URBANISME NÉGOCIÉ. Architectes, promoteurs, bureaux d'études, aménageurs… La Ville de Lille a signé, avec 115 professionnels de la construction, un Pacte bas-carbone, porteur de 90 exigences. En échange, la ville s'engage à appuyer les projets et offrir assistance aux porteurs.

Plus d'une centaine de professionnels de l'immobilier, de la construction et de l'aménagement ont signé le 18 juin avec la ville de Lille un Pacte bas-carbone destiné à réduire l'impact du bâtiment sur l'environnement. Avec cet accord présenté comme "inédit", les 115 signataires - promoteurs, bailleurs sociaux, architectes ou bureaux d'études parmi lesquels Vinci, Enedis ou encore Engie - s'engagent à respecter 90 exigences ainsi qu'une vingtaine d'engagements complémentaires de leur choix à Lille et dans les communes associées de Lomme et Hellemes.

 

En tête des grands principes figure celui du Zan (zéro artificialisation nette) : priorité est donnée à un "usage optimal des fonciers déjà artificialisés" et à une densité permettant de réduire l'imperméabilisation des sols. La densité doit s'appréhender projet par projet, en fonction du règlement du PLU comme en fonction du contexte. Une double approche qui "permet de définir finement le niveau de densité optimal et acceptable". Par ailleurs, en matière de bâtiment, priorité doit être donnée à la rénovation de l'existant à chaque fois qu'elle est possible.

 

 

Six priorités, deux niveaux d'exigence

 

Six priorités régissent ces engagements, dont l'énergie et l'eau, la mobilité durable, les matériaux bas-carbone et l'économie circulaire. Parmi eux, maximiser le nombre de logements traversants, récupérer l'eau de pluie pour arroser les espaces verts, atteindre un taux de valorisation des déchets issus de la démolition supérieur à 50% ou encore développer les informations sur les bonnes pratiques à destination des habitants.

 

Les six priorités retenues pour Lille Bas Carbone se déclinent en exigences opérationnelles réparties selon deux niveaux : un niveau socle rassemblant les actions impactantes qui s'appliquent systématiquement à tous les projets et un niveau avancé comprenant des actions encore plus poussées qui s'appliquent au choix de chaque projet. Chaque signataire s'engage à respecter, en plus des exigences du niveau socle, quatre exigences de niveau avancé.

 

 

"Aujourd'hui nous ne pouvons plus construire comme hier".
Martine Aubry

 

"C'est un pacte exceptionnel", a salué devant la presse la maire PS de Lille, Martine Aubry. "Nous avons travaillé pour faire en sorte d'aller plus loin que la réglementation et de trouver des solutions innovantes dans tous les domaines, que ce soit la récupération des déchets, la place de la nature...". Il s'agit par exemple de "construire avec le plus de matériaux locaux, planter trois arbres lorsqu'on en abat un, faire en sorte de développer les stations et garages à vélo...", a-t-elle listé. "Cela nous permet de prendre de l'avance dans la lutte contre le réchauffement climatique [...] Aujourd'hui nous ne pouvons plus construire comme hier".

 

Du côté des collectivités, l'engagement tient en plusieurs points : appui à la définition des projets, dialogue structuré "à toutes les étapes du projet" incluant "l'analyse de la climato-performance du projet réalisée à partir d'une série d'indicateurs", la mise à disposition d'un référentiel et un site internet dédié, entre autres.

 

 

Un pacte qui engage les parties

 

"C'est un pacte engageant et pas seulement une charte déclarative", a expliqué Audrey Linkenheld, première adjointe à la maire de Lille déléguée à la transition écologique et au développement soutenable, précisant que les engagements feront l'objet d'un contrôle régulier. Cet accord, qui s'appuie sur plusieurs rapports d'expertise, intervient alors que la ville de Lille a multiplié les initiatives en faveur de l'environnement comme le zéro déchet, le développement des espaces verts et de l'alimentation durable, avec pour objectif de réduire l'émission des gaz à effet de serre de 45% d'ici 2030.

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