AVIS D'EXPERT. Une trentaine d'installations nucléaires (réacteurs de recherche, laboratoires, usines de retraitement) sont aujourd'hui à l'arrêt en France, et d'autres devraient suivre dans les années à venir. Comment les démanteler en toute sécurité ? Ginger Deleo apporte les (radio-)éléments de réponse.

Si la durée de vie des centrales nucléaires est limitée à une centaine d'années dont environ 40 ans d'exploitation et autant de temps de démantèlement, celle des isotopes qu'elles contiennent est beaucoup, beaucoup plus longue. Or, l'âge des unités françaises atteint aujourd'hui une certaine limite, comme c'est le cas pour Fessenheim, qui devrait être coupée au moment de l'entrée en service de l'EPR de Flamanville. D'autant que l'essor actuel des énergies renouvelables incite le gouvernement a demander la réduction de la part de l'atome dans le mix électrique national. Se pose donc la question du démantèlement, déjà entamé pour des installations de recherche qui datent des années 1950-1960.

 

 

Demande d'autorisation de démantèlement

 

Un processus très encadré qui se fait sur une période longue et par le franchissement d'étapes successives obéissant à un schéma réglementaire très défini, entre la mise à l'arrêt définitif et le déclassement des infrastructures, sous la houlette de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ginger Deleo publie à ce sujet un billet sur son blog qui énumère ces différentes étapes dont la première est l'obtention d'une autorisation de démantèlement, formulé au moins 3 ans en amont de la mise à l'arrêt. Les experts notent : "Il précise notamment toutes les opérations prévues, avec l'inventaire physique et radiologique, les études de scénarios de démantèlement et la réalisation d'un dossier de sûreté". Même stoppées, les installations nucléaires doivent en effet être continuellement surveillées et sécurisées. L'inventaire, rappelle Ginger Deleo, "constitue une étape incontournable, car plus il sera détaillé, plus l'étude technico-économique des scénarios pourra être précise". Chiffrer le coût du démantèlement, établir des plans d'accès aux zones d'intervention, déterminer les moyens de décontamination nécessaires… Autant d'opérations à anticiper.

 

Mise à l'arrêt définitif et déconstruction

 

Une fois que l'ASN accorde la mise à l'arrêt définitif, alors peut débuter la déconstruction de la centrale. La première étape consiste au retrait du combustible nucléaire, évacué vers un centre de retraitement. Les circuits sont ensuite vidangés, tandis que les parties non nucléaires sont mises hors service (salle des machines). Les équipements ayant été soumis à la radioactivité sont ensuite démontés (excepté le réacteur lui-même, qui reste isolé et placé sous monitoring. Les matériaux et équipements radioactifs sont évacués avant que le bâtiment du cœur ne soit déconstruit. Le démantèlement se fait de manière électromécanique, tout comme l'assainissement des parois (murs, carrelages) qui fait intervenir des robots pour la découpe des éléments imposants ou irradiants. Une fois le génie civil assaini, les spécialistes procèdent à des vérifications de la radioactivité résiduelle, tandis que le dossier destiné à l'autorité de sûreté est renseigné, détaillant les opérations effectuées, les méthodes utilisées et les résultats obtenus. "Si tous les contrôles sont concluants, l'ASN délivre à l'exploitant une autorisation de déclassement, les bâtiments peuvent alors être démolis", notent les experts de Ginger Deleo.

 

 

Réhabilitation du site

 

La dernière étape du processus, sera la radiation… de la liste des Installations nucléaires de base (INB) du site. Sa réhabilitation finale peut ainsi être envisagée en fonction de son état. Des servitudes d'utilité publique pourront être instaurées, notifiant des restrictions ou des mesures de précaution incorporant un programme de surveillance. La fin d'un chemin long de plusieurs dizaines d'années...

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