DIFFICULTÉS. C'est au tour de l'Union sociale pour l'habitat (USH) de tirer le signal d'alarme : les professionnels de la filière s'inquiètent des conséquences des pénuries de matériaux qui impactent le secteur du BTP.

Le mouvement HLM s'inquiète assez de la situation de pénuries rencontrée sur les chantiers pour diffuser, ce 16 juin 2021, un communiqué de presse sur le sujet. L'Union sociale pour l'habitat (USH) évoque notamment le manque de bois et d'acier, qui fait peser un risque sur la production de logements sociaux, mais également la rénovation. "Nous sommes alertés sur ce sujet depuis plusieurs semaines par nos adhérents", explique Marianne Louis, directrice générale de l'USH, contactée par Batiactu. "Ils nous signalent des appels d'offres infructueux pour cause de coûts bien plus élevés que prévu, ou des cas d'entreprises qui rencontrent des difficultés pour achever leur chantier."

 

L'USH "participera" à la médiation nationale

 

L'USH assure ainsi qu'elle participera "activement" à la médiation nationale que vient de lancer le gouvernement. L'enjeu est notamment celui de relever le défi posé par la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon, de programmer la construction de 250.000 logements sociaux dans les deux ans. Un collectif d'acteurs, dont Action logement, vient d'ailleurs de signer une charte pour aider à y parvenir.

 

Le mouvement HLM a-t-il l'intention de faire passer un mot d'ordre concernant les pénalités de retard à infliger - ou non - à une entreprise ? "Sur ce sujet, nous renvoyons aux discussions locales", répond Marianne Louis, avec l'appui possible de la médiation créée par les pouvoirs publics. L'USH souhaite en tout cas que le soutien à chaque acteur de la filière se fasse de manière équitable, en évitant par exemple que le premier bailleur qui renonce à ses pénalités de retard soit aussi le premier dont le chantier est arrêté. "Il faut gérer cette question au niveau des bassins d'activité, comme nous l'avons fait au moment des questions d'arrêts de chantier lors du premier confinement", estime Marianne Louis. "Et cela ne concerne pas uniquement la maîtrise d'ouvrage HLM, la sphère privée doit également être mise dans la boucle, pour que nous fixions des orientations nationales." L'USH ne milite pas, en tout cas, pour l'instauration de dispositifs d'absorption mécanique des surcoûts qui risqueraient d'encourager l'effet inflationniste. "Si l'on généralise l'indexation des prix, cela revient à faire mettre un pied dans l'inconnu aux bailleurs sociaux", remarque-t-elle. "Car jusqu'où nous arrêterions-nous ? Or, les bailleurs programment avec un budget et un équilibre économique à respecter. De plus, nous avons affaire à des logiques internationalisées, dont une grande partie ne dépend pas de nous. Nous ne sommes donc pas en mesure de nous auto-réguler les uns les autres. N'encourageons pas la bulle, mais pour autant ne pénalisons pas les entreprises qui ne finissent pas leur chantier à temps."

 

"Évitons les mono-solutions, qui ne feront qu'amplifier ces phénomènes de pénurie"

 

La crise actuelle a en tout cas ceci de frustrant, pour l'USH, qu'elle intervient à une période de reprise, alors que la filière s'est engagée aux côtés de la ministre sur les 250.000 logements sociaux supplémentaires. "Cela pose la question, à plus long terme, des filières industrielles françaises", ajoute Marianne Louis. "Par des effets normatifs, de plus en plus de pays veulent par exemple davantage construire en bois. D'où le message que nous avancions déjà lors des discussions sur la RE2020 : évitons le mono-solution, qui ne fera qu'amplifier ces phénomènes de pénurie. Cherchons plutôt des bouquets de solutions, au lieu de chercher à ne construire qu'en bois ou à n'installer que des pompes à chaleur. Effectuons notre conversion environnementale, mais à un rythme soutenable."

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