Michèle Pappalardo insiste également sur le renforcement de la qualité de l'offre professionnelle, par le biais de formations actuellement discutées avec la FFB et la Capeb (et l'amélioration du dispositif RGE), et sur le déploiement du guichet unique avec répartition des compétences entre l'Etat, les régions, les communes et les EPCI. Vincent Perrault, le responsable du programme Habiter Mieux de l'Anah souhaite répondre à ces enjeux, à la fois en termes de volume en visant 75.000 rénovations par an, mais également de qualité. Il a rappelé avec énergie que des opérations de réhabilitation de passoires thermiques avaient un bénéfice sanitaire certain, avec des aspects de confort thermique et acoustique, qui amènent des effets positifs sur la santé des occupants : moins d'affections respiratoires, moins de problèmes du sommeil et moins de troubles psychiques (anxiété ou dépression).

 

Les copropriétés si délicates à décider

 

La responsable du cabinet ministériel note encore des déficiences dans les actions pour les copropriétés, qui auraient besoin d'outils plus adaptés. Un point de vue partagé par le thermicien André Pouget, qui estime que le sujet des copropriétés est le plus compliqué à gérer. Il propose une méthodologie basée sur l'écoute et sur un audit préalable des occupants afin de comprendre les besoins et de présenter ensuite les différentes options disponibles pour rénover l'immeuble. Ensuite, dans un 2e temps, des études plus poussées d'optimisation techniques et économiques seront nécessaires. Il glisse : « L'important est de proposer d'embarquer la performance énergétique à chaque occasion opportune et de lister les recommandations pour les parties privatives, en proposant des approches solutions compatibles avec la RE 2020 ». L'exemple de la copropriété Du Guesclin située dans le 14e arrondissement parisien a notamment été cité. Concernant la rénovation des bâtiments tertiaires, c'est le cas de la tour Montparnasse qui a fait l'objet d'une présentation détaillée de la part des architectes de la Nouvelle AOM. La rénovation des copropriétés est effectivement un des points difficiles, reconnaît le co-animateur du Plan de rénovation, Alain Maugard. Autre point de difficulté : les propriétaires bailleurs qu'il faut encore convaincre de se lancer dans la rénovation de leur bien. « La bonne nouvelle c'est que dans les zones détendues les logements mis en location n'ont pas la même valeur en fonction de leur étiquette énergétique », a ajoute t-il.

 

Michèle Pappalardo souligne enfin que le Diagnostic de performance énergétique devra être fiabilisé afin de devenir un véritable outil, plus adéquat qu'il ne l'est. Elle conclut : « Cette concertation nous conforte grâce à toutes les contributions reçues. Le but est d'être performants tous ensemble ».

 

« C'est un défi collectif, où il faut amener de l'intelligence », Vincent Perrault (Anah)

 

 

Lors de la table ronde sur le retour d'expérience E+C-, Nicolas Doré (Ademe) a rappelé l'enjeu : « C'est la généralisation des immeubles à énergie positive et à faible impact carbone, ce qui est très nouveau et nécessite une vraie montée en compétence ». Pour lui, l'expérimentation repose sur trois piliers que sont les méthodes de calcul pour l'énergie et le carbone avec des règles et des hypothèses à affiner, un label volontaire présentant différents niveaux allant de E1 à E4 pour l'énergie et de C1 à C2 pour le carbone, et enfin une base de données nationale gérée par un observatoire qui rassemble un maximum de caractéristiques de comparaison. Il loue ce mode de construction collaboratif de la future réglementation environnementale 2020 qu'il voit « ambitieuse mais réaliste ». Toutefois, lui comme d'autres intervenants alertent les industriels de la construction sur l'investissement nécessaire à l'enrichissement de la base de données Inies avec des fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) et des PEP écopassports. Sans ces fichiers point d'analyse du cycle de vie exacte ! Le professionnel soutient également une diversification des profils de bâtiments renseignés, notant une surreprésentation des logements et un déficit d'immeubles tertiaires ou d'enseignement.

 

Jean-Christophe Visier, du CSTB, déclare : « Le bâtiment prend sa part dans le défi climatique. Tout le monde se met en marche, c'est une très bonne nouvelle. Mais ce n'est que le début du chemin. Les industriels doivent fournir des données fiables et beaucoup reste à faire. Pour la maîtrise d'œuvre, c'est une étape de progression des compétences qu'il faut franchir. Quant aux énergéticiens, ils ont un rôle majeur à jouer pour décarboner l'énergie ». Pour lui, le bâtiment bas carbone reposera d'abord sur la matière grise.

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