TRANSITION. Rasséréné par la baisse de la consommation nationale d'énergie observée cet hiver, l'exécutif veut poursuivre sur cette lancée avec un acte 2 de son plan de sobriété énergétique à destination des entreprises. D'autres mesures sont évoquées, comme le télétravail ou la baisse de la vitesse sur autoroute.

Alors que la France a diminué sa consommation d'énergie cet hiver, le Gouvernement veut poursuivre sur cette lancée. Certes, les températures clémentes, la prise de conscience autour du changement climatique et l'explosion des prix ont largement contribué à baisser l'utilisation de l'électricité et du gaz.

 

 

Si les pouvoirs publics se félicitent que particuliers, collectivités et professionnels ont pris le pli de la sobriété énergétique, ils lancent malgré tout "l'acte 2" de leur plan dédié à cette question. L'objectif reste le même : réduire de 40% la consommation énergétique de l'Hexagone à horizon 2050.

 

Réunies autour de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, les représentants de l'Afep (Association française des entreprises privées) ont indiqué avoir sensibilisé leurs salariés aux écogestes à 91%, régulé leur chauffage à 90%, mieux piloté l'éclairage de leurs locaux à 88% et organisé le télétravail à 71%. L'optimisation des déplacements et le recours aux "mobilités douces" (vélo, covoiturage...) s'élèvent à 60%.

 

Nouvelles mesures

 

L'Afep rassemblant les grands groupes, l'exécutif leur a demandé de promouvoir ces mesures de sobriété auprès des TPE-PME (très petites, petites et moyennes entreprises), fournisseurs, clients et partenaires avec lesquels ils travaillent. Partant de ce premier bilan, Agnès Pannier-Runacher a en outre demandé aux entreprises d'instaurer de nouvelles mesures, notamment liées à la gouvernance et au pilotage de la consommation d'énergie.

 

"La sobriété n'est pas un sprint, c'est un marathon. Nous devons l'installer dans la durée", a insisté la ministre. Cela se traduirait d'abord par la fixation d'objectifs chiffrés de baisse de la consommation d'énergie, en les faisant valider par des instances internes type conseil d'administration, et en les publiant sur Internet ou sur des plateformes dédiées.

 

L'hôtel de Roquelaure a également demandé de plancher sur deux autres mesures avec les partenaires sociaux : l'intégration d'un facteur d'économie d'énergie au télétravail, et la demande aux salariés, sur leur temps de travail et dans le cadre de leurs déplacements professionnels, de rouler à 110 km/h sur autoroute. "Cela représente 3 minutes sur un trajet de 50 km, mais 20% d'émissions de CO2 (dioxyde de carbone) et de consommation de carburant en moins", avance le ministère.

 

Dans la même veine, l'idée serait de diminuer les consommations de carburant en mettant en avant le covoiturage et les moyens de transport plus "propres" tout en accélérant la transition des flottes professionnelles. Alors que l'été approche, une piqûre de rappel a aussi été faite sur l'utilisation de la ventilation et de la climatisation, cette dernière ne devant pas être allumée en-dessous de 26°C.

 

Bilan positif du télétravail

 

Une mise au point qui intervient au moment où les premiers résultats d'une expérimentation de cinq mois (entre novembre 2022 et mars 2023) sur les effets du télétravail viennent d'être publiés. Pilotée par l'Ademe (Agence de la transition écologique) et l'Ifpeb (Institut français pour la performance du bâtiment), cette étude doit calculer les gains d'énergie dans les transports, une dizaine de sites professionnels et les domiciles d'une centaine de salariés lors du recours au télétravail.

 

"Les premiers résultats montrent (..) que le bilan énergétique du télétravail est positif dans la plupart des cas, et très positif dans tous les cas lorsqu'il est organisé, et en particulier lorsqu'il s'accompagne de la fermeture d'un site sur plus de 48 heures", indique le ministère. Bien que l'expérimentation se poursuit, il semble donc que le plan de sobriété ait déjà permis une économie d'énergie moyenne de 20%, tous usages confondus, dans les bureaux. Le gain a même été de 38% sur le chauffage aux mois de novembre et décembre 2022 en comparaison à la même période en 2021.

 

 

Dans les logements des salariés télétravailleurs, "l'effet rebond" lié à une hausse des consommations d'énergie a été de 1,4 kilowatt-heure par jour, un chiffre "très limité, particulièrement au regard des gains réalisés sur les déplacements et les bureaux", poursuit l'hôtel de Roquelaure.

 

Pour le directeur général de l'Ifpeb, Christophe Rodriguez, "cette étude nous montre que la sobriété énergétique implique une meilleure prise en compte de l'usage". C'est pourquoi il faut, selon lui, "densifier les espaces tertiaires et les mettre en sommeil dès que possible, raisonner en bilan global bureau-transports-domicile. Repositionner l'usage et la mesure de la performance réelle sont manifestement des leviers-clés pour diminuer de façon drastique les consommations d'énergie". À terme, l'objectif est d'organiser au mieux la pratique du télétravail afin qu'il engendre davantage d'économies d'énergie.

actionclactionfp