TRANSITION ENERGETIQUE. Ce jeudi 18 avril 2019, le conseil municipal de New York a ratifié un texte contraignant les bâtiments de l'agglomération à réduire de 40% leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Ce "Climate Mobilization Act" pourrait engendrer une facture de 4 milliards de dollars pour les propriétaires new-yorkais.

La Grosse Pomme ne veut pas pourrir de l'intérieur. C'est ce que l'on pourrait retenir de la décision du conseil municipal de New York de ce jeudi 18 avril 2019 : les élus de la plus grande ville des Etats-Unis d'Amérique ont ratifié un texte contraignant les gratte-ciel et autres bâtiments imposants à réduire de 40% leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2030. Cette loi municipale apparaît comme pionnière dans la lutte contre le réchauffement climatique outre-Atlantique, dans un pays où l'administration Trump affiche son scepticisme quant aux bouleversements environnementaux.

 

 

Les bâtiments résidentiels et commerciaux de plus de 2.300 m² concernés par le texte

 

D'après l'Agence France Presse, le texte voté jeudi par le conseil municipal, intitulé "Climate Mobilization Act", ambitionne donc de forcer les bâtiments les plus polluants à réaliser les travaux nécessaires pour faire baisser leur impact sur l'environnement. Le reste du parc immobilier new-yorkais bénéficie d'un délai plus large, à l'horizon de 2030, pour effectuer les chantiers de transition énergétique qui s'imposent. En cas de non-respect de la législation, les contrevenants s'exposeront à de lourdes amendes. Dans son communiqué, le conseil municipal a indiqué que les milliers de bâtiments résidentiels et commerciaux de plus de 2.300 m² concernés par le texte représentaient environ un tiers des émissions totales de GES de l'agglomération. Parmi eux, on citera les légendaires Empire State Building, Chrysler Building mais également la Trump Tower, la tour abritant la Trump Organization, société appartenant au 45e président des Etats-Unis.

 


 

Dans un tweet, le porte-parole (démocrate) du conseil municipal de New-York, Corey Johnson, s'est félicité que la Big Apple ait voté "la législation de réduction des gaz à effet de serre la plus agressive jamais adoptée par une grande ville américaine". Et d'ajouter : "Nous sommes au bord d'un désastre climatique et New York agit. J'espère que d'autres villes suivront".

 

Le secteur immobilier vent debout contre la loi municipale

 

Comme on pouvait aisément s'en douter, le secteur immobilier a farouchement combattu le Climate Mobilization Act. Selon certaines estimations, le texte pourrait représenter un coût d'environ 4 milliards de dollars (3,55 milliards d'euros) pour les propriétaires new-yorkais. Cité par l'AFP, Ed Ermler, le président du syndic d'un immeuble résidentiel de plus de 400 appartements dans le quartier du Queens, a affirmé que l'objectif n'était pas atteignable "dans l'état actuel des technologies". Les autorités locales ne se sont pourtant pas laissées démonter par cette opposition, et le maire démocrate Bill de Blasio s'est engagé à entériner le texte, éventuellement le lundi 22 avril 2019, en l'honneur de la Journée de la Terre.

 

 

Il faut dire que la ville la plus peuplée des Etats-Unis d'Amérique prend très au sérieux les considérations environnementales et climatiques depuis qu'elle a été frappée par l'ouragan Sandy, qui avait paralysé l'agglomération en octobre 2012 et a fait office d'électrochoc. La municipalité avait alors ordonné l'évacuation de 375.000 personnes dans les zones inondables de la métropole ; les crues ont effectivement fait monter le niveau de l'eau de plus de 4 mètres. Le bilan matériel et économique se chiffra à plus de 50 milliards de dollars pour la première économie mondiale. Dans la foulée de l'ouragan, les élus locaux avaient affirmé que la ville devait faire fondre ses émissions de GES de 80% d'ici 2050. La ratification du Climate Mobilization Act intervient a fortiori dans un contexte où New York, bastion démocrate, s'oppose ouvertement à la politique de l'administration Trump, républicaine et considérée comme climato-sceptique. Et, plus largement, la réduction des émissions de GES du secteur du bâtiment constitue l'une des mesures-phares prônées au niveau national par le "Green New Deal", un projet législatif porté par la parlementaire démocrate Alexandria Ocasio-Cortez.

 


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