MOBILITÉ. Dans la foulée de son assemblée générale et de la présentation du plan de relance, la Fédération des ascenseurs, par la voix de son président Guillaume Fournier-Favre, explique à Batiactu les enjeux du BTP dans les prochains mois : reprise économique, emploi des jeunes, transition écologique, accessibilité... Entretien.


Batiactu : Vous avez été réélu à la tête de la Fédération des ascenseurs lors de l'assemblée générale qui s'est tenue en juillet dernier. Avez-vous des nouveaux objectifs pour ce nouveau mandat ? Et quelle est la situation de votre profession après ces derniers mois de confinement puis de déconfinement ?

 

Guillaume Fournier-Favre : Cette réélection s'inscrit dans la continuité des deux années qui viennent de s'écouler, avec une grande particularité cependant : ce renouvellement arrive dans une période extrêmement compliquée qu'on ne pouvait pas prévoir il y a deux ans. Je voudrais d'ailleurs revenir sur ce qui s'est passé ces derniers mois : notre profession, comme toutes les autres, a traversé cette période de crise, et j'adresse un immense merci à tous nos 18.000 professionnels qui, pendant tout le confinement et évidemment après, se sont mobilisés sur le terrain pour assurer la maintenance et la réparation des ascenseurs. Tout cela s'est fait en très bonne intelligence avec les pouvoirs publics : notre précédent ministre du Logement, Julien Denormandie, a été extrêmement présent auprès des entreprises de services pour trouver des solutions, pour nous aider à faire notre job. Il nous a appelé dès le premier jour du confinement pour nous dire que l'heure était à la mobilisation et à la collaboration.

 

Ce mandat nouveau s'inscrit donc dans une période compliquée et s'annonce intense, d'abord parce que sur les plus de 200 entreprises que notre profession compte, la très grande majorité sont des PME, donc des entreprises parfois beaucoup plus vulnérables. Il va falloir qu'on joue notre rôle pour aider tous nos adhérents, y compris les plus petits ; les aider à s'y retrouver dans tous les dispositifs mis en place par les autorités, et les aider à passer cette crise de manière solidaire. Je dirais que la plupart de nos adhérents ont tout de même l'air de passer le cap, même si certains ont des difficultés de trésorerie et de délais de paiements. Ce sera le gros sujet de l'année, évidemment aux côtés d'un autre, à savoir comment relance-t-on la machine économique ? Le plan de relance est d'abord une question de cohésion entre tous les acteurs économiques pour qu'on puisse ensuite y arriver tous ensemble.

 


Vous dites qu'une majorité d'ascensoristes ont été mobilisés ; concrètement, avez-vous réussi à limiter la casse ou votre activité a-t-elle tout de même été paralysée pendant quelques temps ?

 

G. F.-F. : Dans notre activité, tout ce qui est lié à la maintenance et aux services a pu continuer pendant le confinement, à l'exception bien sûr d'un certain nombre de sites qui avaient été fermés. L'impact est principalement venu de la fermeture des chantiers pour nos entreprises qui font de la construction neuve, et dans ce cas, selon la taille et la nature des opérations, des interruptions ont pu aller de quelques semaines jusqu'à 8 ou 10 semaines. Le deuxième aspect a concerné les gros travaux de modernisation, notamment dans les logements où un certain nombre de maîtres d'ouvrage ont préféré repousser les opérations planifiées sur mars-avril-mai à après le confinement.

 

Donc il y a bien eu un impact, mais que les entreprises ont assez bien géré grâce au dispositif d'activité partielle qui avait été mis en place par les autorités. Nous avons également constaté, comme dans beaucoup de secteurs, des allongements de délais de paiements qui ne résultaient pas forcément de malveillance, mais plutôt d'une adaptation aux nouvelles procédures et méthodes de travail, car toutes les entreprises n'étaient pas préparées à ce confinement.

 


Justement, avez-vous jugé la réponse du Gouvernement suffisante avec tous les dispositifs mis en place lors du confinement pour tenter de passer ce mauvais cap ?

 

G. F.-F. : Je pense que les outils de crise qui ont été mis en place, PGE (Prêts garantis par l'Etat, ndlr) et activité partielle, ont joué pleinement leur rôle. Je ne sais pas s'ils ont été suffisants, mais pour moi ils ont répondu à la problématique de crise urgente en permettant à toutes les entreprises qui en avaient besoin de passer ce cap. Mais tout cela était pour un temps court ; pour tous ceux qui vont se retrouver avec une baisse d'activité durable, il faudra évidemment utiliser d'autres outils.

 


On constate en outre que la France reste le pays européen le moins bien doté en équipements de transports verticaux, avec un peu plus de 550.000 ascenseurs, ce qui s'explique par l'histoire du bâti et des techniques de construction. Cela ne progresse pas encore de manière fulgurante, mais on espère qu'il y aura une meilleure prise de conscience sur cette problématique de l'accessibilité grâce à la loi Elan, ce qui prendra quand même quelques années, évidemment.
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