PERSPECTIVES. Le président de la République en a appelé à une "mobilisation générale" en matière de sobriété énergétique, de façon à permettre à la France de se passer totalement de gaz russe.

Il paraît loin le temps où, fraîchement élu en 2017, le président de la République Emmanuel Macron décidait de diminuer les aides affectées au crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE). Car ce 14 juillet 2022, le chef de l'État, lors de sa traditionnelle interview annuelle, a décrété la "mobilisation générale" en faveur de la sobriété énergétique. Parallèlement, les financements en faveur de la transition énergétique devraient être décuplés, a-t-il précisé, évoquant la rénovation énergétique.

 

Un "scénario très dur"

 

La différence entre le contexte de 2017 et l'actuel, Emmanuel Macron l'a rappelé, c'est la menace de la Russie de couper ses approvisionnements en gaz - auxquels la France est dépendante à un peu moins de 20%. "C'est un scénario très dur, nous devons nous y préparer", a-t-il reconnu. D'où une mobilisation attendue en premier lieu des services de l'État (administrations publiques, collectivités...), mais également des grands groupes et entreprises privés, et enfin de la population générale. Un plan de sobriété énergétique, déjà annoncé par la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, sera préparé "dès cet été", contenant des objectifs de réduction des consommations. D'après le Président, elles sont déjà en baisse ces derniers temps, preuve que la prise de conscience est réelle. Les pouvoirs publics ont fixé un cap de -10% à l'horizon de deux ans.

Une "chasse au gaspillage énergétique"

 

Comme gisements d'efforts, le chef de l'État a notamment évoqué les "éclairages inutiles le soir", la "chasse au gaspillage énergétique", ou encore la manière avec laquelle nous utilisons l'électricité. L'idée est de lisser les pics de consommation hivernaux pour éviter les coupures, tout en maintenant l'activité économique (le cœur d'activité des industries ne devra pas être impacté par ces nouveaux usages, a-t-il été précisé).

 

Sortir des énergies fossiles tout en accroissant l'indépendance énergétique

 

L'autre pilier évoqué par Emmanuel Macron est le développement des énergies renouvelables, dans un souci de quitter les énergies fossiles, tout en accroissant l'indépendance du pays. Une loi d'urgence sera initiée dès cet été pour réduire les délais de concrétisation de ces projets - un projet lui aussi déjà annoncé par Agnès Pannier-Runacher. "Nous mettons dix ans à faire un projet d'éolien offshore", regrette Emmanuel Macron. Qui souhaite un développement plus important du solaire, de la géothermie, de la biomasse et de l'éolien terrestre, même si ce dernier domaine pose des problèmes "d'acceptabilité". Les pompes à chaleur ont également été citées par Emmanuel Macron comme l'une des solutions prioritaires à mettre en œuvre. Le palais de l'Élysée fait l'objet de travaux de rénovation énergétique, a également indiqué le chef de l'État, avec un possible recours d'ici à quelques mois à la géothermie.

 

L'État devra, pour accompagner ce mouvement, investir davantage. "L'urgence doit nous conduire à aller beaucoup plus vite sur le climat, utiliser l'argent public pour rénover les logements et prendre en charge beaucoup plus" de dépenses, a-t-il assuré. "Les aides [de type bouclier énergétique, NDLR], nous allons les resserrer, pour accélérer sur la transition énergétique et y mettre beaucoup plus d'argent." La fiscalité qui a été récoltée du fait de l'inflation des prix de l'énergie y participera. Le secteur de la rénovation énergétique, de toute évidence, devrait être l'un des principaux secteurs bénéficiaires de ce mouvement, avec en ligne de mire la massification des offres globales et la diminution des restes à charge pour les foyers les plus précaires.

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