LOGEMENT SOCIAL. Le parc social présente des besoins de rénovation énergétique aussi urgents que complexes. La massification de ces mutations aujourd'hui exigée, est indissociable du déploiement d'un suivi rigoureux et de solutions techniques. Mais lesquels ? Pierre Frick de l'USH, Thierry Leroy de BDR Thermea France et Dominique Cottineau de Promotelec ont dessiné des pistes d'idées à l'occasion de la journée EnerJ-Meeting.

En matière de rénovation énergétique, le logement social constitue encore un "modèle vertueux", mais qui cherche encore les voies d'accès vers un objectif zéro carbone. "Près de 55% du parc social est alimenté au gaz, ce qui n'est pas rien si l'on prend en considération la question carbone", rappelle Pierre Frick, adjoint au directeur à la direction de la maîtrise d'ouvrage et des politiques patrimoniales de l'USH.

 

Qu'importe les qualités ou les défauts de l'énergie qui alimente un parc social, "il faut toujours prendre en compte l'enjeu du bas carbone", estime Dominique Cottineau, directeur de Promotelec en charge des territoires. "Nous ne pouvons plus accepter qu'un logement après rénovation émette plus de gaz à effet de serre qu'avant", juge-t-il. Pour le directeur territoires de Promotelec, la stratégie bas carbone peut être "une chance" pour les bailleurs sociaux, qu'il appelle à se focaliser, non plus sur les émissions carbone du bâti mais sur son exploitation.

 

Pour arriver à massifier l'efficacité énergétique du parc social, un hypothétique abandon du gaz ne pourrait se faire qu'à la condition d'une baisse des autres énergies, gage de coûts maîtrisés pour les locataires.

 

Intermédiation, formation et maîtrise

 

Les solutions techniques peuvent également y contribuer, à travers une gestion fine de l'exploitation, qui impliquerait "d'avoir un meilleur travail avec les différents intervenants de la chaîne", défend Thierry Leroy, président de BDR Thermea France, spécialiste du chauffage.

 

Cette intermédiation pose aussi la question de la formation, qui nécessite elle aussi "un vrai travail de fond", selon Thierry Leroy pour qui "une maîtrise d'oeuvre ou une exploitation mal réalisées peuvent amener à une explosion des coûts pour les bailleurs et les locataires". Si une plus grande autonomie des dispositifs techniques est la bienvenue, le président de BDR Thermea France appelle à prendre le sujet de la domotique avec une grande parcimonie et maîtrise, au vu de la "complexité" qu'elle amène.

 

Les trois intervenants s'accordent sur le fait que la rénovation énergétique cherche encore son modèle économique, puisqu'elle apporte peu de retours sur investissement aux bailleurs publics comme privés. Mais pour les acteurs du logement social, l'objectif de neutralité carbone semble encore complexe, et synonyme d'un délicat équilibre à trouver entre rénovation énergétique et charges du locataire.

actionclactionfp