OUTRE-MER. Lors de son déplacement sur l'île de Saint-Martin (Antilles), le président de la République a considéré qu'il fallait accélérer la reconstruction des logements sociaux, critiquant notamment le principal bailleur social de l'île, la Semsamar. La société d'économie mixte (Sem) répond.

Ce dimanche 30 septembre 2018, Emmanuel Macron s'est rendu sur l'île de Saint-Martin pour "une visite de chantier", un an après le passage de l'ouragan Irma aux Antilles. Au cours une conférence de presse, le président de la République a déclaré qu'il est "inacceptable que bon nombre de travaux n'est pas été effectué". Ce dernier a également ajouté que l'état des logements qu'il a visité la veille "n'est pas acceptable" et a demandé "d'accélérer les travaux et de répondre aux besoins de la population". Principalement visée, la Semsamar, principal bailleur social de l'île (1.085 familles logées) qui a répondu par un communiqué, publié ce lundi 1er octobre 2018.

 

Le chef de l'État a expliqué qu'un crédit de six millions d'euros a été débloqué pour les bailleurs sociaux, à conditions qu'ils ne versent pas de dividendes à leurs actionnaires pendant trois ans. Cependant, il constate que "ces crédits n'ont pas été versés faute de l'accord d'un des bailleurs". Indirectement citée, la Semsamar, quant à elle, tient à préciser que le crédit accordé l'a été à sa propre demande, avec la mobilisation de plusieurs autres bailleurs sociaux. De plus, "elle n'a pas, et n'a jamais eu, à donner un accord et ne peut concrètement pas s'opposer au versement d'une aide pour laquelle elle s'est battue", précise-t'elle.

 

La menace d'une privatisation du logement social en Outre-Mer ?

 

Le bailleur fait également le point sur le calendrier imposé par le président de la République, qui souhaite que les travaux soient terminés d'ici le 31 décembre 2018 : "La réhabilitation engagée par la Semsamar se poursuit à un rythme normal pour une opération de cette envergure". Il ajoute également que le calendrier est "conforme avec la planification de la phase 1, qui concerne les couvertures et menuiseries extérieurs des logements". La Sem explique également que la réalisation des travaux aurait pu être accéléré "sans les freins suivant : mobilisation de l'État insuffisante ; effectifs insuffisants ; fourniture de matériaux insuffisante ; difficulté d'approvisionnement ; et des problèmes d'entretien et de maintenance du matériel". D'autant que la réhabilitation se déroule en site occupé, une contrainte supplémentaire.

 

La Semsamar ajoute qu'elle a été l'un des acteurs principaux de la phase d'urgence immédiate en septembre 2017, après le passage de l'ouragan Irma. En effet, le bailleur social "a organisé un pont aérien et maritime pour porter secours à la population, et notamment ses locataires et ceux des autres bailleurs de l'île. La Semsamar a géré ensuite, sans financement de l'État, la phase de sécurisation de ses logements pour mettre à l'abri les familles en attendant les travaux définitifs". Tout comme en métropole, les bailleurs sociaux d'Outre-mer sont touchés par la baisse des aides aux logements. Directement visée par les critiques du président de la République, la société d'économie déclare "ignorer le dessein véritable de l'entreprise de dénigrement des services de l'État ; à moins que cela ne s'inscrive dans leurs stratégie de privatisation, à terme, du logement social qui viserait à s'entendre à l'Outre-Mer". En conclusion, le bailleur social se dit ouvert à une discussion avec Emmanuel Macron, "afin d'entreprendre un partenariat confiant avec ses services".

actionclactionfp