ÉTUDE. Les températures y sont sans doute plus clémentes qu'ailleurs mais les ménages azuréens doivent tout de même se chauffer en hiver. Un poste de dépense trop élevé pour un certain nombre d'entre eux. L'Insee a réalisé une enquête en région PACA révélant les spécificités de cette précarité énergétique dans le Sud-Est.

Les chiffres sont ceux de 2015, mais la publication est récente : selon l'Insee, 162.000 ménages de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur se trouvaient en situation de "vulnérabilité énergétique", dépensant trop (plus de 8,2 % de leurs revenus) pour régler leurs factures de chauffage. Des foyers modestes que l'institut d'études statistiques classe en deux catégories, selon leur localisation géographique, sur la bande littorale ou dans les montagnes de l'arrière-pays. Il faut noter que, par rapport à la moyenne nationale, les bords de la Méditerranée sont moins touchés : la vulnérabilité n'y touche que 7,4 % des ménages contre 14,6 % dans toute la France.

 

 

Des personnes qui se caractérisent par des revenus faibles et qui occupent le plus souvent des maisons anciennes, relativement grandes, chauffées au fioul. La facture énergétique grimpe en effet avec la surface : en PACA elle s'élève à 260 €/an pour moins de 30 m² pour atteindre les 1.850 € pour plus de 120 m². Les logements construits avant 1945 sont surreprésentés dans l'échantillon (1 ménage sur 3 contre 1/5 pour l'ensemble des ménages) et, en dépit des rénovations pratiquées sur certaines bâtisses, les habitations réalisées avant 1975 et la première réglementation thermique sont, de toute façon, énergivores. Les bâtiments les plus récents (moins de 20 ans) protègent mieux de la vulnérabilité énergétique puisque seulement 10 % des ménages y habitent, contre 22 % de l'ensemble des ménages. En moyenne, un résident de PACA dépensera 980 €/an pour se chauffer normalement, un chiffre inférieur à celui de ses compatriotes (1.420 €/an). Cependant, de grandes disparités existent sur le territoire.

 

Un littoral populeux et une montagne froide

 

 

Dans les départements littoraux (Bouches-du-Rhône, Var et Alpes-Maritimes), le climat se montre généralement plus clément, ramenant le taux de vulnérabilité à seulement 6 %. Dans cette zone, très urbanisée, à forte concentration humaine et aux petits appartements, la précarité énergétique tient avant tout à la faiblesse des revenus. Les calculs de l'Insee montrent en effet que le revenu annuel moyen n'y est que de 9.490 € pour une dépense de chauffage de 1.170 €. En revanche, dans l'arrière-pays, région montagneuse subalpine, c'est la rigueur climatique qui vient compliquer la situation. Les revenus des précaires y sont plus élevés (15.390 € annuels) mais leurs factures énergétiques subissent également une forte inflation (1.910 €). Dans les deux cas, le taux des dépenses est sensiblement similaire et largement supérieur à 12 %. Les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes concentrent 35.000 ménages vulnérables, près du quart de toute la région, alors que la population y est beaucoup plus faible. Les communes du briançonnais, du Champsaur et des Ecrins seraient particulièrement exposées.

 

Comment en sortir, s'interroge l'Insee ? En améliorant l'isolation des maisons, tout simplement. Le rapport avance que l'éradication des étiquettes énergétiques « F » et « G » (les plus mauvaises, qui impliquent des consommations de plus 330 kWhep/m².an) en les transformant en classe « D » (entre 151 et 230 kWhep/m².an), permettrait de sortir 57.000 ménages de la vulnérabilité. « Cela réduirait de 35 % le nombre de ménages vulnérables dans la région. Tous les départements seraient concernés », avancent les auteurs. Les départements du nord de la région profiteraient plus largement de cette méthode. Dans un scénario plus ambitieux, visant également à l'amélioration des étiquettes « E », alors le nombre de foyers exposés serait divisé par deux, pour redescendre aux alentours de 80.000. L'Insee souligne que ces deux plans de rénovation auraient un autre avantage : celui de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Charles Aznavour se trompait donc : la misère n'est pas moins pénible au soleil.

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