EDF et DCNS ont annoncé qu'un défaut de composant avait été identifié sur l'ensemble des hydroliennes produites jusqu'à ce jour (soit quatre machines). Celles qui ont été déployées au large de Paimpol-Bréhat devront être remontées à la surface pour être modifiées. La mise en service du parc pilote est repoussée à fin 2017.

Le déploiement de machines électriques de grandes dimensions dans un milieu marin n'est pas sans poser de gros problèmes techniques. Après les déboires rencontrés par Sabella lors de l'installation de son hydrolienne D10, dont le câble avait été endommagé, c'est au tour d'EDF de rencontrer des difficultés avec ses turbines sous-marines. L'électricien national, associé au groupe DCNS, explique : "Un défaut de qualité d'un composant rencontré sur les turbines OpenHydro1 n'a pas permis de mener à leur terme les étapes de production et de mesures de performances".

 

 

Le problème concerne "un élément permettant de fixer certains composants de la machine". Décision a donc été prise de remonter les deux engins immergés au large de Paimpol-Bréhat (Côtes d'Armor) en janvier et mai dernier. Impossible toutefois de procéder à la réparation in situ, par 40 mètres de fond, à 15 kilomètres des côtes, il sera nécessaire de remonter les turbines de 16 mètres de diamètre après l'hiver, lorsque les conditions météorologiques seront plus favorables. "L'objectif est ensuite de remettre à l'eau les machines avant la fin de l'année 2017", indique le communiqué. Un coup de frein à la première ferme hydrolienne au monde, deux machines reliées à un seul câble, qui devait entrer en service avant l'hiver 2016-2017. Cependant, tout n'est pas perdu pour DCNS-OpenHydro : les deux autres machines du même modèle déjà produites (descendantes de la première Arcouest), destinées à un parc pilote au Canada (baie de Fundy) et qui souffraient du même défaut, ont été modifiées à temps. La première est d'ailleurs déjà installée et a commencé à produire ses premiers kWh, tandis que la seconde est en cours de réparation. La ferme canadienne sera donc la première en service dans le monde…

 

Des fermes pilotes non opérationnelles, quid des parcs commerciaux ?

 

 

Rappelons que Ségolène Royal a souhaité accélérer le déploiement des énergies marines renouvelables dans le cadre de l'application de la loi de Transition énergétique. En mai 2016, la ministre de l'Environnement avait annoncé que, d'ici à 2023, une puissance de 6 GW serait attribuée en plus des 3 GW déjà prévus. Outre les sites de Paimpol-Bréhat, choisi par EDF-DCNS, et du Fromveur (Finistère) préféré par Sabella, c'est au raz Blanchard que semble se dérouler une compétition entre industriels. Deux projets de fermes commerciales, rassemblant encore plus de turbines que les installations pilotes, sont entrés en phase d'enquête publique : "Normandie Hydro" (EDF-DCNS) et "Nepthyd" (Engie-Alstom). Il était initialement prévu que ces installations soient opérationnelles en 2021-2023. Le problème enregistré sur les machines OpenHydro montre que les difficultés industrielles sont loin d'être totalement levées.

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