RÉHABILITATION. Considérée comme un élément des plus remarquables du patrimoine lillois, la chapelle de l'Université catholique de la capitale des Flandres vient d'être fraîchement rénovée. Ouvert en 1925, l'édifice de 928 m² a directement participé à l'histoire du campus et a connu des usages multiples. Le chantier de modernisation a été initié en 2013, la dernière tranche de travaux ayant nécessité quelque 3,6 millions d'euros.

C'est une véritable renaissance : la chapelle de l'Université catholique de Lille, élément des plus remarquables du patrimoine de la capitale des Flandres, a fait l'objet d'un important chantier de rénovation qui vient juste de s'achever. Construit en 1911 sous la direction de l'architecte Jean-Baptiste Maillard, achevé en 1922, puis inauguré en 1925, l'édifice de style néo-gothique d'une superficie de 928 m² - auxquels s'ajoutent 182 m² de tribune - a été un témoin privilégié de la vie quotidienne du campus et a endossé des fonctions diverses. Grâce à cette réhabilitation lancée en 2013, le lieu de culte retrouve non seulement son lustre d'antan, mais contribuera aussi, selon le souhait de l'université, "à un catholicisme actif, ouvert à la société, aux débats et à la culture".

 

 

L'établissement d'enseignement a en effet toujours placé ce lieu historique au service de la communauté d'étudiants, de professeurs et de chercheurs. Sur le plan purement patrimonial, la chapelle présente également une architecture unique, conjuguant le néo-gothique avec des influences anglo-saxonnes. "Notre chapelle universitaire participe et témoigne de notre identité. Elle n'est pas simplement le témoin d'un passé révolu : elle constitue un lieu où notre catholicité peut se décliner au travers de la liturgie et où peut s'exprimer la spiritualité des membres de la communauté universitaire. Son rôle est donc éminemment fédérateur", insiste Patrick Scauflaire, président-recteur de l'Université catholique de Lille. Le bâtiment de briques roses rehaussées de pierres blanches en forme de croix latine percée de deux rangées de baies superposées, a fait l'objet d'une nouvelle inauguration et d'une consécration de son autel le 3 février dernier.

 

Une rénovation parmi d'autres sur le campus

 

La réhabilitation de la chapelle de l'Université catholique de Lille s'inscrit en fait dans un large programme de modernisation du patrimoine architectural de l'établissement. Ces dernières années, les travaux ont notamment consisté à réaménager le campus Saint-Raphaël, à rénover le bâtiment de la faculté de médecine et de maïeutique, à transformer le palais Rameau en ferme urbaine, ou encore à restructurer le site Rizomm, composé de bâtiments démonstrateurs de la démarche de transition écologique et université initiée par l'université.

 

Pour en revenir à la chapelle, si plusieurs aménagements ont été opérés en son sein en l'espace d'un siècle, son état général appelait malgré tout à un chantier de réfection : des matériaux divers se dégradaient, la toiture avait souffert du temps, les vitraux n'étaient pas suffisamment protégés, et les normes d'accessibilité n'étaient pas respectées. Ce qui a donc conduit à la rénovation de l'édifice, fruit de la direction du site mais aussi des étudiants de l'aumônerie, épaulés par la commission d'art sacré du diocèse de Lille. Différents corps de métiers traditionnels des Hauts-de-France ont pu exécuter leur savoir-faire sur ce chantier, tandis que des donateurs et mécènes assuraient le financement du projet.

 

Innovations techniques et développement durable

 

La modernisation intégrale de la chapelle de l'Université catholique de Lille a concilié innovations techniques et démarche de développement durable initiée par l'établissement. Ainsi, toiture et menuiseries extérieures de l'édifice ont été totalement rénovées, tandis que du double vitrage a été posé - une opération qui n'a pas été sans difficultés pour préserver le rendu des vitraux. Par le biais d'une dalle entièrement refaite et posée sur des micro-pieux, un système de chauffage par le sol a été intégré au bâtiment.

 

18 mois de chantier pour la dernière phase de travaux

 

Les équipes du chantier ont aussi pu refaire intégralement le dallage de la nef et du choeur grâce au don de 1.600 m² de plaques de marbre blanc de Carrare par la banque CIC Nord-Ouest. Un matériau qui a été autrefois utilisé pour recouvrir la façade du siège de la banque, et qui apporte aujourd'hui, dans la chapelle, noblesse et solennité avec un calepinage plus contemporain. Enfin, la conception des éclairages a été pensée pour mettre en valeur les éléments architecturaux tout en s'adaptant aux pratiques cultuelles et aux activités culturelles.

 

"Beaucoup d'hommes et de femmes, appartenant à tous les corps de métiers, sont intervenus sur ce chantier en un temps court de 18 mois", souligne Étienne de Boisredon, directeur des projets immobiliers à l'Université catholique de Lille. "Représentants des métiers traditionnels du bâtiment mais aussi maîtres verriers, doreuses, marbriers, facteurs d'orgue, ébénistes du nouveau mobilier liturgique... ont pu ainsi construire cette magnifique œuvre collective."

 

À mi-chemin entre tradition et modernité

 

 

Comme c'est généralement le cas dans ce genre de projets, l'enjeu a été de restituer au monument son caractère traditionnel tout en l'intégrant dans un cadre résolument moderne, avec la sobriété comme maître-mot. Ce qui se traduit par exemple par le jeu des couleurs rouge et or, le mobilier liturgique ou encore les vitraux, oeuvres d'artistes contemporains.

 

Sur les couleurs tout d'abord, le rouge évoque le sang du Christ, le feu divin ainsi que l'Esprit Saint, qui représente simultanément lumière, souffle de vie, puissance et amour chaleureux. L'or renvoie elle aussi à la lumière divine, incarnée par le Christ. La couleur dorée est de fait utilisée depuis longtemps dans les édifices sacrés, aussi bien pour des raisons symboliques - représentation du divin - que techniques - la matière ne s'oxyde que peu voire pas du tout, lui permettant de traverser les années sans trop se ternir.

 

"Redonner du sens à ce lieu"

 

Le mobilier liturgique, quant à lui, a été conçu par le sculpteur Nicolas Alquin et l'architecte Marc Alechinksy : les objets ont été façonnés en bois de chêne, matériau noble et durable, depuis longtemps prisé pour les manufactures. Tous les meubles ont été sculptés et dorés à la feuille avec des outils traditionnels. En outre, deux nouveaux vitraux ont fait leur entrée dans la chapelle : "Les saisons de l'Être", signé par Alexandra Giès, meilleur ouvrier de France en tant que peintre sur verre-restaurateur, à la suite d'un concours en 2019. Une oeuvre qui évoque la Création et la Résurrection, et plus largement le dialogue, les échanges, les réseaux, les communications... Le deuxième vitrail s'intitule "La Création", et a été fabriqué par l'artiste peintre Françoise Burtz en 2020 : illustration des scènes de la Genèse, il représente également la croix comme symbole d'arbre de vie. À terme, l'intégralité des anciens vitraux devrait être complétée par ceux de la chapelle du collège Saint-Paul, en raison des travaux induits par le développement du campus de Junia.

 

Au bout du compte, la chapelle ainsi retrouvée assumera un rôle de premier plan, tant civil que spirituel, dans l'enseignement, d'après le Père Charles-Marie Rigail, aumônier de l'Université catholique de Lille : "La rénovation de la chapelle a constitué un signe fort pour toute l'université. Si la chapelle fait partie depuis plus d'un siècle de l'histoire et de la vie de l'institution, la décision de la préserver, de la restaurer et de l'embellir a permis en quelque sorte de redonner du sens à ce lieu. La chapelle rénovée réaffirme que la dimension spirituelle est pleinement constitutive de l'université, en particulier au sein de l'éducation que l'on peut offrir aux plus jeunes."

 

Lieu de culte et de culture

 

Maintenant que la chapelle a retrouvé toute sa splendeur, à quels usages va-t-elle être dédiée ? Lieu de culte par essence, elle continuera cependant à "jouer un rôle fédérateur en permettant aux étudiants et habitants du quartier de se rassembler au cours des célébrations, en accueillant toute personne en quête de silence et de spiritualité et en facilitant les rassemblements pour les temps forts de l'année académique", explique l'Université catholique. Concerts - avec les choeurs de l'université et de l'aumônerie -, expositions ou encore débats pourront ainsi se tenir dans la nef, et rassembler étudiants et universitaires, représentants de la société civile, élus et fonctionnaires locaux, salariés et chefs d'entreprises...

 

"Remettre la chapelle au cœur du projet universitaire ne signifie pas que la prière va se substituer à la connaissance universitaire. Mais cela indique une voie pour la connaissance à laquelle nous aspirons. Une voie de recherche qui part de l'émerveillement devant un monde physique et humain si étonnant qu'il ne s'épuise pas dans l'analyse du fait scientifique. Une voie où les hommes et les femmes de sciences sont invités à se rassembler, non seulement pour confronter des points de vue mais pour exprimer ensemble une louange", conclut l'archevêque de Lille et chancelier de l'Université catholique de Lille, Monseigneur Laurent Ulrich. "Au cœur de cette université et dans la ville, cette chapelle est un signe, un témoin."

 


Fiche technique

 

- Maîtrise d'ouvrage : Étienne de Boisredon, directeur de l'immobilier à l'Université.
- Assistance maîtrise d'ouvrage artistique : commission diocésaine de Lille, projet original proposé par Anne da Rocha Carneiro et Gil Dara en août 2016 à la demande de Pierre Giorgini, président-recteur de l'Université catholique, et le Père Luc Dubrulle, président-recteur délégué aux humanités.
- Assistance maîtrise d'ouvrage technique : bureau d'études Moduo.
- Architecte : Florian Valéri.
- Durée des travaux : 18 mois pour la dernière tranche du chantier amorcée le 24 décembre 2019, mais les premiers travaux ont démarré en 2013.
- Coût : 3,6 millions d'euros pour la dernière tranche.
- Financement : 90% du budget des travaux ont été couverts par les dons de mécènes.
- Ouverture au public : dès que la situation sanitaire le permettra.

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