SÉCURITÉ. Ce 9 septembre 2019, EDF a informé l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de l'existence d'anomalies sur certains composants de réacteurs nucléaires. L'énergéticien a lui-même été averti par le constructeur Framatome, et les deux entreprises mènent actuellement des "analyses approfondies" sur le sujet. Une annonce qui intervient peu après la mise en service du deuxième EPR à Taishan, en Chine.

Encore une mauvaise nouvelle pour l'activité atomique d'EDF. Ce 9 septembre 2019, l'énergéticien a informé l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de l'existence d'anomalies sur certains composants de réacteurs nucléaires. Lui-même averti par le constructeur Framatome, spécialisé dans les chaudières et autres équipements des sites atomiques, EDF précise dans un communiqué qu'il s'agit "d'un écart au référentiel technique de fabrication" de certaines pièces. "Cet écart, lié aux performances du procédé mis en oeuvre à la fabrication, porte sur le non-respect de plages de températures sur certaines zones, lors d'opérations manufacturières dites de traitement thermique de détensionnement, réalisées sur certaines soudures de générateurs de vapeur", détaille le groupe.

 

 

Des anomalies qui concerneraient aussi bien des composants déjà en service que des matériels neufs pas encore installés ou opérationnels. L'énergéticien se veut malgré tout rassurant, expliquant plancher sur le sujet : "Depuis qu'elle a été informée de cet écart, EDF mène avec Framatome des analyses approfondies pour recenser les matériels et les réacteurs concernés et en confirmer l'aptitude au service". Et d'ajouter qu'elle "donnera des informations complémentaires au fur et à mesure des caractérisations en cours", sachant que ces précisions seront publiées le moment venu sur le site du groupe. Pour l'heure, l'ASN ne s'est pas exprimée dans ce dossier.

 

L'EPR de Flamanville cale, ceux de Taishan passent la seconde

 

Toujours est-il que cette nouvelle information tombe encore mal pour l'activité atomique d'EDF, qui a déjà subi plusieurs revers dans l'épineux dossier de l'EPR de Flamanville, dans la Manche. Le dernier rebondissement en date à ce sujet n'est autre que le verdict de l'ASN formulé au mois d'avril 2019 sur la non-conformité de certaines soudures de ce réacteur à eau pressurisée de troisième génération. En juin, l'Autorité avait intimé à EDF de procéder à la réparation des huit soudures de traversée remises en causes, ce à quoi l'énergéticien a répondu, lors de la présentation de ses résultats semestriels en juillet dernier, que "la mise en service [de l'EPR de Flamanville] ne peut être envisagée avant fin 2022". Pour rappel, ce chantier accuse un retard de 10 ans sur son calendrier initial, étant donné que sa mise en route était initialement programmée pour 2012. Le coût des travaux n'a cessé lui aussi de s'envoler, la facture finale frôlant les 10,9 milliards d'euros.

 

 

Par ailleurs, ce nouveau constat d'anomalies intervient quelques jours après le lancement opérationnel du deuxième EPR de la centrale de Taishan, dans la province chinoise du Guangdong, à l'ouest de Hong-Kong. Le 7 septembre 2019, Taishan 2 est effectivement entré en exploitation commerciale, atteignant les 100% de puissance nominale, soit 9 mois après la mise en service du premier EPR du site, Taishan 1. Les deux réacteurs en question, développant chacun 1.750 MW (soit 3,5 GW au total), sont en fait les deux premiers EPR à entrer en fonctionnement dans le monde. Ils doivent fournir l'approvisionnement nécessaire à la consommation électrique annuelle de 5 millions de Chinois, ce qui représente environ 24 TWh, et éviter l'émission de 21 millions de tonnes de CO2 chaque année.

 

Le projet de Taishan est porté par la société TNPJVC, une co-entreprise fondée par l'énergéticien chinois CGN (51% des parts), EDF (30%) et l'entreprise provinciale Guangdong Energy Group (19%). La technologie EPR a été fournie par le groupe français et sa filiale Framatome, avec l'intervention de quelque 200 ingénieurs tout au long des 35 années de coopération industrielle entre EDF et CGN. Le chantier de Taishan, étalé sur 400 hectares, aura mobilisé plus de 15.000 ouvriers, et une quarantaine d'entreprises tricolores ont contribué à la construction des réacteurs. Environ 800 personnes seront dorénavant nécessaires pour la bonne exploitation des deux EPR, tandis qu'EDF table sur un chiffre d'affaires, pour la filiale française, estimé à 2,4 milliards d'euros.

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