ENERJ-MEETING 2019. Le ministre d'Etat à la Transition écologique et solidaire est intervenu en ouverture de la Journée de l'Efficacité énergétique au Palais Brongniart, ce jeudi 7 février 2019. L'occasion pour lui de rappeler le rôle du bâtiment dans la vaste Stratégie française pour l'énergie et le climat, qu'il s'agisse de lutte contre la précarité énergétique ou d'élaboration de la future réglementation pour le neuf.

C'est un ministre de premier plan qui est intervenu sur EnerJ-meeting, en ouverture de l'événement. François de Rugy, malgré un emploi du temps chargé entre le colloque du Syndicat des énergies renouvelables et un débat à l'Assemblée nationale, a tenu à être présent pour affirmer au monde du bâtiment que la question de la construction et de la lutte contre le dérèglement climatique était un enjeu crucial pour lui. Qu'il a d'ailleurs relié à la question de la lutte contre la précarité énergétique : « Faire baisser les factures de nos concitoyens est un enjeu extrêmement important, majeur pour notre gouvernement. Dans la Stratégie française pour l'énergie et le climat, dans la Programmation pluriannuelle de l'énergie, dans la Loi de Transition énergétique que nous mettons en œuvre, la maîtrise des consommations est l'un des deux piliers. Il est indispensable d'être ambitieux, volontaristes, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ! »

 

Rappelant l'intitulé de son propre ministère, pour la Transition écologique et solidaire, il souligne que la question est à la fois environnementale, économique - en mobilisant des investissements publics et privés - et sociale. Pour lutter contre « la hausse des prix de l'énergie importée que nous ne maîtrisons pas, la meilleure protection est de moins consommer », explique-t-il. François de Rugy souligne que la construction est d'ailleurs l'incarnation du développement durable, puisqu'elle répond aux besoins dictés par la démographie tout en s'efforçant de produire des édifices qui durent dans le temps. Le ministre reprend : « Il faut améliorer nos normes et le parc existant pour inscrire le secteur du bâtiment dans la durabilité, pour l'environnement et pour les ménages les plus modestes ». Car le logement est une nécessité pour tous, dont le budget reste le premier poste de dépenses, et qui impose parfois à faire des sacrifices. Une situation qui peut faire naître un paradoxe : « Pour trouver un logement moins cher, on s'inflige des factures de déplacements plus élevées ». Ou, selon le principe des vases communicants, pour limiter les trajets, il est obligatoire de dépenser davantage pour se loger.

 

L'éradication des épaves thermiques, priorité toujours affichée

 

Sur la question de la rénovation du parc existant, le ministre d'Etat a rappelé l'objectif de 500.000 opérations par an, en traitant en priorité les passoires thermiques occupées par des ménages en situation de précarité énergétique. François de Rugy a ensuite égrené toutes les mesures qui ont été prises : « Dans le cadre du Grand Plan d'Investissement lancé dès le début du quinquennat, des moyens conséquents ont été prévus : pas moins de 9 milliards d'euros sur 5 ans, dont 1,2 milliard pour la lutte contre la précarité au travers du programme de l'Anah à destination des ménages modestes et très modestes. Plus 3 milliards de prêts par la Caisse des dépôts, ou Banque des territoires, pour le logement social. Enfin 4,8 milliards pour le parc tertiaire public, celui de l'Etat et de collectivités ». Le ministre de la Transition écologique et solidaire a admis que, sur ce dernier point, l'Etat était encore loin d'être exemplaire. Revenant sur les diverses aides accessibles, il a repris son énumération : « Le dispositif Coup de pouce Economies d'énergie a été prolongé jusqu'à la fin du mois de décembre 2020, pour les travaux d'isolation ou de remplacement des systèmes de chauffage, comme de vieilles chaudières qui ne sont plus performantes et qui sont de gros émetteurs de CO2 tout en causant de très lourdes factures ». Puis il a rappelé les nombreuses aides existantes comme le Crédit d'impôt qui sera revu pour permettre un versement direct sous la forme d'une prime, avec un barème forfaitaire suivant l'efficacité des travaux entrepris. Une prime dont l'assiette sera élargie pour incorporer la main d'œuvre d'installation des équipements de chaleur renouvelable ainsi que la dépose des anciens. L'éco-PTZ a également été prolongé, jusqu'en décembre 2021, et simplifié, en évitant d'imposer des bouquets de travaux. Pour les bailleurs sociaux, François de Rugy a indiqué qu'ils seraient encouragés à cibler les logements les plus énergivores. Quant au dispositif des Certificats d'économies d'énergie (CEE), il explique : « Il ciblera aussi l'innovation et la formation ».

 

La future réglementation de 2020, l'autre chantier de l'année

 

Pour la construction neuve, le ministre d'Etat ajoute : « Grâce à l'amélioration des normes pour les constructions nouvelles nous avons beaucoup progressé. Il y a un léger surcoût mais le bénéfice est durable au service des occupants. Les normes sont efficaces, comme nous l'avons vu avec la RT 2012 ». Mais la nouveauté de la prochaine réglementation sera l'incorporation de l'aspect carbone, puisque la France vise la neutralité à l'horizon de 2050. Sur ce point, le pilote de la Transition écologique et solidaire note : « Il faut accroître le recours à la chaleur renouvelable et aux productions décentralisées. Réduire l'empreinte carbone des constructions jusqu'à prendre en compte leur déconstruction. De grands progrès sont possibles ». Pour lui, l'utilisation de matériaux plus vertueux, dont le bois, pour valoriser une ressource locale encore insuffisamment exploitée, sera une partie de la réponse. L'expérimentation E+C- lancée à la fin de 2016, permettra notamment de tester à grande échelle des bâtiments neufs. « Un retour d'expérience extrêmement utile pour être adaptés aux réalités du terrain », déclare-t-il, soulignant le nombre de bâtiments déjà impliqués (600 sur tout le territoire), qui constituent un panel riche pour l'Observatoire du bâtiment durable.

 

Saluant les efforts de montée en compétence de toute la filière, le ministre a toutefois estimé que le chemin à parcourir était encore long. Mais c'est à ce prix que la France restera leader sur la scène européenne. François de Rugy conclut : « Les gouvernants fixent le cap, tout en luttant contre la complexification, ils tirent vers le haut. Et je compte sur la filière et tous les acteurs dont je salue l'implication ».

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