ÉCONOMIE. Annoncées par le Gouvernement depuis plusieurs mois, les Assises du bâtiment et des travaux publics doivent se tenir le 22 septembre prochain, à Bercy. Les organisations représentatives du secteur attendent cette grand-messe de pied ferme pour poser tous les dossiers problématiques sur la table.

La date est fixée, confirmée par Bercy à Batiactu : le 22 septembre. Annoncées par le Gouvernement depuis plusieurs mois, les Assises du bâtiment et des travaux publics doivent se tenir à cette date, au ministère de l'Économie. Les organisations représentatives du secteur attendent cette grand-messe de pied ferme pour poser tous les dossiers problématiques sur la table.

 

 

Difficultés d'approvisionnement, voire pénuries de matériaux et d'équipements, inflation, crise énergétique, manque de main-d'oeuvre, remboursement des PGE (prêts garantis par l'État), solidarité entre acteurs, indexation des prix des marchés, modalités de financement, accompagnement de la trésorerie des entreprises, avances sur marchés, financement de la Réglementation environnementale 2020, indexation des aides (Ma prime rénov', certificats d'économie d'énergie, prêts à taux zéro)... Autant dire que les discussions ne vont pas manquer, et risquent même d'être animées au ministère.

 

Bruno Le Maire, qui en est toujours le locataire, serait à l'initiative de cet évènement. "Les Assises du BTP sont les bienvenues ; il n'est jamais trop tard pour redresser la barre. On ne réussira pas la transition écologique sans artisans, sans entreprises du bâtiment présents sur tout le territoire", avait jugé Olivier Salleron, président de la FFB (Fédération française du bâtiment), au début de l'été.

 

Beaucoup de préoccupations... et de demandes

 

Depuis, les professionnels espèrent aborder l'ensemble de leurs sujets de préoccupations à cette occasion. Parmi ses principales attentes, la fédération, sollicitée par Batiactu, souhaite que le seuil à 100.000 € des marchés publics passés de gré à gré soit pérennisé, et le taux d'avance, relevé. L'obtention simple d'avenants en cas de surcoût de matériaux et l'instauration d'un observatoire des prix des matériaux, gage d'une meilleure visibilité pour les entreprises, font aussi partie des demandes.

 

Afin de limiter les risques de fraudes, la sous-traitance en cascade pourrait également être limitée, quand la dématérialisation de l'instruction des permis de construire permettrait de conforter la reprise du neuf. Au sujet de la mise en place de la filière Rep (responsabilité élargie du producteur de déchets) dans le bâtiment, la FFB plaide en outre pour le report d'un an de l'entrée en vigueur de la surcharge matériaux, invoquant l'absence actuelle des tarifs correspondants pour la réalisation des devis.

 

"Nous mettons tout en oeuvre pour que les Assises du BTP soient le point de départ d'une nouvelle orientation au service des artisans et entrepreneurs, et plus largement de nos concitoyens en ces temps difficiles", insiste Olivier Salleron, qui propose par ailleurs que l'évènement s'inscrive durablement dans le paysage sous la forme d'un "conseil national de la construction", un organe qui pourrait être consulté "tous les mois" par le biais de "clauses de revoyure".

 

"Des mesures seront annoncées sur l'équilibre économique, la simplification et la transition écologique"

 

Toujours est-il qu'il y a urgence, d'après la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment). "Les entreprises artisanales, qui savent s'adapter, ont réussi jusqu'à présent à maintenir leur activité à un niveau très satisfaisant, mais cela ne pourra pas durer", a mis en garde son président Jean-Christophe Repon, lors de sa conférence de rentrée hier. Il a donc appelé le Gouvernement "à prendre les mesures qui s'imposent pour répondre de manière efficace à l'inflation, à la nécessaire transparence des prix et au risque de récession en 2023".

 

"Ce rendez-vous est une première étape qui permettra de conclure les travaux menés cet été avec les acteurs concernés", a indiqué Bercy à Batiactu. "Ainsi des mesures seront annoncées, à la fois sur l'équilibre économique des opérations, la simplification et la transition écologique." La concertation se poursuivra ensuite avec l'ensemble des parties prenantes, particulièrement sur les questions de la formation et du numérique. "Ces travaux se concluront lors d'un deuxième rendez-vous, plus tard dans l'année", complète le ministère.

 

Solidarité entre acteurs

 

 

Le secteur de la construction fait l'objet d'une attention toute particulière depuis la pandémie, comme en témoigne la création ex nihilo en juin 2021 d'un comité de crise dédié aux pénuries de matériaux et aux retards de paiement. Présidée par le Médiateur des entreprises, la structure a réussi à apaiser quelque peu la situation, chacun ayant tout de même été appelé à faire preuve de responsabilité pour éviter une réaction en chaîne.

 

"Nous avons été frappés de constater qu'il n'y avait aucune discussion dans un certain nombre de cas, avec des hausses de prix et des ruptures de quantités imposées aux artisans et TPE-PME, ce qui les met immédiatement en difficulté", avait analysé pour Batiactu Pierre Pelouzet, à la tête de la médiation des entreprises, quelques mois plus tard. "Et ce d'autant plus s'ils ont des clients importants à l'autre bout de la chaîne qui ne jouent pas non plus la carte de la solidarité - ce sont les comportements côté demande, donc en aval de la filière."

 

Puis, à la fin du mois de janvier 2022, l'exécutif avait décidé d'élargir les missions du comité sur les délais de paiement, lancé, lui, en mars 2020, à "l'ensemble des filières" et aux "entreprises de toutes tailles étant touchées par les tensions", ce qui incluait donc de fait le BTP. Le travail amorcé a engendré une réflexion plus large sur le fonctionnement du secteur, qui a elle-même débouché sur une déclaration de solidarité économique entre acteurs, signée par 11 organisations patronales du bâtiment et des travaux publics, à l'exception de la Capeb, qui s'en est expliqué.

actionclactionfp