ENTRETIEN. La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) n'a pas signé la charte d'engagement de la filière, visant à lutter contre les effets délétères de la crise inflationniste. Jean-Christophe Repon, président de l'organisation patronale, explique pourquoi à Batiactu.

Onze organisations du secteur de la construction ont signé, le 11 juillet 2022, une déclaration commune d'engagement pour soutenir l'ensemble de la filière dans la crise de l'inflation des prix des matériaux qu'elle traverse. La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), si elle a salué l'initiative, n'a toutefois pas apporté sa signature au document. Jean-Christophe Repon, président de l'organisation patronale, nous explique pourquoi.

 

Batiactu : Pourquoi ne pas avoir signé la déclaration de filière ?

 

Jean-Christophe Repon : Dès que nous avons constaté une recrudescence des prix des énergies et des matériaux, nous nous sommes demandé ce que nous pouvions faire à notre niveau. Nous avons échangé avec nos partenaires commerciaux et industriels, et une dizaine d'entre eux se sont engagés à respecter l'activité économique et à faire preuve de solidarité en instaurant un délai de prévenance des modifications de prix d'un mois. Nous avons donc embarqué avec nous neuf partenaires, dont le groupe Saint-Gobain, à ce sujet.

 

Mais dans le cadre de la déclaration de filière signée le 11 juillet, nous n'arrivons même pas à avoir ce délai de prévenance, au bout d'un an de négociations, car les industriels l'ont refusé. On n'allait donc pas signer quelque chose de moins favorable que l'accord qu'on avait signé auparavant avec nos partenaires ! Je trouve effarant qu'on n'ait pas pu avoir la même chose dans cette déclaration d'intentions. Toutefois, le travail réalisé par la Médiation des entreprises et la filière sur d'autres sujets, comme les index BT divisés par deux et avec une révision, est à saluer. Pour une fois, la filière a été rassemblée, a fortiori à la veille des Assises du BTP, par rapport auxquelles nous avons beaucoup d'attentes.

 


Batiactu : Comment expliquer le changement d'attitude de certains acteurs entre l'accord de la Capeb et la déclaration de filière ?

 

J.-Ch. R. : Quand les industriels et les distributeurs sont dans le cadre de leurs fédérations respectives, ils ont tendance à dire "non"… C'est d'autant plus kafkaïen qu'il y a dans l'annexe de la déclaration de filière la liste des signataires de la déclaration de la Capeb… Il n'est pas question pour nous de pratiquer la politique de la chaise vide, mais nous ne pouvions pas pour autant signer quelque chose de non-contraignant.

 


Batiactu : Avez-vous fait valoir votre propre déclaration auprès du comité piloté par la Médiation des entreprises ?

 

J.-Ch. R. : Nous avons rappelé l'existence de la démarche signée avec nos partenaires ainsi que la mesure sur le délai de prévenance ; nous l'avons fait savoir et fait valider, mais il est assez surprenant que, malgré la présence de la Médiation des entreprises, les syndicats de la distribution ne se soient pas engagés. Pour notre part, nous avons joué notre rôle d'organisation patronale et avons défendu nos adhérents.

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