INFLATION. Entre pénurie et difficultés d'approvisionnement, les prix des matériaux de construction ont fortement augmenté ces derniers mois. La Capeb a voulu en savoir plus sur l'impact d'une situation qu'elle pensait conjoncturelle, en réalisant une étude auprès de 1.700 entreprises artisanales du bâtiment.

La hausse des prix des matériaux de construction et les difficultés d'approvisionnement impactent fortement le BTP, notamment les entreprises artisanales. Mais alors que le secteur pensait le mouvement conjoncturel, il dure dans le temps et semble devenir structurel, s'avance Jean-Christophe Repon, président de la Capeb. "Sur beaucoup de matériaux, les fournisseurs sont désormais incapables de nous donner des délais et des prix", remarque-t-il.

 

C'est pour mesurer un peu plus précisément l'impact sur les entreprises qu'elle représente que l'organisation professionnelle a réalisé une étude, auprès de 1.700 artisans. Interrogés une première fois en juillet 2021, ils ont été à nouveau sollicités en décembre.

 

 

Les difficultés d'approvisionnement s'accentuent

 

Il ressort de cette deuxième vague que la hausse touche bien toutes les entreprises. En moyenne, elles estiment cette augmentation à 18% sur un an. Les métiers de la menuiserie souffrent de la plus forte progression, +22% en moyenne observée sur l'année. "Ce qui est cohérent avec ce que nous entendons autour de l'envolée des prix du bois et de l'acier", souligne Sophie Gourvenec, en charge des études à la Capeb.

 

Par ailleurs, entre juillet et décembre 2021, il semblerait que les difficultés d'approvisionnement se soient accrues. En effet, si 53% des entreprises constataient des retards d'approvisionnement au début de l'été, elles étaient 60% en fin d'année à dresser un tel constat. Ce qui entraîne principalement des retards ponctuels de chantiers (pour 46,5% des répondants).

 

Un tiers de la hausse répercutée lorsqu'elle l'est

 

Malgré cela, plus de la moitié des entreprises artisanales (55%) n'ont pas répercuté la hausse des prix en 2021. Et lorsqu'elles l'ont fait, elles n'ont répercuté que l'équivalent du tiers de l'augmentation qui pèse sur elles. Les raisons : "Les artisans ont l'habitude d'établir des prix sur l'année", explique Jean-Christophe Repon. De plus, ils interviennent sur des marchés de proximité, ils connaissent leurs clients et ne peuvent pas augmenter les prix fortement d'un coup, justifie-t-il également.

 

Et puis, "beaucoup de devis étaient déjà signés, ce qui n'a pas permis de répercuter la hausse des tarifs des matériaux sur les prestations. Elle est donc restée à la charge des artisans, en rognant sur leurs marges".

 

 

Adaptations

 

Pour faire face, la Capeb avait appelé ses adhérents à réduire la durée des devis en septembre 2021. "Dans la majorité des cas, cela a été fait", selon le président de l'organisation professionnelle. Par ailleurs, certains artisans ont pris l'habitude de diversifier davantage leur panel de fournisseurs, pour trouver les meilleurs tarifs.

 

Cette capacité d'adaptation a permis de "faire face", certes. Mais l'inflation a encore progressé dans le bâtiment en fin d'année (+4,7% pour le dernier trimestre 2021, +3,7% sur l'ensemble de l'année). L'augmentation des prix des matériaux de construction s'installe dans la durée. Les coûts de l'énergie s'envolent. Les objectifs de décarbonation et la RE2020 devraient entraîner des coûts supplémentaires. Bref, les tensions sont nombreuses et il faut s'attendre à ce que les entreprises artisanales ne les absorbent plus autant qu'elles ne l'ont fait.

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