CONJONCTURE. L'activité des artisans du bâtiment a évolué de façon très positive en 2021. Elle enregistre en effet une croissance assez exceptionnelle par rapport à 2020, année de crise sanitaire. Même par rapport à 2019, les chiffres sont meilleurs, indiquant que le secteur a vécu plus qu'un simple effet de rattrapage.

C'est une tendance "très positive", admet Jean-Christophe Repon, le président de la Capeb. La confédération a présenté le bilan 2021 de l'activité de l'artisanat du bâtiment, le 27 janvier 2022, et, sur l'ensemble de l'année "nous faisons mieux qu'avant la crise, donc nous avons non seulement rattrapé le volume d'affaires perdu en 2020, mais nous avons aussi traité de nouveaux marchés", constate Alain Chouguiat, directeur des affaires économiques de la Capeb.

 

En effet, comparé aux volumes d'affaires enregistrés en 2019, donc avant la crise sanitaire, l'activité affiche une hausse de 2,5% (en volume) sur l'ensemble de l'année. Et tous les segments en profitent. La construction neuve progresse ainsi de 1,5% par rapport à 2019, "ce qui n'était pas gagné", commente Alain Chouguiat. L'entretien-rénovation est en hausse de 3,5% sur la même période, dont +4,5% pour l'amélioration de la performance énergétique des logements.

 

 

Le marché de la rénovation énergétique "commence à poindre"

 

Les artisans ont donc pu profiter du "recentrage des dépenses des ménages" vers l'habitat. Par ailleurs, les particuliers ont épargné davantage durant les confinements, ce qui a permis à certains de réaliser des investissements, estime-t-il.

 

Surtout, la croissance bien plus importante que d'habitude des volumes d'affaires concernant la rénovation énergétique (4,5% au lieu de 1 ou 2% en temps normal) montre la "réussite" du dispositif MaPrimRénov'. "Avec 700.000 demandes en 2021, ce sous-segment commence à poindre, le marché émerge", assure Jean-Christophe Repon.

 

Une croissance exceptionnelle par rapport à 2020

 

Les chiffres de 2021 sont "plus que flatteurs" si on les compare à l'année 2020, et non 2019. Pas si étonnant puisque l'activité avait connu un net ralentissement à partir du printemps 2020, à cause de la crise sanitaire, des confinements et des incertitudes liées.

 

Ainsi, globalement, l'artisanat du bâtiment connaît une croissance globale de 12,5% sur un an. Le neuf progresse de son côté de 11%, l'entretien-rénovation de 14%, dont plus de 16% pour l'amélioration de la performance énergétique.

 

Cependant, l'analyse trimestre par trimestre montre que le secteur "revient peu à peu à un taux de croissance plus conventionnel, pour ne pas dire normal", selon Alain Chouguiat. La progression reste malgré tout intéressante, puisque l'activité a encore augmenté de 3,5% environ sur le seul dernier trimestre 2021.

 

Croissance homogène par région et par métier

 

Autre point de satisfaction : "la croissance est répartie de façon cohérente et partagée sur l'ensemble des territoires", observe le président de la Capeb. Tous les corps de métiers bénéficient aussi d'une dynamique homogène.

 

 

Les carnets de commandes aussi évoluent positivement. Avec 91 jours de visibilité en janvier 2022, les artisans ont gagné 19 jours sur un an. "En revanche, c'est 12 jours de moins par rapport au troisième trimestre 2021, constate Sophie Gourvennec, en charge des études à la Capeb. Nous notons une inflexion à partir de juillet 2021, l'effet de rattrapage se tarit, même si nous sommes encore sur des niveaux élevés de carnets de commandes."

 

Perspectives prudentes

 

Sur le front de l'emploi, "nous ne pouvons pas parler de pénurie, explique Jean-Christophe Repon. En effet, nos entreprises ont recruté 26.000 personnes, et nous comptons sur plus de 66.000 apprentis. En revanche, 70% des entreprises expriment des difficultés de recrutement, ce qui est différent".

 

Pour 2022, le président de la Capeb espère que le secteur restera sur une dynamique de recrutement aussi positive, avec potentiellement entre 15.000 et 20.000 recrutements possibles "si l'activité progresse de 2 ou 3%" sur l'année. Une perspective relativement prudente, "si aucune contrainte extérieures ne vient perturber le secteur" (évolution de la crise sanitaire, hausse du prix des matériaux, hausse des coûts de l'énergie…).

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