Malgré un environnement économique - et météorologique - difficile au premier semestre, le groupe de BTP et de concessions Vinci a bien résisté. Les résultats publiés le 30 juillet font apparaître une progression du chiffre d'affaires ainsi qu'une réduction de l'endettement financier. Le résultat net est, en revanche, en léger repli.

Xavier Huillard, le président-directeur général de Vinci, peut se montrer satisfait : le groupe de BTP et de concessions affiche une bonne performance de ses comptes semestriels "malgré un environnement difficile et affecté par les intempéries". Le chiffre d'affaires global a augmenté, pour atteindre les 18,7 Mrds € (+4,3 %), traduisant à la fois une croissance organique (+2,6 %) et une croissance externe (+2,1 %), toutefois tempérées par un effet de change légèrement défavorable (-0,4 %). Le résultat net part du groupe, pour sa part, s'élève à 748 M€ (-4,7 %), notamment "sous l'effet des mesures fiscales mises en place en France au second semestre 2012". Vinci a réduit son endettement financier de 1,2 Mrd € en un an ; il s'établit désormais à 13 Mrds €. La liquidité du groupe au même moment est très élevée : 11,9 Mrds € se décomposant en trésorerie disponible de 5,5 Mrds € et en lignes de crédits bancaires à moyen terme (2016-2018) non utilisées de 6,4 Mrds €.

 

Progression du CA de presque toutes les divisions
Plus en détail, le chiffre d'affaires de la branche "Concessions" a progressé, atteignant les 2,577 Mrds € (+1,4 %). Les recettes de péages ont augmenté de 2,1 %, dépassant les 2,06 Mrds € "grâce à l'amélioration tendancielle du trafic sur le réseau interurbain depuis quelques mois", explique le rapport financier. L'activité de concession pure a, de son côté, réalisé un chiffre d'affaires de 465 M€ (+1 %), notamment grâce à la forte augmentation du trafic de certains aéroports gérés par Vinci Airports (Nantes-Atlantique et Cambodia Airports). Vinci Park a, en revanche, connu un repli de son CA, à 301 M€ (-1,9 %). La branche "Contracting" a vu son activité fortement augmenter, atteignant presque les 16,13 Mrds € (+5,3 %) : un résultat porté par la hausse enregistrée à l'international (+7,8 %) et en France (+4 %). L'Hexagone représente encore 58 % de ce chiffre, contre 42 % pour l'étranger.

 

"Vinci Energies" a également vu ses revenus augmenter, à 4,42 Mrds € (+5,8 %), là aussi porté par les marchés situés en dehors de France (+16,1 %). L'activité a fortement progressé au Brésil, au Benelux, au Royaume-Uni et en Suisse. Elle a été stable en Allemagne et s'est contractée en Suède, au Maroc et en Europe du Sud. En France, qui représente 60 % des revenus, le pôle s'est appuyé sur les télécommunications. Dans l'industrie, le bilan est plus mitigé et le chiffre réalisé dans le tertiaire est même en baisse. "Eurovia", la filiale de construction routière, a généré un CA de 3,6 Mrds € (-6 %) : en France (64 % du montant), les mauvaises conditions climatiques ont pénalisé l'activité routière, même si les activités liées aux infrastructures ferroviaires et transports urbains ont mieux résisté. A l'international, une forte baisse (-12,1 %) a été constatée en Europe centrale (Pologne, Slovaquie, République tchèque), en raison de l'achèvement de plusieurs grands projets et de la baisse du marché. Seuls le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont connu une certaine croissance.

 

Perspectives légèrement optimistes pour 2013
L'activité de "Construction" a, elle aussi, fortement progressé à 8,107 Mrd € (+11 %). Dans l'Hexagone, qui représente plus de 54 % du total, l'évolution traduit "la montée en régime du chantier de la LGV Tours-Bordeaux", ce qui compense le léger recul de l'activité bâtiment. A l'étranger, les activités en Grande-Bretagne et au Benelux ont progressé, tandis que celles d'Europe centrale sont en recul. Enfin, "Vinci Immobilier" a légèrement accru ses revenus, à 360 M€ (+0,6 %), davantage grâce à l'immobilier d'entreprise que l'immobilier résidentiel.

 

Les prises de commandes du premier semestre 2013 ont, quant à elles, représenté un montant de 16,9 Mrds €, sans inclure plusieurs contrats récents comme la ligne rouge du métro de Doha au Qatar ou le stade Dynamo de Moscou. Le carnet de commandes s'élevait, à la fin du mois de juin, à 31,8 Mrds €, soit 500 M€ de plus que six mois auparavant. Vinci affiche donc sa confiance sur ses perspectives et table sur une légère croissance organique de son CA annuel, avec une augmentation du trafic sur son réseau autoroutier et une croissance soutenue de celle des aéroports. Suite à l'incorporation des comptes de la société ANA qui gère les plateformes portugaises dans ceux du groupe, l'endettement financier devrait faire un bond d'environ 3 Mrds € supplémentaires.

 

Vers une nouvelle augmentation des tarifs autoroutiers ?
Interrogé sur la récente hausse de 50 % de la redevance domaniale, reversée par les sociétés d'autoroute à l'Etat, le p-dg de Vinci a été très clair : pour lui, seule une augmentation des tarifs autoroutiers pourront compenser cette facture supplémentaire de 100 M€. Car les contrats en cours, qui lient les sociétés autoroutières à l'Etat, stipulent que "toute hausse de la fiscalité spécifique aux autoroutes doit être compensée par le concédant". Le produit de la taxe, qui rapportait près de 200 M€ en 2011, est reversé à l'Agence de financement des infrastructures de transport. Le décret, publié au JO le 29 mai dernier, qui instaure la hausse de la redevance a donc fait l'objet d'un recours auprès du tribunal administratif de la part des sociétés autoroutières. Dans un rapport récent, la Cour des Comptes dénonçait pourtant les augmentations importantes des péages autoroutiers, dues aux relations contractuelles déséquilibrées qu'entretiendrait l'Etat avec les sociétés exploitantes, en charge depuis 2006.
Xavier Huillard a également évoqué les difficiles discussions menées avec l'Etat pour réaliser de 3 à 3,5 Mrds € de travaux supplémentaires sur le réseau, en échange d'un allongement de la durée des concessions.

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