EXÉCUTIF. Emmanuel Macron s'est exprimé ce 29 juin 2020 devant les 150 citoyens de la Convention pour le climat pour leur annoncer qu'il était favorable à la quasi-totalité des mesures qu'ils ont proposé. Le chef de l'Etat a promis "un fonds de transformation écologique", destiné notamment au bâtiment.

"Ça n'est pas fini, ça n'est qu'une étape. Je veux que toutes vos propositions soient mises en oeuvre très vite." Ce 29 juin 2020, Emmanuel Macron s'est exprimé devant les 150 citoyens de la Convention pour le climat dans le parc de l'Élysée pour répondre officiellement à la remise de leurs travaux. Pour rappel, cette structure mise en place par le chef de l'État dans la foulée de la révolte sociale des Gilets jaunes a proposé 150 mesures visant à réduire les émissions polluantes de la France en accélérant la transition écologique du pays. Devant ces citoyens tirés au sort et plusieurs membres de son gouvernement, Emmanuel Macron a donc annoncé qu'il était favorable à la quasi-totalité des propositions et que les financements publics vont passer à la vitesse supérieure dans ce domaine : "L'Etat prendra toute sa part : 15 milliards d'euros supplémentaires sur deux ans seront injectés pour la conversion écologique de notre économie. Nous allons intégrer un fonds de transformation écologique de notre économie dans le plan de relance", fonds qui aura notamment pour finalités d'"investir dans les transports propres, [de] rénover nos bâtiments" et d'"inventer les industries de demain".

 

 

"Notre priorité des prochains mois, c'est d'avoir une taxe carbone européenne."

 

Le président de la République a d'ailleurs appelé les collectivités territoriales ainsi que le secteur privé à jouer un rôle aux côtés de l'Etat. Il s'est en revanche refusé à tomber dans le piège de l'écologie punitive en créant de nouveaux impôts : "Nous sommes déjà un pays très fiscalisé, donc plus de fiscalité ne serait pas une bonne chose. Par contre, nous devons réfléchir à plus de fiscalité incitative." Ce qui a amené Emmanuel Macron à parler de la taxe carbone, cet impôt qui avait mis le feu aux poudres de la révolte des Gilets jaunes : "Notre priorité des prochains mois, c'est d'avoir une taxe carbone européenne", a-t-il affirmé, déclenchant des applaudissements. "Au niveau national, il nous faut réfléchir à une évolution de la fiscalité pour mieux prendre en compte le carbone et éventuellement revoir les autres impôts."

 

"La solution, c'est d'investir davantage pour transformer plus vite le parc de logements et accompagner les ménages les plus modestes."

 

Le chef de l'Etat est également revenu sur l'une des propositions-choc de la Convention citoyenne pour le climat, à savoir l'interdiction des passoires thermiques : "Les interdire, c'est mettre des ménages qui sont dans une situation déjà compliquée dans une situation impossible, et réduire l'offre de logements", a-t-il estimé. "La solution, c'est d'investir davantage pour transformer plus vite le parc de logements et accompagner les ménages les plus modestes." Emmanuel Macron qui, sur ces sujets impactant les secteurs de la construction, du logement et de l'immobilier, a répété plusieurs fois de suite "Engageons-nous", "Allons-y", en évoquant au passage les défrichements ainsi que la mise en place d'un moratoire sur l'expansion des zones commerciales : "Arrêter la bétonisation, c'est un projet pour rendre notre pays plus humain, au fond plus beau", a-t-il déclaré, citant le retour des commerces dans les centres-villes et la fin de l'étalement des logements - "c'est un modèle dont nos concitoyens veulent sortir".

 

Examen parlementaire des mesures d'ici fin 2021 et "porte ouverte" à un référendum

 

Seules trois propositions ont été rejetées par l'exécutif : la taxe de 4% sur les dividendes, car une telle mesure pourrait avoir un impact négatif sur l'investissement aux yeux du Gouvernement ; la limitation de vitesse à 110 km/h sur les autoroutes ; et l'inscription dans la Constitution de la défense de l'environnement comme valeur de la République française "au-dessus des autres valeurs". Pour le reste, le chef de l'Etat a salué à plusieurs reprises le travail effectué par les 150 citoyens tirés au sort, en louant leur "courage de bousculer le système". Mais d'ajouter que l'ensemble de la population doit participer à cet effort : "Le succès passe par le changement de regard et d'habitude de chacun, des citoyens comme des entreprises".

 

Quoi qu'il en soit, Emmanuel Macron veut, dans ce dossier-là comme dans d'autres, "aller vite". D'ici la fin 2021, il appelle de ses voeux un examen par les deux Chambres parlementaires des propositions de la Convention pour le climat, avant d'envisager éventuellement un référendum si cela est "constitutionnellement possible" : "Dès 2021, je laisse la porte ouverte à un référendum sur un ou plusieurs textes de loi reprenant des propositions si les choses n'avancent pas assez vite ou si nous le jugeons pertinent", renvoyant à l'article 11 de la Constitution.

 

"Les citoyens seront associés au travail de suivi avec le Gouvernement et les parlementaires"

 

 

En conclusion, le président de la République a indiqué qu'il souhaitait voir le "travail remarquable" des membres de la Convention prolongé au-delà de la remise de leurs travaux. "Les citoyens seront associés au travail de suivi avec le Gouvernement et les parlementaires, qui sont déjà engagés sur ces sujets. Chaque mois, il y aura ce rendez-vous", a-t-il assuré, parlant même d'un "droit d'alerte" que les citoyens pourraient exercer au cas où l'évolution des débats et des procédures prendrait une mauvaise tournure à leurs yeux.

 

Visiblement satisfait des résultats obtenus par cette structure qu'il avait lui-même instauré pour tenter de calmer la gronde des Gilets jaunes, Emmanuel Macron souhaite en outre "qu'il y ait d'autres Conventions citoyennes" et a annoncé à ce propos : "Une réforme du Conseil économique, social et environnemental [Cese, ndlr] sera présentée au prochain Conseil des ministres, qui fera du Cese la Chambre des Conventions citoyennes". Et de conclure : "Le temps est à l'action et nous allons agir ensemble".

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