Trésorerie dans le rouge, confiance en berne… A nouveau, les indicateurs de l'activité des très petites entreprises françaises reculent : selon le dernier baromètre Fiducial, le rebond enregistré au 2e trimestre n'a pas perduré. Analyse.

Les 3,14 millions de dirigeants de "TPE", les très petites entreprises qui emploient entre 0 et 19 salariés, n'ont déjà plus le moral. Alors que le trimestre précédent avait montré un rebond significatif des indicateurs conjoncturels, leur optimisme s'effrite à nouveau. Pour ces petits patrons et entrepreneurs, la situation en France se dégrade avec 28 % d'opinions favorables (-4 points). Fiducial et l'Ifop précisent : "Avec 12 % de confiance, le gouvernement Valls atteint son plus bas niveau historique depuis la création du baromètre". En effet, en consultant les courbes, le gouvernement Raffarin avait atteint une valeur de 14 % de confiance en avril 2005, et le gouvernement Ayrault un plancher de 13 % juillet puis octobre 2013.

 

 

"En cause, une dégradation des indicateurs économiques", assure le spécialiste des services aux petites entreprises qui note : "La situation de trésorerie des TPE se détériore". Plus du quart des dirigeants sondés déclarent ainsi que la tendance est négative (+5 points en un trimestre). Quant à l'indicateur de "situation financière" (c'est-à-dire le pourcentage d'entreprises constatant une amélioration de cette situation par différence à celles enregistrant une dégradation), il baisse encore de 3 points pour s'établir à -17. Selon les chiffres avancés, seul le nombre de créations d'emplois serait en hausse (+0,5 point). Mais Fiducial tempère : "Néanmoins, ce boni ne permet pas de couvrir les disparitions de postes des entreprises ayant cessé d'exister".

 

L'immigration n'est pas perçue négativement

 

En période pré-électorale, l'enquête s'écarte des seuls indicateurs économiques pour se pencher sur d'autres préoccupations des chefs de TPE. Après des focus sur les inégalités, la précarité et la fiscalité, l'Ifop a cette fois posé des questions sur l'immigration et la sécurité. Des thèmes qui pourraient être au cœur des débats de la présidentielle de 2017. Il apparaît que la perception des dirigeants est "très contrastée". Si la question semble importante pour 82 % d'entre eux, ils ne sont plus que 53 % à estimer qu'elle aura un impact réel sur leur vote. Un peu plus de la moitié des petits patrons trouvent que les immigrés sont trop nombreux dans l'Hexagone (51 %) tandis que l'autre partie des sondés (47 %) pense le contraire. Ils sont 57 % à se déclarer inquiets face à cette problématique, contre 43 % à ne pas l'être. Enfin, ils sont exactement le même nombre (49 %) à souhaite que l'espace Schengen ferme ou ouvre ses frontières aux migrants. Une seule chose semble faire l'unanimité : développer une politique européenne de l'immigration, commune aux Etats membres (80 %).

 

Plus spécifiquement sur les travailleurs d'origine étrangère, les patrons de TPE donnent quelques détails : ils sont 46 % à employer des salariés non Français, provenant principalement d'Europe (28 %), d'Afrique du Nord (22 %) ou d'Afrique noire (15 %). La grande majorité se déclare satisfaite (82 %) de cette expérience, pour des aspects relationnels ou de méthodes de travail, ou de créativité et d'innovation. Comparant les "qualités" des travailleurs nationaux et étrangers, les deux-tiers des dirigeants les considèrent comme identiques. Mais une majorité d'entre eux (58 %) "souligne la nécessité d'un suivi et d'une formation plus développés lors de l'intégration de ces salariés".

 

 

La sécurité informatique inquiète les petits patrons

 

Quant à la question de la sécurité, elle semble plus importante, avec 64 % des patrons qui pensent en faire un critère de choix. Fiducial note : "De nombreux patrons de TPE déclarent avoir subi une ou plusieurs reprises au cours des 10 dernières années, dans le cadre de leur vie privée (74 %) et dans leur entreprise (59 %)". Ils listent des menaces verbales, des vols ou cambriolages, des piratages informatiques et des agressions physiques. Malgré tout, l'inquiétude reste modérée (21 %). Pour faire face au risque, près des trois-quarts de TPE sont déjà équipées d'au moins un équipement de protection spécifique des salariés ou des moyens de production (alarme, grilles, vitrages blindés, système de surveillance vidéo, vigile). C'est l'aspect sécurité numérique qui les préoccupe plus gravement : "les dirigeants de TPE se révèlent particulièrement inquiets s'agissant de la possibilité qu'un virus informatique détruise leurs données (69 %) ainsi que par le risque de vol des coordonnées bancaires (67 %) ou des mots de passe (59 %)".

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