FOCUS. Face aux crises qui se multiplient depuis deux ans, du Covid aux épisodes météorologiques très violents de cet été en passant par la flambée des prix énergétiques depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'exécutif planche sur un plan de sobriété. L'hôtel de Roquelaure a déjà lancé des groupes de travail sectoriels sur le sujet avant l'été, et prépare un projet de loi pour accélérer le déploiement des renouvelables.

Le Gouvernement semble vouloir préparer les esprits à un hiver compliqué. Le président de la République en tête : "Notre liberté, le régime de liberté de vie dans lequel nous nous sommes habitués à vivre a un coût. Et parfois quand il faut le défendre, [cela] peut supposer des sacrifices, d'aller au bout de certaines batailles à mener. La situation que nous vivons a un coût", a déclaré Emmanuel Macron en préambule du Conseil des ministres qui s'est tenu hier à l'Élysée.

 

 

Car la situation est pour le moins tendue : aux perturbations économiques héritées de la pandémie de Covid se sont ajoutées la flambée des prix énergétiques depuis la guerre en Ukraine, ainsi que le réchauffement climatique qui se fait de plus en plus sentir au vu de la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes. Canicules, sécheresse et incendies ont ainsi émaillé l'actualité estivale de l'Hexagone. Les craintes se focalisent désormais sur l'approvisionnement en gaz pour cet hiver, sans oublier la facture d'électricité qui risque d'exploser.

 

"Des paquets de mesures portant planification écologique à l'automne"

 

Face à ces crises, le Gouvernement assure reconnaître l'urgence de la situation et être mobilisé. "Nous sommes face à des illustrations concrètes d'un changement climatique d'ampleur qui touche l'ensemble de la planète", a affirmé Olivier Véran, le porte-parole de l'exécutif, à l'issue du Conseil des ministres de ce 24 août. Le Gouvernement devrait "présenter des paquets de mesures portant planification écologique à l'automne", une prise de parole d'Élisabeth Borne étant déjà prévue le 29 août prochain sur le thème de la sobriété énergétique.

 

Par ailleurs, "le Gouvernement présentera un plan pour sécuriser les approvisionnements d'énergie pour l'hiver prochain" ainsi qu'un projet de loi "pour accélérer tous les projets de production d'énergie", en septembre. Il s'agit du texte préparé depuis plusieurs mois par Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, sur le développement des énergies renouvelables (ENR), qui devrait englober des mesures bien plus larges, touchant notamment le BTP. Des groupes de travail "sectoriels" plancheront en outre sur la manière d'appliquer la sobriété énergétique dans chaque filière.

 

Sobriété à tous les niveaux

 

L'exécutif veut donc visiblement passer à la vitesse supérieure. Avant l'été, Agnès Pannier-Runacher a déjà lancé plusieurs groupes de travail dédiées à la sobriété énergétique auprès de différents acteurs : l'État et son administration, les entreprises et l'organisation du travail en général, les établissements recevant du public (ERP), le parc de logements ou encore les collectivités territoriales.

 

Fin juillet, la ministre de la Transition énergétique a également annoncé des "mesures d'urgence" visant à accélérer le développement d'unités de production d'ENR électriques. La filière photovoltaïque, entre autres, bénéficie ainsi de nouvelles facilités.

 

 

Il s'agit aussi pour la France de s'aligner sur les derniers objectifs fixés par le Conseil de l'Union européenne : fin juin dernier, lorsqu'il était encore sous présidence française, celui-ci a adopté des "orientations générales" sur deux propositions en rapport avec le fameux paquet de mesures législatives "Ajustement à l'objectif 55" ("Fit for 55"), qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Vieux Continent d'au moins 55% d'ici 2030 par rapport à leur niveau de 1990.

 

Les directives communautaires sur les ENR et l'efficacité énergétique vont par conséquent être dotées d'objectifs encore plus ambitieux que ceux établis à l'origine. Ce qui signifie concrètement, pour les États-membres, leurs populations et leurs économies, davantage d'efforts à fournir dans la lutte contre le changement climatique.

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