rénovation énergétique à un euro. "L'élément le plus important réside dans l'autorisation donnée aux différents services de l'Etat de se parler de faisceaux d'indices, afin qu'une investigation (initiée par un service) en déclenche d'autres (dans d'autres services), sans qu'il soit besoin d'attendre une condamnation", précise Frédéric Utzmann à Batiactu.

 

Il demande donc à Emmanuelle Wargon "la création urgente d'un groupe de travail, pour traduire ces leviers et armes nouvelles de lutte contre les fraudeurs en actions concrètes." Un groupe de travail qu'Effy imagine composé d'un côté de différents services de l'Etat, comme Bercy, les ministères de l'Ecologie et du Logement, ainsi que la DGCCRF, et, de l'autre côté, de fédérations professionnelles, sectorielles et d'associations de consommateurs.

 

Le gouvernement annoncera un plan de lutte contre la fraude mi-octobre

 

 

Le gouvernement semble pourtant conscient du problème et déterminé à agir. Ces dernières semaines, Emmanuelle Wargon, et plus largement le ministère de la Transition écologique, a communiqué à plusieurs reprises au sujet d'un plan de lutte contre la fraude aux travaux de rénovation énergétique, qui sera annoncé mi-octobre. Il comprendra notamment une campagne de sensibilisation sur le démarchage abusif, en partenariat avec la DGCCRF. Ainsi qu'un travail d'amélioration du label RGE (reconnu garant de l'environnement).

 

"Il y a un sentiment d'urgence. Des entreprises avec lesquelles nous travaillons nous demandent quelles mesures seront prises concrètement, dans les semaines, les mois qui viennent. C'est pourquoi nous voulons impulser concrètement une réponse à très court terme", rétorque Frédéric Utzmann. Mais le temps de l'administration et celui des entreprises ne sont pas forcément les mêmes.

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